Air Mauritius : Le président Beegoo accusé de faire pression sur les syndicats

Air Mauritius traverse une nouvelle zone de turbulence, cette fois sur le plan social. Au cœur des tensions : l’attitude du président du conseil d’administration, Kishore Beegoo, accusé d’ingérence dans les affaires syndicales, en pleine période préélectorale pour certaines instances représentatives.

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Trois mois après avoir demandé un délai de deux mois pour « s’occuper des doléances des travailleurs », aucune avancée concrète n’a été enregistrée, selon plusieurs sources syndicales. Les conflits, notamment avec divers unions dont l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), demeurent pendants devant la Conciliation and Mediation Commission (CCM), présidée par Madame Prayag Poonith.

En vol, Beegoo vise nommément Yogita Baboo
Alors que plusieurs dossiers restent en suspens, la tension s’est accrue avec la dénonciation récente de salaires non versés, et ce que les syndicats considèrent comme une série de manœuvres visant à affaiblir les instances syndicales, à contourner les accords collectifs et à imposer une restructuration sans dialogue social.

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Depuis plusieurs semaines, les représentants des travailleurs dénoncent l’inertie de la direction ainsi que des interférences répétées dans les affaires internes des syndicats. L’indignation syndicale a pris une tournure plus grave après des propos tenus par Kishore Beegoo lors d’un vol vers Mumbai, en présence du personnel navigant. Le président aurait exprimé sa volonté de ne plus négocier avec l’l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) tant que Yogita Baboo resterait dans l’entourage de ses dirigeants, voire même si c’était la même équipe syndicale qui reprenait les rennes. Des propos qui suscitent l’indignation chez les syndicalistes. « Li pa ena droit influencé bann membres. Ena enn AGM a la fin juin. Se bann travayer ki bizin décide zot représentation, pa management », martèle un membre de l’AMCCA. Il aurait aussi déclaré, comme au micro d’une radio récemment, ne pas souhaiter sa réintégration, insinuant qu’« il doit bien y avoir une raison pour laquelle elle avait été virée ». Dans les rangs de la direction, certaines voix anonymes vont jusqu’à qualifier la présidente de l’AMCCA de  « pikant ki’nn fini tiré dan lipied MK », et estiment que la compagnie n’a aucune raison de “reprendre” ou la reconnaître dans les négociations. Une déclaration que les syndicats considèrent comme une forme de représailles déguisées. Cette déclaration, en pleine cabine, est perçue comme une tentative de chantage pour pousser à l’éviction d’une militante syndicale, déjà fragilisée par sa mise à l’écart brutale lors de l’administration volontaire.

De la marche à l’oubli : où sont les soutiens du GM ?
Pour les membres de l’AMCCA et autres syndicats du secteur, ces comportements constituent une atteinte claire à la liberté syndicale, en contradiction avec les principes de gouvernance que la compagnie dit vouloir promouvoir depuis sa reprise post-redressement judiciaire. Ils rappellent que le management n’a pas le droit de choisir avec quel syndicat il souhaite négocier. Selon la loi, seuls les travailleurs décident de leur représentation, et c’est au CEO – ou son délégué officiel – de traiter avec le syndicat dûment constitué, sans chercher à influencer la composition de ses représentants.

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Rappelons que Yogita Baboo avait conduit, en avril 2023, une marche courageuse dans les rues de Port-Louis, aux côtés de son syndicat, et d’autres sympathisants pour dénoncer les brimades subies au sein de la compagnie. Cette mobilisation avait été saluée par plusieurs ministres de l’actuel gouvernement, qui s’étaient joints à son appel au respect des droits syndicaux et à la justice pour les travailleurs. Deux ans plus tard, ces soutiens se sont volatilisés. Yogita Baboo est toujours sans emploi, mère célibataire avec un enfant à charge, et fait aujourd’hui l’objet de pressions visant à l’exclure du syndicat. Ce chantage d’un autre temps, est en train de devenir la règle sous l’administration Beegoo.

Un climat délétère pour le dialogue social
Face à cette situation, les syndicalistes sortent de leur réserve et condamnent frontalement l’attitude du président du board. Ils appellent à un retour immédiat au respect des accords collectifs, et à la fin des pratiques d’intimidation et d’isolement ciblé contre des syndicalistes reconnus, rappelant que l’AMCCA est légalement constituée, élue et reconnue.
Le blocage des négociations, l’impasse au CCM, les ingérences sur les choix syndicaux et leurs dirigeants, et l’utilisation de pressions personnelles jettent une ombre sur la crédibilité du management d’Air Mauritius, alors même que la compagnie tente de se redresser après des années de turbulence.

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Intégration du personnel d’Airmate : L’’AMSA dénonce une tentative de contournement des droits syndicaux

L’Air Mauritius Staff Association (AMSA) monte au créneau pour dénoncer une tentative du management d’Air Mauritius de conclure un accord avec la société Airmate concernant l’intégration de son personnel au sein de la compagnie aérienne nationale. Selon les informations circulant dans les milieux syndicaux, une réunion aurait eu lieu récemment entre les représentants de la direction d’Air Mauritius et ceux d’Airmate en vue de faire avancer ce projet d’intégration.

L’AMSA, par la voix de son négociateur Radhakrishna Sadien — président de la State Employees and Other Federation (SEOF), fédération à laquelle l’AMSA est désormais affiliée — déplore vivement cette initiative menée sans concertation avec le syndicat.
Radhakrishna Sadien rappelle que l’accord signé entre Air Mauritius et l’AMSA accorde exclusivement à cette dernière les bargaining rights, c’est-à-dire le droit de représenter et de négocier au nom du personnel concerné dans toutes les discussions relatives à leur emploi. Il estime que cette démarche unilatérale du management constitue une violation de cet accord et remet en question la reconnaissance officielle dont bénéficie l’AMSA.
« AMSA is not against integration of Airmate employees in MK but it shouldn’t be done behind their back nor to their detriment. All issues affecting staff where AMSA has recognition should be discussed with the union before any agreement is reached with a third party », affirme Radhakrishna Sadien.

L’AMSA insiste ainsi pour que tout projet d’intégration du personnel d’Airmate soit mené dans le respect des procédures établies et en toute transparence, dans l’intérêt des employés concernés et dans le respect des engagements syndicaux déjà en place.

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