Sur les ondes d’une radio privée, le DPM Paul Bérenger a annoncé que les choses se précisent en ce qui concerne la mise en opération de la National Agency for Drug Control (NADC). C’était ce jeudi 26 juin, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre les drogues et le trafic illicite. Paul Bérenger a avoué avoir très à cœur ce sujet épineux. Et c’est tant mieux, donc, s’il y a une réelle volonté politique à (enfin !) s’attaquer à ce monstre venimeux qui ne fait qu’étendre ses tentacules et infiltrer toutes les sphères du pays; de l’éducation – avec des gosses de 8–10 ans, qui consomment, mais aussi revendent des “simik” dans l’enceinte de certains établissements – à notre économie, et d’autres institutions dont la police, la prison…
Intervenant lors d’une conférence organisée par le Centre Idrice Goomany (CIG), ce même 26 juin, le ministre Shakeel Mohamed, a, lui, exhorté à l’action : “Les conférences, les campagnes de conscientisation, tout ça, c’est très bien. Mais il faut passer à l’action !” De belles paroles, encore une fois, dira l’autre. Car oui, il est plus que jamais temps de passer à l’action. Rapidement. Dans l’urgence. Car la situation ne cesse d’empirer.
Parallèlement, il y a un aspect primordial qui fait débat au sein même de la majorité. Et par incidence, dans la population. Il s’agit de l’usage du gandia/cannabis dans un souci de traiter/freiner la consommation des drogues synthétiques. Certains souhaitent sa légalisation; d’autres sont en faveur de la dépénalisation. Il faut savoir que la décriminalisation du gandia existe déjà, mais pas à grande échelle, dans le pays. Ce, par le biais du programme Drug Users Administration Panel (DUAP).
Sam Lauthan, ancien ministre et travailleur social de longue date, catapulté président de la NADC, est catégorique: pour lui, la légalisation du gandia, pas question ! Idem pour Paul Bérenger. En revanche, l’idée de dépénalisation n’est pas totalement rejetée ainsi que l’a signifié, de son côté, Shakeel Mohamed. Ce débat pourrait durer. Et hélas ! ne pas rendre service au combat. À un moment ou un autre, il faudra trancher. Parce qu’attendre, encore, et ne pas prendre une décision réfléchie et courageuse, c’est risquer des vies : celles des victimes des drogues, autant que celles de leurs parents/proches.
Déjà des parents sont tombés sous des coups mortels de leurs enfants sous l’emprise des stupéfiants. D’innombrables autres mères et pères vivent un calvaire permanent, car partageant le même toit familial et s’exposant, du coup, aux colères noires et violences multiples – physique, verbale, psychologique – de leurs enfants quand ceux-ci sont en état de manque.
Les prises de parole de Paul Bérenger et de Shakeel Mohamed, deux occupants du Front Bench du gouvernement du Changement sont, évidemment, bien accueillis, car chaque Mauricien ne sait que trop bien à quel point les drogues ravagent, actuellement, notre société ; gangrènent nos familles; tuent nos jeunes et nos enfants. Ce ne sont pas les parents de toxicomanes qui diront le contraire ni le citoyen lambda. La dégénérescence du Law & Order, l’insécurité tant du citoyen que des parents des toxicomanes et la disponibilité des produits nocifs partout dans l’île représente, à ce jour, la préoccupation No 1 de chaque Mauricien.
Dans l’actualité, toujours sous la rubrique Drogues, l’affaire du “reward money” avec, en vedette, un ACP (Assistant Commissioner of Police), Lilram Deal. L’homme est actuellement en détention préventive. Il fait face à une accusation provisoire de blanchiment d’argent dans une enquête déclenchée en mai dernier, à la suite d’une lettre parvenue à la Financial Intelligence Unit (FIU). D’autres hauts gradés de la force policière seraient également visés et prochainement être entendus par la FCC. La mafia a bel et bien infiltré et gangrène toutes ou presque nos institutions…
Gagner des sous, beaucoup de sous, sans trop d’efforts; mener un train de vie luxueux, se déplacer dans des berlines tape-à-l’œil, porter des vêtements griffés, se la couler douce entre voyages et farniente : voilà ce qui fait tomber nos jeunes autant que nos adultes dits responsables. En l’occurrence, des policiers, des garde-chiourmes et d’autres encore qui se laissent corrompre par les marchands de la mort. Alors, des actions, oui, et rapidement si ce n’est trop demander.
Husna Ramjanally