— Alors, ce voyage en Australie ?
— C’était mari wonderful, toi, malgré le froid, parce que là-bas c’est le début de l’hiver.
— Ici même il fait mari froid : l’autre matin il faisait 12 degrés toi.
— Tu me fais rire ! Tu sais combien il faisait le matin là-bas ? 0 degré !
— Tu n’as pas été congelée ?
— Non, parce que là-bas les maisons sont chauffées et quand tu sors tu te couvres bien. En tout cas, moi j’ai mari enjoyed mon séjour.
— Je vois que tu continues à causer anglais ! Sans doute le jet-lag ! Alors, il paraît que tu as été faire un séjour chez tes cousins qui ont acheté une ferme en Australie.
— Comment tu sais ça, toi ? On dirait que tu veilles bien mes affaires !
— Mais non. C’est ma cousine de Melbourne à qui tu l’as dit qui a répété ça à sa sœur, qui me l’a dit en passant. Alors, comment c’est ?
— C’est loin, mari loin, je te dis. En tout, il y a plus de trois heures de route depuis la city. C’est en pleine campagne. Comme dit mon oncle, c’est plus loin encore ki lot kote montagn Samarel !
— Mais pourquoi ils ont quitté la ville pour aller à la campagne ?
— Le mari de ma cousine a toujours aimé planter, faire de l’élevage et il est très écolo, tu sais. Ils ont eu l’occasion d’acheter un grand terrain à bon marché, ils ont saisi l’occasion.
— Il est grand comment leur terrain ?
— Ils ont plusieurs arpents, toi.
— C’est mari grand, toi. Et qu’est-ce qu’ils font comme plantation et comme élevage ?
— Un peu de tout d’après ce que j’ai compris. Ils ont un grand potager pour les légumes et ils ont beaucoup d’arbres fruitiers un peu partout dans la cour. Et après ils ont commencé à faire de l’élevage.
— Ils ont beaucoup de jardiniers et de travailleurs sur leur ferme ?
— Mais non, parce qu’en Australie, comme à Maurice d’ailleurs, la main-d’œuvre agricole est rare et surtout très chère. Alors, ils sont obligés de tout faire eux-mêmes, et parfois des amis viennent les aider.
— Mais planter quelques carottes et des salades dans un coin de sa cour, à Maurice, et avoir un grand potager en Australie, ce n’est pas la même chose, non ?
— C’est ce que ma cousine n’arrête pas de dire à son mari quand ils ont des biz-biz entre eux.
— Elle a raison toi. Comme dit mon marchand bazar quand je lui dis qu’il vend ses légumes trop cher : « Il ne suffit pas de planter pour récolter. Bizin aroze, netwaye, touy bann kourpa, met disel. Enn travay sa, pa enn badinaz ! »
— Le mari de ma cousine est en train de vivre ça direct live. Il a été obligé de quitter son travail pour s’occuper seulement de la ferme. C’est un full time job.
— En tout, je trouve qu’ils ont beaucoup de courage de faire ça. Je ne me vois pas du tout en train de quitter mon travail de bureau pour aller travailler dans une plantation. Déjà que je trouve que c’est une corvée que de devoir arroser les fougères de ma terrasse !
— Je te comprends : non seulement c’est fatigant, mais c’est salissant. Parce qu’en plus de planter, le mari de ma cousine fait aussi de l’élevage.
— Qu’est-ce qu’il élève comme ça, des lapins ?
— Non. Là-bas on n’a pas besoin d’élever les lapins : c’est une nuisance naturelle pour les agriculteurs. Il a élevé des canards et des poules, mais maintenant il ne fait plus.
— Pourquoi ? C’est sympa d’avoir des canetons et des poussins qui jouent dans la cour.
— Quand il y a deux trois ça va, mais quand tu as une centaine de canards et autant de poules, c’est autre chose.
— Beaucoup de volaille comme ça, il avait !
— Je t’ai dit que c’est un full time job et que le mari de ma cousine ne prenait pas ça pour un hobby. Il faut nourrir les animaux deux fois par jour, soigner ceux qui sont malades, ramasser les œufs, surveiller les pondeuses qui couvent.
— En plus de l’odeur !
— Ma cousine me dit qu’au bout d’un moment tu t’habitues à l’odeur. Ce qui l’énervait, c’était les cris des canards et des poules. Heureusement, ils ne font plus de volatiles.
— Pourquoi ?
— Quand ils sont partis en vacances, mon cousin n’a trouvé personne pour le remplacer. Il a vendu.
— Il a arrêté de faire de l’élevage alors ?
— Il se concentre sur le potager et le verger, surtout depuis l’épisode des moutons.
— Des moutons ?
— Il a eu trois moutons en cadeau. Un cadeau empoisonné, selon sa femme.
— C’est pas plus facile d’élever quelques moutons que des centaines de canards qui font cancan toute la journée ?
— C’est ce qu’ils croyaient au commencement.
— Qu’est-ce qui s’est passé comme ça ?
— Les moutons ont ratiboisé toute l’herbe qu’il y avait dans leur grande cour en quelques jours. Et puis ils sont allés vers le potager et ont attaqué toutes les plantes de la cour, même dans le verger.
— Ne me dis pas !
— Du coup ils ont dû construire un enclos pour les mettre dedans.
— Ta cousine a dû être soulagée de protéger son potager et son verger.
— Elle n’en peut plus de les entendre faire bèèèè-bèèè, et elle à menacé de quitter la ferme si son mari gardait les moutons.
— Il va le faire ?
— Il va être obligé toi. Il a arrêté de faire éleveur : il va juste rester agriculteur.
J.-C.A.
La ferme
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