Vive les vacances parlementaires

C’est avec un enthousiasme manifeste que ministres et députés ont accueilli les vacances parlementaires jusqu’au 7 octobre prochain, au point que la speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, n’a pu s’empêcher de faire une comparaison avec les vacances scolaires. Vacances méritées puisque le Parlement a siégé non-stop depuis janvier dernier. Une vingtaine de textes de loi, les uns aussi importants que les autres, ont été adoptés.
Toutefois, ces vacances risquent de ne pas être de tout repos. Outre les différentes missions à l’étranger prévues par le Premier ministre et d’autres ministres, il faut tenir compte du fait qu’une des mesures les plus difficiles, à savoir le changement de l’éligibilité de l’âge de la pension de retraite, entrera en vigueur à partir du 1er septembre. D’ici là, on s’attend à ce que les différentes plateformes syndicales et sociales continuent leur mobilisation.
Certaines personnes tentent actuellement de faire pression sur le président de la République pour lui demander de ne pas valider le Finance Bill. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger étaient en première ligne vendredi pour justifier les mesures budgétaires en insistant sur la nécessité de mettre de l’ordre dans ce qu’ils considèrent comme l’abîme dans lequel l’ancien gouvernement a laissé le pays. Leurs objectifs, qui ont été répétés à satiété jusqu’ici, consistent à réduire le niveau de la dette et le déficit budgétaire, à empêcher que l’agence de notation Moody’s place le pays au niveau de “Junk State”.
Paul Bérenger, qui a insisté sur ce point vendredi, a fait comprendre que si pour la majorité de la population les notations de Moody’s constituent une abstraction, elles auront en réalité des conséquences désastreuses sur l’économie et l’investissement avec les conséquences que cela risque d’avoir sur la vie de chaque Mauricien. Il a observé que les riches seront appelés à faire des sacrifices lors du réajustement économique durant les trois prochaines années.
Cependant, des mesures ont été prises pour ne pas affecter l’investissement et les investisseurs étrangers. Les plus démunis ne seront toutefois pas oubliés. Les allocations prévues dans le cadre de la CSG ne seront abolies que graduellement. Le vice-Premier ministre a cité en exemple les mesures prises en faveur des personnes autrement capables pour illustrer ses propos, en dénonçant les difficultés faites par l’administration à Jane Constance alors qu’elle suivait ses études supérieures à l’étranger, en supprimant ses allocations et ses pensions et en vidant son compte d’épargne à Maurice.
Pour sa part, Navin Ramgoolam a souligné que « grâce aux amendements du projet de loi de finances, environ 81% des employés ne paieront plus d’impôt sur le revenu et 75 000 personnes touchant entre Rs 500 000 et Rs 1 million paieront moins d’impôts ; il y aura une suppression de la TVA sur une série de produits alimentaires essentiels afin de protéger le pouvoir d’achat des plus vulnérables, etc. ».
Vendredi toujours, Rodrigues était à l’honneur avec l’adoption d’un amendement constitutionnel qui nécessitait une “division of votes”. Les quatre députés de Rodrigues ont soutenu le texte de loi. On note que Franco Quirin a également voté en faveur du texte de loi alors que les deux autres membres de la minorité parlementaire se sont abstenus.
Cette fin de semaine a également été marquée par la fin du suspens concernant les tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les exportations mauriciennes, fixés à 15%. Ce taux a été accueilli avec soulagement, car la menace d’un tarif de 40% suspendait comme une épée de Damoclès sur la tête des exportateurs mauriciens. Un gros travail avait été abattu par le ministre du Commerce, Aadil Ameer Meea, en Angola lors de sa rencontre avec la représentante adjointe au commerce des États-Unis pour l’Afrique, Constance Hamilton, en marge du 17eᵉ Sommet de l’U.S.-Africa Business Summit. Par la suite, le président Donald Trump avait adressé une lettre très positive au Premier ministre mauricien.
Après cette première partie des travaux parlementaires, on attend le message que devra prononcer le Premier ministre à la nation pour faire le point sur la situation dans le pays.

Jean Marc Poché

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