Des intentions, mais aussi des disparités

Officiellement, on connaît, ou presque, ce que profitera le sport lors des 12 mois à venir après avoir écouté attentivement le discours, mardi à l’Assemblée nationale, du ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum. Comme nous l’avons indiqué, le 8 juin dernier, au lendemain de la présentation du budget 2025/26, une somme additionnelle de Rs 156M ira aux Sports contre Rs 24M à la Jeunesse. Sept académies sportives verront le jour, un circuit rallye est annoncé et… c’est tout !
Ainsi, doit-on comprendre, l’axe central de ce budget repose essentiellement sur l’étude de faisabilité pour la construction d’un circuit de rallye au coût de Rs 6M échelonnées sur deux années financières. Il y a aussi la création des académies avec un budget de départ de Rs 20M. L’idée de consolider l’élite est une nécessité et il faut la saluer. Mais qu’en est-il toutefois des structures censées, dans la réalité, les renforcer ?
L’excellence ne devrait-elle pas reposer sur une base pyramidale susceptible de lui permettre d’être, à la longue, régulière et performante ? Est-ce la Sport Promotion Division annoncée par le ministre Nagalingum qui comblera ce vide ou encore les activités destinées aux jeunes
des écoles ? On attendra de voir de quoi il en retourne lors des mois à venir.
Ce que nous savons, en revanche, c’est que le Mauritius Multisports Infrastructure Limited (MMIL), gestionnaire du complexe sportif de Côte d’Or, profitera d’une hausse globale de Rs 80M. Ce qui comprend Rs 40M pour sa maintenance et sa modernisation, aussi bien que Rs 20M pour son fonctionnement et Rs 20M pour la gestion de sept académies.
Le Mauritius Sports Council (MSC), pourtant critiqué dans le passé par l’opposition, a été, une fois encore, gâté. Son enveloppe pour 2025/26 passe de Rs 115M à Rs 146M, soit une majoration de Rs 31M ! Alors que pourtant, les fédérations, véritable pierre angulaire de ce qui est censée représenter le progrès, continuent à “bat lamok” avec un budget immobilisé à Rs 60M !
Forcément, il y a de quoi se poser des questions en tenant compte que le travail de base menant aux académies passe obligatoirement par la structure fédérale. Sauf si on dispose — bien évidemment au ministère des Sports — d’une alternative beaucoup plus crédible et réaliste. Même s’il faut reconnaître que certaines fédérations sont loin d’être des exemples de bonne gouvernance et à quel point les intérêts se trouvent malheureusement trop souvent ailleurs.
Comment alors, dans les conditions présentes, maintenir un niveau de performance régulier et motiver parallèlement les jeunes pour qu’ils alimentent ensuite les académies ? Forcément, l’équation n’est pas simple à résoudre en ce temps très difficile de “ser sintir” et auquel les fédérations responsables n’y échappent pas !
Ne faut-il pas qu’on oublie que, pour assurer une progression continue, il est impératif de donner aux athlètes l’opportunité de se frotter aux meilleurs à l’étranger. Comment s’accommoder à cette situation quand nous savons tous qu’un déplacement coûte une fortune par rapport à la somme qui est allouée annuellement et qui comprend également l’organisation des compétitions locales ?
Les athlètes devront également se serrer la ceinture, car faire du sport de haut niveau, ne coûte pas deux sous. Et atteindre l’excellence requiert plusieurs facteurs essentiels dont un en particulier et auquel nombreux sont les entraîneurs qui se respectent seront d’accord avec nous ! Le succès d’un athlète de haut niveau repose aussi sur une bonne alimentation, un sujet délicat financièrement et qui, malheureusement, n’est pas accessible à une grosse majorité !
Il y a aussi l’encadrement physique et psychologique de l’enfant, très important pour motiver les jeunes à pratiquer le sport. Deven Nagalingum y a d’ailleurs mis l’accent mardi tout en faisant l’éloge du retour des Jeux inter-collèges. Tant mieux. Mais faut-il que les organisateurs sachent faire preuve de compétence pour que l’organisation soit une réussite et les objectifs atteints.
Ce qui n’a malheureusement pas été le cas en tennis de table et en volley-ball féminin. Les filles du Collège Lorette de Quatre-Bornes et Adventiste en ont fait l’amère expérience d’une disqualification humiliante basée sur du burlesque et, forcément, au détriment de la beauté du sport et de sa promotion !
Au delà de présenter prochainement une nouvelle loi sportive — vivement souhaitée et essentielle pour le bon fonctionnement du sport —, n’est-il pas aussi important, dans le cadre d’un changement durable, que l’île Maurice se trouve enfin des dirigeants compétents et responsables ? Nous le pensons fermement et cela commence par ceux qui sont appelés à travailler avec les jeunes !

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Jean-Michel Chelvan

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