Enquêtes policières – Cold Cases : Des experts de Scotland Yard mis à contribution

Trois cas prioritaires ; soit le meurtre du chef agent du MSM au No 8, Kaya Kistnen, ceux de Vanessa Lagesse et de Michaela Harte

- Publicité -

Deux officiers de Scotland Yard ont rencontré les responsables du Central Criminal Investigation Department (CCID) ainsi que Daniel Monvoisin, enquêteur chevronné collaborant avec la police mauricienne. Ils ont profité de l’occasion pour rendre une visite au commissaire de police, Ravine Sooroojebally hier. Cette réunion stratégique visait à passer en revue quelques affaires criminelles non-résolues, qui continuent de susciter interrogations, en particulier au sein de l’opinion publique.

Des recoupements d’informations indiquent que ces experts britanniques sont en mission à Maurice pour quelques jours afin d’apporter leur expérience et une mise en perspective autre sur certains cas complexes. Il a toutefois été précisé que leur rôle n’est pas de résoudre les dossiers eux-mêmes, cette responsabilité demeurant celle de la Mauritius Police Force. Leur contribution consistera surtout à proposer de nouvelles pistes d’investigation ou des méthodes d’analyse modernes.

- Publicité -

Le Central CID concède que les experts du Scotland Yard ne pourront pas examiner tous les dossiers en suspens, faute de temps. Trois affaires prioritaires ont donc été retenues : l’assassinat de Soopramanien « Kaya » Kistnen, le meurtre de la styliste Vanessa Lagesse, et celui de l’Irlandaise Michaela Harte. Le cas de Nadine Dantier a également été évoqué, sans confirmation officielle de la part des autorités policières.

Les enquêteurs britanniques comptent rencontrer un maximum de protagonistes liés à ces affaires comme les proches des victimes, anciens enquêteurs, médecins légistes, entre autres. Ils envisagent également de se rendre sur les lieux où les corps ont été découverts afin de mieux cerner les circonstances des crimes. Toutefois, dans certains cas, les scènes ont été modifiées comme la chambre d’hôtel où Michaela Harte avait été tuée.

- Advertisement -

À l’issue de leur mission, les membres du Scotland Yard soumettront un rapport contenant leurs observations et recommandations au Central CID et à la Major Crime Investigation Team (MCIT). Ils devraient aussi partager les dernières avancées technologiques utilisées dans les enquêtes criminelles au Royaume-Uni, dans l’optique d’un transfert de compétences à la police mauricienne.

Assassinat de Kaya Kistnen : vers un tournant dans l’enquête ?

Parmi les affaires étudiées, celle de Soopramanien Kistnen semble la plus susceptible de connaître des avancées concrètes. En effet, elle est la plus récente du lot et plusieurs zones d’ombre subsistent. Les enquêteurs britanniques ont consulté le rapport d’enquête judiciaire dirigé par l’ex-magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath. Une visite sur le terrain à Telfair, où le corps a été retrouvé, est envisagée afin d’en mieux saisir la topographie.

La police partagera également les éléments déjà recueillis comme les identités des personnes interrogées, pistes explorées, hypothèses de travail. Jusqu’à présent, la MCIT privilégiait la thèse d’un règlement de comptes lié à une dette non remboursée. Il reste à voir si le Scotland Yard proposera d’autres pistes, notamment celle d’un éventuel scandale politico-financier, évoqué à plusieurs reprises surtout par les avocats de la famille Kistnen.

Le rapport final de l’enquête conclut que Kistnen a bel et bien été assassiné. Depuis, l’enquête est en cours mais stagne malgré les nombreuses questions toujours sans réponses.

Vanessa Lagesse : le meurtrier court toujours

L’acquittement de l’homme d’affaires Bernard Maigrot, dans l’affaire du meurtre de Vanessa Lagesse a remis ce dossier au centre de l’actualité. La Cour d’Appel a annulé le verdict de culpabilité prononcé par la Cour d’Assises, estimant que les preuves étaient insuffisantes. Le dossier redevient donc un « cold case ».

Pour le Scotland Yard, ce cas est particulièrement complexe, en raison du temps écoulé – plus de 24 ans – et de la masse d’informations à analyser. Les enquêteurs britanniques devront étudier en profondeur le volumineux dossier d’instruction avant de soumettre leurs recommandations aux autorités locales.

Vanessa Lagesse, styliste de renom âgée de 35 ans, a été retrouvée morte dans la baignoire de sa maison à Bain-Bœuf le 10 mars 2001. Sa relation discrète avec Bernard Maigrot avait rapidement orienté les soupçons vers ce dernier. Celui-ci a toujours nié toute implication, affirmant qu’il était avec sa famille au moment des faits. La défense avait également soulevé des irrégularités dans les prélèvements et les analyses ADN.

En 2008, deux experts français, Philippe Bishop et Nicolas Pajani, avaient été sollicités dans le cadre de ce dossier, sans aboutissement concret. Le Scotland Yard pourra-t-il proposer un nouvel éclairage ?

Michaela Harte : un dossier à bout de souffle

Le meurtre de Michaela Harte, survenu en janvier 2011, est l’un des drames les plus médiatisés des deux dernières décennies à Maurice. La jeune femme irlandaise était en lune de miel avec son époux, John McAreavey, lorsqu’elle a été retrouvée étranglée dans sa chambre d’hôtel à Grand-Gaube.

Dans un premier temps, le mari avait été brièvement interrogé par la CID de Piton avant d’être mis hors de cause. L’enquête, reprise ensuite par la MCIT, avait conduit à l’inculpation de deux employés de l’hôtel, Avinash Treebhoowoon et Sandeep Moonea. Tous deux ont été acquittés en juillet 2012, la justice estimant les preuves insuffisantes.

Depuis, l’enquête piétine. En mars 2022, Sandeep Moonea et Dassen Narayen ont été arrêtés pour une affaire liée à une clé magnétique d’accès aux chambres, sans suite judiciaire. L’implication du Scotland Yard pourrait redonner un souffle nouveau à ce dossier.

Un espoir pour les familles de victimes

Avec cette collaboration exceptionnelle entre les autorités mauriciennes et le Scotland Yard, les familles des victimes espèrent enfin obtenir des réponses. La vérité finira-t-elle par émerger grâce à cette coopération internationale ? Rien n’est certain, mais l’initiative relance l’espoir d’un dénouement dans des affaires trop longtemps restées dans l’ombre.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques