Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a brossé un tableau sombre dans lequel évolue le monde actuellement, cela comme toile de fond, avant d’exposer les raisons de la réforme du système de pension, notamment le report de l’âge de l’éligibilité de 60 à 65 ans. « This budget is being debated in a particular moment. We are at crossroads on the global level. This budget is being debated while the world may be on the eve of World War III with nuclear exchange back on the agenda after the end of the Cold War in the 1990s. This is the first real existential crisis facing humanity since this time », dit-il. Il a aussi trouvé que « dix hommes possèdent 50 % des richesses de l’humanité. Il s’agit d’une bombe à retardement sociopolitique sur laquelle de nombreuses sociétés sont assises. »
Ashok Subron reconnaît que la principale proposition du budget, soit celle visant à repousser l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse de 60 à 65 ans, a suscité une inquiétude légitime chez les Mauriciens. « Nous respectons ces inquiétudes et les protestations qu’elle a suscitées samedi dernier. Les deux comités ministériels que nous avons mis en place doivent s’attacher à comprendre cette préoccupation légitime et saine de nombreux citoyens : travailleurs, femmes, pauvres, jeunes et petits producteurs. Parallèlement, nous devons nous opposer fermement à certains opportunistes, à l’ancien régime des MSM et à certains milieux économiques qui exploitent ces préoccupations sociales légitimes pour promouvoir leur intérêt politique et économique. Ce sont eux qui sont responsables de la crise socio-économique et de l’endettement que ce gouvernement a dû résoudre avec ce budget », dénonce-t-il en s’en prenant à la « maladie infantile » et à l’« obsession infantile » de quelques syndicalistes à son encontre et également de Rezistans & Alternativ.
Pour le ministre de la Sécurité sociale, la réforme visant à repousser l’âge d’éligibilité au BRP a été justifiée par la situation économique, le niveau d’endettement et la viabilité à long terme de ce système de pension. Il est revenu sur les différentes étapes du système de pension à Maurice, soit notamment les années 1937 et 1943 avec les troubles sociaux ou encore 1976 et 1978 avec l’introduction du National Pension Scheme. « The next historical moment was in 2008 when a reform of the retirement age and old pension benefits and their age of their entitlement was proposed. The unions and the people of Mauritius raised concern and protested. Finally, a social pact was concluded. The age of retirement was raised to 65 years but old age pension was maintained at 60 years as well as the right of any employee to retire on an optional basis at the age of 60 and entitled to retirement benefits and entitled to reduced pension under the NPS at 60 years », avance-t-il.
Le ministre a poursuivi en disant qu’en 2020, alors que la population était en proie à la Covid-19, le gouvernement de l’époque et Padayachy ont commis une série de crimes. « Ils ont aboli le NPS. Ils ont créé la MIC en faveur de grandes entreprises, les ont subventionnées et leur ont octroyé plus de Rs 21 milliards des fonds publics. Ils ont dilapidé l’argent public pour des appels d’offres et des contrats. Lorsqu’ils ont démantelé le NPS, de nombreux employés percevaient environ Rs 5 000 de pension par mois. Ils ont décidé de la supprimer pour les générations suivantes. Je dispose de chiffres indiquant que certaines catégories d’employés percevaient une pension plus élevée à une certaine époque. Ils ont créé la fameuse CSG et, sur la base d’une évaluation erronée, ont déclaré que le NPF n’était pas viable, ce qui était loin d’être le cas », s’insurge-t-il en faisant état de pressions exercées sur les fonctionnaires de la Sécurité sur la hausse de Rs 4 500, faisant partie des promesses électorales de l’ancien gouvernement en 2019.
« Notre gouvernement a proposé une réforme majeure des retraites. En juin 2025, nous comptions 272 033 bénéficiaires de pension. Le montant payable à cette date s’élevait à plus de Rs 55 milliards. En plus de la BRP, une allocation de Rs 1 000 était prévue pour les 65-70 ans. Ce montant est maintenu. De même, la prestation de retraite de Rs 2 500 de la CSG est maintenue pour les 100 ans et plus. Tous les bénéficiaires de la pension d’invalidité de base bénéficieront d’une pension jusqu’à 65 ans », fait-il comprendre, en indiquant que près de 40 % des bénéficiaires du BRP sont salariés, la plupart issus du secteur privé.
Le ministre de la Sécurité sociale maintient que le gouvernement a entendu les inquiétudes et les protestations sincères du public. « Ces deux comités interministériels étudieront les possibilités d’aide aux personnes âgées de 60 à 65 ans travaillant dans des secteurs aux conditions de travail difficiles, ainsi qu’aux femmes au foyer et aux mères éligibles. Nous étudierons un éventuel soutien aux personnes en incapacité de travail pour des raisons de santé. La seconde commission se réunira ce mercredi pour discuter et examiner ce soutien. Il est possible que les deux commissions fusionnent afin d’examiner et tenir en ligne de compte d’autres préoccupations soulevées par les citoyens », affirme-t-il.
Il a aussi confirmé que toutes les bénéficiaires se rendant à l’étranger pour raisons médicales pourront séjourner 12 mois au lieu de 6 mois et percevoir leur pension. Le Medical Board sera transféré dans les hôpitaux et s’adaptera à la réforme envisagée.
En conclusion, Ashok Subron a fait le point sur les attaques contre Rezistans & Alternatuv et lui-même. « Nous comprenons ces points de vue, car nous sommes l’un des symboles des travailleurs et de la justice sociale dans le pays. Being the target is commensurate to the values and program we defend. Mais permettez-moi de vous rassurer : nous avons choisi de rejoindre l’Alliance du Changement », dit-il en citant des raisons spécifiques en concluant que Rezistans & Alternativ ne compte nullement quitter cette alliance.