- Ces membres d’équipage ont été « chassés » de leurs bateaux après avoir demandé une augmentation
Une quinzaine de pêcheurs malgaches, engagés sur deux bateaux semi-industriels d’un opérateur mauricien, sont actuellement dans l’incertitude. Ils ne savent ce qui leur est réservé après avoir été priés de quitter les bateaux sur lesquels ils pêchaient. Selon l’un d’eux, un conflit portant sur les salaires avec leur employeur a conduit à cette situation.
Certains dorment à la belle étoile. D’autres ont trouvé refuge à l’Apostolat de la Mer, ou chez des amis. Depuis plus d’une semaine, une quinzaine de pêcheurs malgaches ne travaillent plus. Ils multiplient les efforts pour se faire entendre des autorités. D’après l’un d’entre eux, un conflit serait survenu avec leur employeur, après qu’ils eurent demandé une augmentation de salaire. « Nous sommes payés entre Rs 18 et Rs 20 par kg de poisson pêché. Ce qui est en dessous des tarifs recommandés. Nous avons demandé que notre salaire soit revu à la hausse. Mais un soir, à 23h45, notre employeur est arrivé et nous a chassés du bateau », explique-t-il.
Ce dernier ajoute qu’ils ont été menacés de déportation et de remplacement par d’autres équipes, pour « refus de travailler ». Ce que contestent les pêcheurs : « Nous avons simplement demandé de meilleures conditions. Certains sont là depuis plus d’un an, voire deux ans et ils n’ont jamais eu d’augmentation. »
Le drame, poursuit-il, c’est qu’habituellement, l’équipage restait sur le bateau, en attendant le départ pour une nouvelle campagne. « Mais on nous a demandé de partir. Certains sont partis à l’Apostolat de la Mer, d’autres chez des amis et d’autres encore, dorment dehors. » Selon lui, le ministère de la Pêche ainsi que le Syndicat des pêcheurs ont été alertés quant à cette situation.
Sollicité à ce sujet, Judex Rampaul, membre du Syndicat des pêcheurs, confirme qu’il y a effectivement deux équipages malgaches actuellement en difficultés à Maurice. Il ajoute : « j’avais déjà attiré l’attention du ministère de la Pêche sur la situation des pêcheurs étrangers engagés dans le secteur de la pêche semi-industrielle. J’ai adressé une lettre au ministère le 26 mai dernier, demandant une réunion. Malheureusement, je constate qu’il y a un silence à ce sujet. »
Judex Rampaul précise qu’il y a actuellement beaucoup de pêcheurs malgaches engagés dans ce secteur et qu’il serait temps que l’on s’intéresse à leurs conditions. « Auparavant, il n’y avait que les pêcheurs mauriciens engagés dans la pêche sur les bancs. Puis, en raison du manque de main-d’œuvre, il y a eu des règlements pour que les équipages soient constitués de 50% de Mauriciens et 50% d’étrangers. Mais à ce jour, il y a beaucoup d’équipages qui sont constitués à 100% d’étrangers. »
Judex Rampaul met l’accent sur la nature difficile du métier, surtout lorsqu’il s’agit de campagnes d’au moins 15 jours. « Avec les conditions climatiques actuelles, cela devient de plus en plus difficile. Rien que pour ce mois-ci, il y a le mauvais temps depuis 15 jours, avec des vagues de six à sept mètres annoncées. Quand les pêcheurs doivent évoluer dans des conditions aussi difficiles, ils doivent être bien rémunérés », affirme-t-il.
D’après le Remuneration Order, The Banks Fishermen and Frigo Workers 2024, un pêcheur faisant partie d’un groupe de trois et pêchant jusqu’à 125 kg par jour, doit percevoir un salaire de Rs 32,82 par kilo de poisson. Ceux qui dépassent la barre des 125 kg, ont droit à un tarif de Rs 43,41 par kilo. Les Frigo Workers, eux, sont payés à Rs 807,39 par jour.