Les jeunes : un pari sur la formation et l’innovation
Le Budget 2025-2026 consacre plusieurs mesures ambitieuses à la jeunesse, perçue comme le principal levier du renouveau national. L’État mise sur une transformation du système éducatif et universitaire avec la création d’une National Education Council, d’un curriculum advisory board et d’un renforcement des filières technologiques et scientifiques (programme STEM, IA obligatoire dans les cursus publics). L’accès à l’enseignement supérieur reste gratuit pour les étudiants à plein temps, et des logements universitaires seront construits à Réduit. En parallèle, un soutien actif est prévu pour l’insertion professionnelle à travers des programmes de reskilling et d’upskilling financés à hauteur de Rs 550 millions. L’extension de l’internet gratuit pour les 18-25 ans jusqu’à juin 2026 vient renforcer la volonté d’inclusion numérique.
Les plus démunis : pouvoir d’achat et filet social renforcé
Pour les couches les plus vulnérables, le budget agit sur plusieurs leviers : soutien direct au revenu, protection du pouvoir d’achat et accès aux services essentiels. Les familles enregistrées au Social Register of Mauritius (SRM) continueront à percevoir une allocation mensuelle directe de Rs 2 000, tout en bénéficiant de connexion Internet gratuite à domicile. Le gouvernement lance aussi un Price Stabilisation Fund de Rs 10 milliards pour atténuer la volatilité des prix sur les produits de base. En matière de santé, les programmes de dépistage et de soins ciblés (diabète, maladies cardiovasculaires, cancer) visent spécifiquement les populations les plus à risque. Enfin, les frais d’examens (SC et HSC) restent pris en charge pour les enfants issus de foyers pauvres, même en cas de redoublement.
Tableau récapitulatif
Catégorie | Mesures annoncées |
Jeunes | – Internet gratuit pour les 18–25 ans jusqu’en juin 2026 – Gratuité maintenue pour l’enseignement supérieur à plein temps – Logement universitaire à Réduit – Programmes de formation financés à Rs 550 M – Cursus IA et STEM renforcés – Campagnes contre le cyberharcèlement et la drogue dans les écoles |
Plus démunis | – Allocation mensuelle de Rs 2 000 via le SRM – Internet gratuit pour les ménages pauvres – Fonds de stabilisation des prix (Rs 10 milliards) – Suppression de la TVA sur certains produits alimentaires – Programmes de santé préventifs gratuits (diabète, cancer, etc.) – Frais d’examens SC/HSC maintenus pour les enfants des familles SRM |
MESURES NÉGATIVES ET RESTRICTIVES
Pour les jeunes
Signes de recul sous couvert de rationalisation
- Fin de la gratuité pour les études à temps partiel. Dès septembre 2025, les cours à temps partiel à l’Université de Maurice ne seront plus gratuits. Cette mesure, justifiée par le fait que ces étudiants sont souvent salariés, risque cependant de pénaliser les jeunes adultes en reconversion, ceux qui n’ont pas pu suivre des études supérieures à plein temps ou qui tentent de cumuler emploi et formation.
- Réduction des subventions pour les examens en cas d’échec. À partir de 2026, seuls les élèves tentant pour la première fois le SC ou le HSC bénéficieront de la gratuité des examens. Les « repeaters » ne seront subventionnés que s’ils sont issus de familles SRM ou si leurs parents reçoivent une aide sociale. Cela pourrait accentuer les inégalités dans l’accès aux diplômes pour les jeunes en difficulté scolaire.
- Âge d’éligibilité à la pension relevé (impact indirect à long terme). Les jeunes d’aujourd’hui sont directement concernés par la réforme du système de pension. Ils devront attendre 65 ans pour toucher la pension de vieillesse, au lieu de 60 actuellement, ce qui allonge d’autant l’attente pour une retraite stable.
Pour les plus démunis
Resserrement des filets sociaux et fin de certains acquis
- Restriction progressive de la pension universelle.À partir de septembre 2026, la pension de vieillesse ne sera plus versée à 60 ans, mais progressivement à 65 ans selon l’année de naissance. Cela retarde l’accès à un revenu fixe pour de nombreux travailleurs pauvres âgés, notamment ceux n’ayant pas de pension complémentaire.
- Fin progressive de certaines subventions indirectes.Certaines aides sociales indirectes vont disparaître, comme :
- Lasubvention sur les billets d’avion vers Rodrigues, réduite d’un tiers en 2026 et supprimée en 2027.
- Lasubvention sur les frais portuaires pour les exportateurs, dont bénéficiaient aussi des coopératives ou petits producteurs, qui sera supprimée.
- Lagratuité des cours à temps partiel, qui pouvait bénéficier à des travailleurs issus de milieux modestes cherchant à progresser.
- Révision du Proxy Means Test (PMT).Le test qui détermine l’éligibilité au registre social (SRM) sera mis à jour pour la première fois depuis 2013. Si cette révision n’est pas accompagnée de critères plus souples, certaines familles pourraient perdre leur statut SRM, et donc les aides comme l’internet gratuit, l’allocation de Rs 2 000, ou la prise en charge des examens.
Résumé –
Mesures défavorables aux jeunes et plus démunis
Catégorie | Mesures restrictives / négatives |
Jeunes | – Fin de la gratuité pour les études à temps partiel (sept. 2025) – Subvention d’examen supprimée pour les « repeaters » non-SRM – Allongement de l’âge d’accès à la pension (65 ans) |
Plus démunis | – Pension de vieillesse accessible plus tardivement (65 ans) – Révision du PMT : risque d’exclusion de certains foyers du SRM – Fin des aides indirectes (billets Rodrigues, subventions portuaires) |