La South African Chamber of Commerce in Mauritius (SACC), en collaboration avec Absa Maurice, a récemment organisé une soirée intitulée Art Event – Celebrating Creativity and Investment au Mont Choisy Le Golf Heritage Zone. L’événement a marqué le lancement d’un partenariat stratégique entre les deux institutions, rassemblant chefs d’entreprise, investisseurs, collectionneurs et acteurs culturels pour explorer les multiples dimensions de l’art – patrimoine vivant, vecteur d’engagement, et désormais, véritable classe d’actifs pour les investisseurs. La soirée s’est tenue en présence de la Dr Hlamalani Nelly Manzini de la haute commission d’Afrique du Sud à Maurice, ainsi que d’éminents représentants d’Absa Maurice, dont Iqbal Rajahbalee (Chairman), Ravin Dajee (Managing Director), Jaysen Nundoosingh (Director & Head of Wealth) et Aslam Taher (Head of Wholesale Banking). Étaient également présents des membres de la SACC, des investisseurs et plusieurs artistes de renom.
En ouverture, le président de la SACC, Bilal Adam, a souligné : « cette soirée est un rappel que la gestion de patrimoine, à son plus haut niveau, est un art en soi. (…) Comme Mandela l’a dit, l’art transcende les frontières et arrive là où la politique ne le peut pas. Les investissements les plus durables sont ceux qui protègent à la fois l’héritage culturel et le monde naturel qui nous fait vivre. »
Ravin Dajee a renchéri sur l’importance de l’art dans une vision élargie de la richesse : « la richesse ne se résume pas à la réussite financière ; elle s’exprime aussi à travers l’héritage que nous construisons — un héritage nourri par les personnes, les cultures et les idées dans lesquelles nous choisissons d’investir. (…) Nous valorisons le patrimoine artistique local, à la fois comme richesse culturelle et comme voie d’investissement porteuse de sens. »
L’engagement social n’était pas en reste. Une vente aux enchères en direct a permis de récolter Rs 212 000 au profit de Reef Conservation Mauritius, organisation engagée dans la protection des écosystèmes marins. Les fonds contribueront à financer des programmes éducatifs et des actions concrètes en faveur du lagon mauricien. Parmi les artistes ayant contribué des œuvres figuraient Patrick Mavros, Jocelyn Thomasse, Deepa Bauhadoor et Sharon Thompson (Shazabelle).
Une classe d’actifs à part entière
Un panel de discussion a permis d’examiner l’art sous l’angle du placement financier. Dr Paul Bayliss, Senior Specialist and Curator à l’Absa Gallery, a mis l’accent sur la puissance de l’art comme langage universel, capable de traverser les époques et de porter la mémoire collective. « La créativité africaine, y compris celle de Maurice, est de plus en plus reconnue à l’échelle internationale. Il est temps pour les collectionneurs d’élargir leur champ d’intérêt au-delà des marchés eurocentriques », a-t-il déclaré, rappelant que les artistes du Sud global représentent aujourd’hui un potentiel de valorisation important.
Jaysen Nundoosingh, Head of Wealth chez Absa, a présenté l’art comme un véhicule stratégique dans la construction de portefeuilles diversifiés. Il fait comprendre que le marché mondial de l’art, évalué à environ 500 milliards de dollars, pourrait avoisiner les 944 milliards d’ici à 2033. « L’art n’est plus un simple ornement de prestige ; il devient un actif tangible, à faible corrélation avec les marchés traditionnels, a-t-il expliqué, et capable de résister à la volatilité économique et de générer des rendements stables sur le long terme », dit-il encore.
L’artiste et universitaire Fadya Nazirkhan s’appesantit sur une autre fonction de l’art : celle de support à la sensibilisation. À travers ses œuvres, elle aborde l’identité, la mémoire et la crise écologique, en particulier la dégradation des côtes mauriciennes. Son approche démontre comment l’investissement dans l’art peut aussi répondre à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui prennent une importance croissante chez les investisseurs contemporains.
La galeriste Shay Hewett a, pour sa part, insisté sur les mécanismes qui construisent la valeur d’une œuvre : provenance, curation, représentation en galerie, documentation. Elle a souligné qu’investir dans l’art, ce n’est pas seulement acheter une pièce : c’est soutenir un écosystème, participer à la narration culturelle, et miser sur une appréciation à long terme qui repose sur la qualité et la reconnaissance.
L’exposition, montée à cette occasion par la Shay Hewett Fine Art Gallery, a mis à l’honneur la diversité et la vitalité de la scène artistique mauricienne et africaine. On pouvait y découvrir des œuvres de Patrick Mavros, Ardmore Design, Jocelyn Thomasse, Deepa Bauhadoor, Pamela Saramandif, David Rogers (DévidArt), Fadya Nazirkhan, Raymond Levantard, Lutfiya Nanhuck, Sharon Thompson (Shazabelle), Steven John Wilkins, Ronald Revollo, Gaël Froget et Untamed by WayfarerLady.