Paris n’accueillera plus de personnes évacuées de Gaza ayant les conclusions d’une enquête sur les failles ayant permis à une étudiante ayant publié des messages antisémites d’être accueillie en France, a annoncé vendredi le ministre français des Affaires étrangères.
« Aucune opération de ce type, aucune évacuation d’aucune sorte ne se tiendra tant que nous n’aurons pas tiré les conséquences de cette enquête », a déclaré Jean-Noël Barrot sur Franceinfo.
Interrogé par l’AFP pour savoir combien de personnes sont concernées par cette décision, le Quai d’Orsay a répondu que le chiffre n’était pas communicable pour raisons de confidentialité.
De plus, « tous les profils qui sont entrés en France vont faire l’objet d’une nouvelle vérification », a ajouté le ministre, alors que la France a accueilli des centaines de Gazaouis depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, en représailles à des attaques de ce dernier contre Israël le 7 octobre 2023.
La jeune femme, bénéficiaire d’un visa étudiant et d’une bourse du gouvernement dans le cadre d’un programme destiné aux étudiants gazaouis, devait intégrer Sciences Po Lille à la rentrée. Elle était arrivée en France le 11 juillet, selon une source diplomatique française.
Mais la découverte de publications appelant à tuer sur les réseaux sociaux ces deux dernières années, supprimées depuis, a entraîné sa désinscription, une enquête judiciaire pour apologie du terrorisme, et une enquête pour déterminer pourquoi cela n’avait pas été détecté en amont.
L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer les captures d’écran attribuée à cette étudiante par des internautes et des médias. Sciences Po Lille a indiqué mercredi que « les propos sur les réseaux sociaux de la jeune fille sont confirmés », sans fournir plus de détails, mais estimant qu’ils entrent « en contradiction frontale » avec ses valeurs. L’établissement a dit avoir « accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem ».
« Les contrôles sécuritaires qui ont été menés par les services de l’autorité compétent, ainsi que par les autorités israéliennes, n’ont pas permis de détecter ces propos antisémites et inacceptables », a déclaré le ministre.
« Avec le ministère de l’Intérieur, nous avons diligenté une enquête interne pour faire toute la lumière sur cette affaire », a déclaré M. Barrot espérant son résultat « au plus vite », promettant d’en « tirer toutes les leçons et toutes les conséquences ».
« On a une ressortissante palestinienne qui est une adoratrice de Hitler, qui est une antisémite notoire, qui appelle à l’extermination des juifs. Il suffisait de deux minutes de consultation sur les réseaux sociaux pour s’apercevoir de ce pedigree nauséabond. Et pourtant, la France a accueilli cet individu. La France accueille malheureusement certainement d’autres Palestiniens radicalisés », a dénoncé le porte-parole du Rassemblement national Julien Odoul sur la radio Europe 1, qui y voit l’emprise de « l’idéologie pro-palestinienne » dans l’appareil d’État.
« La France ne peut mettre ainsi en suspens sa politique d’accueil des Gazaouis évacués : il en va de notre humanité commune », a déclaré le porte-parole du Parti socialiste Arthur Delaporte sur X, dénonçant une « décision absurde » et un « manque de discernement ».
La jeune fille « n’a pas sa place en France. Elle doit quitter le territoire national », a déclaré le ministre, ajoutant que des discussions étaient « en cours » pour trouver une destination.
Interrogée en juillet sur RMC avant les révélations de ses publications, la jeune femme de 25 ans se réjouissait d’avoir « obtenu un bourse du gouvernement français pour mes études. Je suis enfin dans un endroit sûr ». Elle disait avoir « hâte de commencer les cours en septembre ».