24 paquets de drogue dans le Trolley Bag enregistré au nom d’un enfant de six ans
C’est une affaire qui provoque l’indignation et la stupeur. Huit passagers, qui ont débarqué d’un même vol international en provenance de Londres, ont été arrêtés, dimanche après-midi, au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, Plaisance, avec plus de 161 kilos de cannabis dissimulés dans leurs bagages. Le valeur marchande de la drogue est estimée à Rs 196 millions. Ce coup de filet spectaculaire mené par les officiers de l’Anti Drug and Smuggling Unit et de la Customs Anti Narcotics Section (CANS) lève le voile sur un réseau de trafic de drogue aux contours choquants jusqu’à impliquer un enfant de 6 ans, dont la valise enregistrée en son nom contenait 24 colis de drogue.
Sept suspects sont de nationalité britannique avec un Roumain, voyageant ensemble sur le même vol, ce qui laisse peu de doute sur une coordination méticuleuse. L’opération a permis de saisir 161,91 kg de cannabis, conditionnés dans des colis presque identiques, tous enveloppés dans du film plastique et accompagnés de trackers Apple, probablement pour permettre un suivi précis de la cargaison illicite.
Parmi eux, Patrick Lee Wilsdon, 22 ans, a été retrouvé avec 32 colis de cannabis, deux Trackers, un iPhone et Rs 6,700 en liquide. Il n’est pourtant qu’un simple maçon. Les autres arrestations : Lily Watson, (20 ans), Shannon Ellen Josie Holness (29 ans), Laura Amy Kappen (28 ans), et Shona Campbell (32 ans), toutes Britanniques, transportaient chacune entre 30 et 32 colis de drogue. Certaines avaient de l’argent liquide en leur possession allant jusqu’à £ 900, un détail qui intrigue les enquêteurs de l’ADSU et de la CANS.
Mais c’est l’arrestation de Natashia Arzu Artug (35 ans), qui provoque la plus grande consternation. Cette femme, originaire de Huntingdon au Royaume-Uni, voyageait avec son fils de six ans, comme s’il s’agissait d’un simple séjour familial. Pourtant, dans ses bagages personnels se cachaient 29 colis de cannabis, et pire encore, une valise enregistrée au nom de l’enfant contenait 24 colis supplémentaires de la même drogue.
L’enfant, aussi innocent qu’il soit, a ainsi été utilisé comme couverture humaine dans une opération criminelle d’envergure, une pratique que les autorités n’hésitent pas à qualifier de « scandaleuse et inhumaine ». Dans les rangs de l’ADSU, l’on fait ressortir que « nous avons été sidérés en découvrant que la valise d’un petit garçon servait à transporter de la drogue. C’est l’un des cas les plus révoltants que nous ayons rencontrés ces dernières années. »
Le huitième suspect, Cornel Florian Lisman, un Roumain de 38 ans, a été intercepté avec 32 colis de drogue, un i-Phone et £ 260 livres. Tous ces suspects – vraisemblablement des mules recrutées pour acheminer la drogue jusqu’à Maurice – sont désormais en détention dans différents centres. Sur une base humanitaire, Natashia Artug et son fils de six ans, sont gardés sous haute surveillance au quartier général de l’ADSU. La police ne souhaite pas séparer l’enfant de sa mère pour le moment.
Des démarches ont été initiées auprès du bureau du Directeur des Poursuites Publiques et de la haute commission britannique à Maurice pour trouver une solution pour le petit garçon. Ce sont les autorités, autres que la police, qui vont devoir contacter un proche de Natashia Artug. S’ensuivront des démarches légales pour faire partir le garçon.
Déjà, c’est en toute innocence qu’il a accompagné sa mère au tribunal de Mahébourg, hier, où les passeurs ont été inculpés sous une accusation provisoire d’importation de cannabis. Tous restent en détention préventive.
L’enquête, pilotée par le surintendant Ghoora, avec l’assistance, s’oriente désormais vers les ramifications internationales de ce trafic. D’autant que c’est le deuxième cas similaire après l’arrestation de huit étrangers qui avaient voyagé sur un même vol le 31 mai. 210 kg de cannabis avaient été saisis dans leurs bagages. La police soupçonne que ce serait le même réseau de commanditaire local qui serait derrière ce deuxième cas.
Cette affaire jette une lumière crue sur l’évolution inquiétante des méthodes des trafiquants de drogue, qui n’hésitent plus à instrumentaliser des familles et utiliser un enfant pour gagner de l’argent.