PAULA LEW FAI
Il n’y aurait pas le pavé de la refonte de la BRP (Basic Retirement Pension) jeté dans la mare récemment, sans doute les recrutements controversés à la NEF (National Empowerment Foundation) auraient fait des dégâts quant à l’image de ReA et par conséquent, du gouvernement de l’Alliance du Changement.
Le feu couve, on le sait. L’impatience grandit. Le peuple ne comprend pas pourquoi tant de lenteur à accorder un tout petit peu de « beurre » à mettre dans les épinards. Pourquoi certaines nominations « récompenses » pour fidélité et loyauté ?
Oui d’accord, la traversée du désert fut dure et il faut savoir être reconnaissant. Il ne faut pas oublier ceux et celles qui ont été d’indéfectibles soutiens et piliers pour la reconquête du pouvoir. Surtout quand le matraquage fut éhonté et les injustices au-delà du supportable. Grands-parents et parents apprennent aux tout-petits cette leçon essentielle de vie. La gratitude !
Quand même. Oui Madame, Monsieur. On ne peut pas faire autrement qu’offrir quelques gestes qui démontrent cette gratitude. Quel mal y a-t-il ?
Mais on ne comprend pas pourquoi une dynamique n’a-t-elle pas été enclenchée pour donner de petits signes du changement tant attendu ? Savez-vous que ce souffle rénovateur, cette espérance longtemps disparue a besoin d’actions symboliques ? Pour apaiser, faire patienter, renouer avec le courage, la résilience.
Nous entendons à répétition : nous savons ce que nous faisons, pour vous, pour vos enfants. Nous travaillons sur le long terme ; nous ne dilapidons pas le bien commun. Nous travaillons, nous, et nous introduisons la transparence. Cette fameuse dame transparence qui s’est égarée d’abord dans les méandres de différentes administrations et ensuite retrouvée pendue dans une sombre cellule ou noyée dans les eaux tumultueuses du Sud.
Nous, petit peuple, nous comprenons que le pays est presque en faillite. Nous ne sommes pas inconséquents et mesurons les efforts à faire pour les générations montantes. Nous ne sommes pas des ignares ou atteints de débilité. Nous savons assumer des responsabilités. Mais, de grâce, encouragez-nous en donnant l’exemple. Par de vraies actions dont le sens fait renaître l’espérance. Et non pas d’actions semant la confusion et porteuses de régression quant à des représentations collectives du pouvoir.
Soyons concrets.
Ah ! cette histoire de ReA et la NEF. Des explications qui n’ont pas convaincu.
Malveillants et réalistes : On a beau discourir, bien et même très bien ; le pouvoir monte à la tête. Le pouvoir pourrit, même les plus intègres.
Bienveillants et réalistes : Des erreurs, c’est normal en début de carrière. Les éléphants et lions, dans leur grande sagesse apprise au fil du temps apprendront aux panthères, tigres et tigresses à moduler leurs communications et à mieux mesurer les champs du pouvoir.
Tout ça est bien vrai. Mais à la base, il y a un sacré décalage dans les perceptions et interprétations d’actes singuliers et collectifs.
Nous vivons souvent dans un bocal et tout est perçu et interprété en fonction des limites de ce bocal. Normal. Tous nous le faisons, incapables que nous sommes de nous projeter dans un autre espace. Le pire, c’est que nageant dans notre bocal, nous croyons être en plein océan. D’où les risques d’impairs, d’erreurs, d’orgueil et d’arrogance surtout quand nous sommes en position de pouvoir.
Pour mieux comprendre, voyons ce que sont la perception et l’interprétation.
La perception est le processus par lequel nous utilisons nos sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût) pour appréhender le monde qui nous entoure. C’est instinctif car la nature nous les a dotés pour notre survie et notre cheminement vers le bien-être, en recherchant du sens dans ce qui nous arrive. C’est comme une lecture que nous faisons. La perception est influencée par nos expériences passées, nos connaissances, notre culture et notre état émotionnel.
Elle repose sur la subjectivité : ce qui est perçu par une personne peut être interprété différemment par une autre. Elle n’est pas une copie exacte de la réalité, mais une construction de notre cerveau qui filtre et organise les informations sensorielles pour créer une représentation du monde qui nous entoure.
En plus d’être personnelle à chacun, la perception du réel se modifie à chaque instant. Par contagion et mimétisme, cette perception est aussi modifiable quand des influenceurs lancent des messages qui brouillent la réception d’origine.
L’interprétation peut être consciente ou inconsciente. C’est un processus qui attribue un sens aux informations que nous avons sélectionnées en nous rappelant celles pertinentes ou non, qui donnent un certain sens à ce que nous percevons. Parfois, nous sommes conscients du processus d’interprétation, mais souvent, il se produit automatiquement, sans que nous nous en rendions compte.
La réalité concrète est extrêmement difficile à cerner car chaque personne, chaque groupe a sa propre perception et son interprétation de la réalité. Les filtres sont omniprésents dans la vie de chaque individu, de chaque groupe d’individus. Ces filtres agissent sur la perception et l’interprétation en déformant les informations provenant du monde réel. Des biais cognitifs comme la pensée, l’ignorance et les croyances avec des automatismes empêchent très souvent une appréhension plus juste des situations globales et complexes.
De manière générale, afin d’améliorer notre perception et notre interprétation de la réalité, et de limiter les risques d’erreur, il est essentiel de ne pas considérer le bocal dans lequel nous vivons comme étant l’océan, voir large, croiser les sources d’information, cultiver l’attention à la vie dans toutes ses composantes, s’ouvrir à d’autres univers contextuels.
Alors, quid pour ReA et NEF ? Mais pas que pour eux.
L’erreur de base, à mon sens, est d’avoir oublié que l’océan n’est pas un bocal. Il n’y aurait pas eu alors d’erreur de jugement et la séparation des pouvoirs aurait eu lieu « naturellement ». Idem pour la médaille que la compagne aurait méritée. Peut-être, sans doute. Perception et interprétation que personne, à part les personnes et groupes concernés, ne peut évaluer. La discrétion des conjoints, conjointes, activistes ou pas est une valeur à ne pas négliger surtout après les traumas causés par une compagne ravageuse dans l’ancien gouvernement. C’est sans doute une forme d’injustice que de ne pas reconnaître formellement, devant le peuple, les contributions des partenaires. Laissons cela dans le domaine du privé. Et les vaches seront bien gardées.
Quant à ceux et celles qui sont au pouvoir, qu’ils et elles sortent de leurs bocaux respectifs, que ministres et conseillers multiples et variés se coltinent la houle de l’océan. Et les vaches seront encore mieux gardées.…..
« Oui d’accord, la traversée du désert fut dure et il faut savoir être reconnaissant. Il ne faut pas oublier ceux et celles qui ont été d’indéfectibles soutiens et piliers pour la reconquête du pouvoir. Surtout quand le matraquage fut éhonté et les injustices au-delà du supportable. Grands-parents et parents apprennent aux tout-petits cette leçon essentielle de vie. La gratitude ! »
« Perception et interprétation que personne, à part les personnes et groupes concernés, ne peut évaluer. La discrétion des conjoints, conjointes, activistes ou pas est une valeur à ne pas négliger surtout après les traumas causés par une compagne ravageuse dans l’ancien gouvernement. »