TVA de 15% imposée : Les petits plaisanciers dans la tourmente

Les plaisanciers titulaires d’une licence de bateau de plaisance à usage commercial devront désormais s’acquitter d’une TVA de 15%, et ce, indistinctement de leurs chiffres d’affaires. Cette mesure annoncée dans le récent budget a fait l’effet d’une bombe sur les 2,000 petits plaisanciers du pays, déjà accablés par les nombreux frais liés à leurs activités. À cet effet, la Federation of Pleasure Crafts Operators (FOPCO) a décidé de lancer un appel aux autorités, afin de revoir cette mesure. Des correspondances ont été envoyées durant la semaine au Premier ministre Navin Ramgoolam ainsi qu’au leader de l’Opposition Joe Lesjongard.

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« Il faut bien préciser que notre but n’est pas de nous opposer au gouvernement, mais d’ouvrir le dialogue », explique Danayand (Sunny) Isram, vice-président de la FOPCO. Depuis cette annonce, les petits plaisanciers sont dans la tourmente, craignant que cette TVA imposée n’entraîne une montée de prix des services proposés aux clients mauriciens et étrangers et, éventuellement, la disparition de ce métier. Un métier qui bat actuellement de l’aile, en pleine période hivernale, et avec une baisse notable de réservations touristiques.
« Il y a les gros plaisanciers et il y a les petits plaisanciers et, évidemment, leurs chiffres d’affaires en fin de mois ne sont pas les mêmes. Imposer une TVA de 15% sur les petits plaisanciers ne fera qu’alourdir leurs frais, ce qui aura automatiquement un impact sur tout le secteur. C’est un coup de massue pour nous, petits opérateurs de bateau de plaisance », nous dit Danayand Isram. Parmi les nombreux frais, il nous explique qu’en plus des Rs 13 000 à payer pour le permis d’opération, un petit plaisancier dépense un minimum de Rs 3 500 d’essence par jour. « Il y a aussi les employés de bateau que l’on doit payer. Avec de tels coûts, le secteur ne survivra pas », ajoute-t-il.
Danayand Isram poursuit qu’« avec cette nouvelle mesure, il nous faudra donc faire un TVA Return tous les trois mois. Ce qui veut dire qu’il nous faudra, dans ce cas, employer un comptable pour faire cet exercice, et cela a bien sûr un coût », dit-il. « Les tarifs des excursions en bateau semblent élevés à première vue, mais cela est dû à des coûts d’exploitation extrêmement élevés : carburant, entretien, licences, permis, réparations du bateau, personnel, assurances, nourriture, boissons — tout cela s’additionne quotidiennement. Par conséquent, le bénéfice net est souvent très faible par rapport au revenu brut. En d’autres termes, si certains opérateurs semblent bien se porter au vu de leurs chiffres d’affaires, la vérité est que nous travaillons dur pour des marges très faibles et que nous réinvestissons souvent la majeure partie de ce que nous gagnons pour maintenir nos bateaux en état de marche », indique la FOPCO.
Face à cette situation, les petits plaisanciers ont décidé de se rassembler. « Nous sommes en train de faire des campagnes de sensibilisation auprès des petits plaisanciers pour leur donner toutes les informations nécessaires, car beaucoup ne se sont pas encore rendu compte de ce qui se passe », dit Danayand Isram. « Chaque année, nous déclarons nos revenus à la Mauritius Revenue Authority et nous payons l’impôt sur le revenu, comme l’exige la loi. Nos dépenses sont importantes et bien documentées, et nos marges bénéficiaires sont souvent très faibles par rapport à nos revenus. Il ne s’agit pas d’une demande d’exonération totale, mais d’un appel à un traitement équitable et à la reconnaissance de notre réalité économique. Nous faisons partie d’une économie touristique communautaire dynamique, qui souffrira si nous sommes évincés », insiste l’association.
Par ailleurs, la FOPCO avance que « cette politique creusera également le fossé entre ceux qui essaient d’opérer légalement et ceux qui ne le font pas. Les petits opérateurs agréés appliquant une TVA de 15% seront désormais plus chers que les prestataires non agréés ou illégaux — non seulement les prestataires locaux, mais aussi les influenceurs étrangers proposant des excursions en bateau illégales sans aucune réglementation, contrôle ou contribution fiscaux. Cela crée des conditions de concurrence inéquitables et décourage le respect des règles. Nous avons déjà du mal à convaincre nos clients que nos prix sont équitables. De nombreux touristes nous disent que les excursions sont trop chères. Maintenant, on nous demande d’ajouter 15% de plus — comment sommes-nous censés survivre ? »
Dayanand Isram conclut que « nous le répétons : nous ne sommes pas contre les autorités, mais nous voulons seulement que notre voix soit entendue. » En attendant une rencontre avec les autorités, la FOPCO continue sa campagne de sensibilisation. « L’île Maurice dispose d’un vaste secteur touristique — taxis, boutiques de tourisme, restaurants, guides d’excursions terrestres — et, pourtant, cette obligation sévère en matière de TVA ne vise que nous », se demandent les petits plaisanciers. Qui concluent que « nous ne refusons pas de participer au système. Nous demandons un cadre réaliste et équitable qui tienne compte de notre mode de fonctionnement. »

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