Dans le cadre de la tenue des Assises de l’Éducation organisées le 26 et 27 mai à Rodrigues, la Rodrigues Government Employees Association (RGEA) a soumis ses propositions sur plusieurs thématiques, notamment la nécessité de revoir le curriculum imposé à Rodrigues, l’adoption de nouvelles approches pédagogiques, comment s’attaquer à l’indiscipline, le bullying, la violence et l’abus de substances illicites à l’école, revoir la promotion automatique aux classes supérieures, consolider la relation entre l’école et les parents, promouvoir les activités extrascolaires et la formation; renforcer des capacités à l’intention du personnel pour une meilleure façon d’enseigner et d’apprendre.
L’objectif des propositions consiste à améliorer la qualité de l’enseignement, encourager l’innovation pédagogique et relever la participation communautaire. Pour leur part, les autorités sont d’avis qu’il faut inclure la technologie dans l’apprentissage des jeunes. Ces assises concernent le secteur préprimaire, primaire et les écoles spécialisées, le secondaire et la formation technique et préprofessionnelle. Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, a annoncé une enveloppe à hauteur de Rs 2 millions pour la formation des Rodriguais.
Pour la RGEA, après plus de 22 ans d’autonomie, il est temps de réévaluer et de renforcer le rôle de l’Assemblée régionale dans l’élaboration des politiques éducatives propres à Rodrigues. Soulignant que l’ile possède ses propres réalités socioculturelles et géographiques uniques qui doivent être reconnues et intégrées dans la planification nationale de l’éducation, afin d’assurer sa pertinence, son inclusivité et son efficacité. « Nous souhaitons que ces Assises de l’Éducation aboutissent à l’élaboration d’un cadre juridique et constitutionnel approprié, conférant à l’Assemblée régionale le pouvoir de formuler et de mettre en œuvre une politique éducative adaptée au contexte unique de Rodrigues. Ce qui permettrait éventuellement de mettre en exergue les principes de l’autonomie, mais également d’assurer un système éducatif véritablement en phase avec les besoins et les aspirations de la population rodriguaise », affirme Alain Tolbize, le président de la RGEA.
Rodrigues, bien qu’autonome, partage le même système éducatif mis en place à Maurice. Et l’île n’a pas la gestion de ce secteur, qui demeure sous la responsabilité du ministère de l’Éducation.
L’instance syndicale a aussi mis en lumière la situation telle qu’elle est dans l’ile, ainsi que les défis auxquels fait face ce secteur. Si elle concède qu’il y a eu des initiatives louables entreprises par les gouvernements régionaux successifs depuis 2002, telles que l’éducation préprimaire gratuite, la construction d’écoles primaires communautaires, le Free Book Loan Scheme, l’allocation de bourses d’étude, ainsi que le projet de repas chauds, elle estime toutefois que le secteur fait toujours face à des défis structurels persistants.
À cet effet, elle cite en exemple le fait que toutes les politiques de l’éducation sont imposées depuis Maurice. Du coup, la plupart du temps, ces politiques ne reflètent pas les réalités culturelles, géographiques et économiques de Rodrigues. Un système qui manque de flexibilité pour adresser efficacement les besoins locaux. Elle fait également ressortir que le curriculum proposé ne prend pas suffisamment en compte le contexte local, ni ne prépare les étudiants pour faire face à l’économie locale – qui est principalement basée sur l’agriculture, la pêche et l’écotourisme, contrairement à l’économie mauricienne qui, elle, est fondée sur l’industrie. Elle estime aussi, entre autres, qu’il y a une trop grande dépendance sur le MIE en ce qu’il s’agit des formations professionnelles, sans qu’il y ait des institutions locales pour la formation continue. Et cette liste n’est pas exhaustive.
Afin de remédier à toutes ces lacunes, la RGEA fait plusieurs propositions, notamment que l’Assemblée régionale soit dotée d’un pouvoir accru de décisions politiques adaptées aux réalités socioculturelles, linguistiques et économiques de l’ile, ainsi que la mise en place des mesures qui respectent et intègrent l’identité et les valeurs communautaires des Rodriguais, entre autres. Car il est clair que Rodrigues mérite un modèle éducatif qui réponde à ses besoins spécifiques.