Guy, Ti Guy

Paula Lew Fai

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Lui, Guy, c’est Guy Narainsamy. Un des fondateurs du Labour Party ( PTR).

Ti Guy, c’est son fils. Ce dernier à la trajectoire compliquée qui se termine dans le silence du temple. Père et fils dans des combats différents. Emplis de courage et de détermination.

Elle, c’est Paule. Maman Paule. Paule Ramdoo à la famille chantante, croquant la vie à pleines dents. Stoïque, pilier de fortitude, de solide espérance tranquille.

Elle, c’est aussi Edel, la fille de Guy. Discrète, forte pour la famille. Les femmes qui ont entouré les deux Guy de leur indéfectible amour.

Il y a Paul, Myriam (Iam pour les intimes), Monique, Aline, Antoine, frères et sœurs de grand Guy ; Gin, la belle-fille et les petits enfants Kalayvanee, Kanen, Akylan, Kamala.

Nous étions adolescentes, guides dans la paroisse de l’Immaculée Conception à Port Louis. Politique ? Quel étrange mot ! Pas du tout dans notre vocabulaire. Nous, c’est la période des Yéyés. Des guéguerres à n’en plus finir entre les “groupies” de Cliff Richard et Elvis Presley. Notre préoccupation, en dehors des études et d’être de “bonnes filles” toujours prêtes, selon notre promesse de guides, est la danse. Comment échapper à la surveillance des parents, aller à des “parties” organisées une fois l’an pour rencontrer les garçons du Collège Royal de Port Louis ?

Puis, débarque Guy aux côtés de Filip Fanchette, notre aumônier à la soutane noire et son scooter. Filip qui écrit pour sensibiliser le public à la pauvreté. Nous l’appelons « l’Ange Noir ».

De la famille Narainsamy, nous ne connaissions que Paul, chef scout qui marche avec prestance à la messe du dimanche matin. Guy ? Pas du tout.

Avec Filip, cheftaine et guides, nous commençons à mettre en place le Repas des Pauvres tous les dimanches au Centre Social de Marie Reine de la Paix. Guy va nous aider dès le départ et il sera là, avec constance et une énergie incroyable. Il n’évoque aucunement le monde politique. Nous, de toutes les façons, nous ne savons pas s’il y a des partis, qui fait quoi dans ce pays. Nous sommes heureuses et ça nous suffit. Du bonheur que seuls les jeunes peuvent éprouver. Légèreté, Insouciance….

“We were, fair queen,
Two lads that thought there was no more behind
But such a day to-morrow as to-day,
And to be boy eternal. (The Winter’s Tale)

Nous rions beaucoup avec lui car il est drôle. Il peut être bourru parfois quand les choses ne marchent pas bien. Nous ne savons rien sur lui, ce qu’il fait. Il est juste là, rassurant.

De Paul, figure un peu lointaine à Guy, rempli de compassion pour les plus faibles, nous (ma famille) allons bientôt tisser d’autres liens. Ceux de famille à famille. Nous allons connaitre frères et sœurs, surtout Myriam, activiste avant l’heure, coquette et à la langue châtiée. Guy avec humour l’imitait et nous éclations de rire. Que de bonheurs ! Que de récits burlesques qu’il nous racontait dans ses engagements politiques. Jamais pontifiant, jamais de noms de personnalités qu’il fréquentait. Toujours très modeste. Toujours que des épisodes croustillants pour susciter notre intérêt. Une très bonne pédagogie au bout du compte. Nous allons aussi connaitre famille et famille étendue dont les Ramdoo.

Mais il n’y a pas que repas des pauvres et fêtes familiales.

Bientôt, avec Guy, cousins et mes deux frères, les gars vont parcourir l’île pour la sonorisation gratuite de pièces de théâtre de l’Ambassade de France. La sonorisation sera aussi pour les « fancy-fairs » des paroisses de Bambous et de l’Immaculée Conception. Pendant une dizaine d’années, cette activité de sonorisation sera leur manière à eux d’apporter un peu de bien-être. Nous, pendant ce temps, prions que tout se passe bien et qu’il n’y ait aucun accident de la route.

Guy, il y a cinq ans, me confiait que plusieurs personnes l’avaient sollicité pour écrire son engagement dans le PTR. Il ne faisait confiance à personne pour cela. Il aurait souhaité que je puisse le faire. Une demande faite avec délicatesse qui m’a touchée. Je n’ai pas pu répondre positivement, à mon grand regret.

Très récemment, par l’intermédiaire de sa fille Edel, il a demandé si mon frère pouvait lui rendre visite. Jean Pierre et lui se sont retrouvés. Ce fut comme une brise de fraîcheur, dira-t-il, ensuite à sa famille.

Tu as été un roc, Guy. Toute ta vie. Aucune recherche de récompense, prestige et chatwa.

Tu as été fidèle à tes convictions. Ton atelier de la Rue Bourbon garde les traces de ta présence chaleureuse et bienveillante. Celles que tu as laissées sans tambour ni trompette au sein de ta famille politique comme auprès de tous ceux et celles qui t’ont connu sont les empreintes qui comptent le plus dans une vie.  Honneur à toi.

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