Suite à l’annonce selon laquelle l’âge de retraite sera étendu à 65 ans, les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. D’ailleurs c’est le talk of the town partout où l’on va. Bien qu’impopulaire, beaucoup avancent que cette mesure était nécessaire, notamment dans la conjoncture économique. Oui, mais face aux chiffres qui montent et qui descendent, il existe une réalité humaine : nous ne vieillissons pas tous de la même manière. Nous avons contacté Vijay Naraidoo, président de la Commission pour les droits des personnes âgées, de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Dis-Moi, pour une réaction à chaud. Parlant à titre personnel, n’ayant pas encore rencontré les membres de l’organisation, il connaît bien le dossier.
Vijay Naraidoo nous confie, d’emblée, que « c’est une décision certes impopulaire, mais importante dans la conjoncture économique, même si j’ai une pensée spéciale pour les employés des secteurs informels. » Il souligne que la pension est un droit sacré et que même s’il comprend le contexte dans lequel cette décision a été prise, l’annonce de cette mesure aurait pu se faire autrement. « Il faut donner du temps aux personnes approchant l’âge de la retraite de se préparer psychologiquement, car cela a un impact et sur la personne concernée et sur sa famille. Ce n’est un secret pour personne que de nombreuses familles dépendent de la pension de vieillesse de leurs parents ou de leurs grands-parents », dit-il.
Selon Vijay Naraidoo, cette mesure devrait aussi être optionnelle, laissant le choix aux travailleurs de décider s’ils veulent et peuvent aller jusqu’à 65 ans, car beaucoup le font déjà même après avoir pris leur retraite à 60 ans. D’autant que l’espérance de vie des Mauriciens a augmenté ces dernières années, atteignant la barre des 75 ans pour beaucoup. De plus, il explique qu’un exercice de ciblage aurait été plus approprié dépendant, notamment de la nature et de la pénibilité du métier de la personne. « Une personne qui fait des travaux manuels n’aura forcément pas les mêmes capacités physiques arrivée à l’âge de 65 ans qu’une personne qui a un emploi qui ne lui demande pas de travailler de longues heures debout au soleil, par exemple. Et nous ne pouvons rester insensibles à cela. »
Vijay Naraidoo pense aussi que la période de transition devrait être étendue pour ceux approchant l’âge de la retraite prescrite, soit 65 ans. « Pourquoi ne pas l’étendre par une année durant chaque mandat de cinq ans ? C’est-à -dire que pour les prochaines cinq années, l’âge de la retraite serait étendu à 61 ans et les prochaines cinq années, à 62 ans. Les personnes auraient ainsi amplement le temps pour se préparer », dit-il. Pour lui, ce sont des choses importantes à prendre en considération car il s’agit, avant tout, d’êtres humains et de dignité humaine.
