Il n’est jamais trop tard pour bien faire

Sa prise de parole, sous prétexte d’un tour d’horizon et même de se prêter au jeu des questions/réponses des médias, dont certains avides de faire feu de tout bois, n’était évidemment pas un exercice anodin. En tant que DPM, Paul Bérenger, maître ès politique, a souhaité jouer la carte de la communication. Homme de terrain, malgré son grand âge et ses complications de santé, par incidence, il a marqué son coup. Signifiant qu’il était à l’écoute, malgré les « ti lespri » – ce sont ses mots – qui ragotent sur le siège important qu’il occupe dans le front bench, soit juste à côté du Premier ministre. Ce qui implique qu’il participe aux prises de grandes décisions.
Bérenger a même concédé que tout n’était pas rose. S’appuyant sur des formules et expressions bien évidemment triées sur le volet pour faire mouche : « Popilasion pou bizin konpran : nou bizin aret viv dan niaz ! » et « Mwa mem mo pa satisfe ek tou bann nominasion ». Et la formule qui reste scotchée dans les tympans et les cerveaux : « Après 10 ans de corruption, tout reste à faire… Mais le pays est dans la bonne direction. »
Maurice n’est pas le seul pays où les prix montent en flèche, où ceux qui sont au pouvoir serrent les vis au maximum et prennent des mesures, souvent, impopulaires, afin de redresser la barre. Ici comme dans nombre de pays du globe, surtout dans la période post-pandémie de Covid-19, les citoyens grognent, rechignent et font part de leurs exaspérations et impatience. Ce qui est tout à fait justifiable dans des démocraties qui se respectent. D’autant qu’avec le mégalomane milliardaire Trump qui enchaîne ses caprices, et est revenu à la charge avec ses taxes, rien ne va plus !
Par contre, le fossé entre ceux qui gagnent bien (grassement ?) leur vie et ceux qui n’en finissent pas de ris lake diab pour garder la tête hors de l’eau, surtout chez nous, n’en finit pas de se creuser… Pire qu’une dichotomie, c’est une véritable guerre larvée que certains citoyens pratiquent. Et quand la grosse machinerie super huilée de propagande du MSM y ajoute son grain de sel, le résultat est explosif ! Au point de semer de graves confusions dans la tête de ceux qui démarrent au quart de tour. Il revient tant aux politiques qu’aux citoyens de bien réfléchir et se servir de leurs méninges plutôt que de foncer tête baissée dans ces pièges faciles.
Si le député rouge Eshan Juman a souhaité de “go public” pour dire qu’il fait des dons à partir de son nouveau salaire, d’autres préfèrent rester discrets, et mettre en pratique l’adage que ce que fait la main droite, la main gauche n’a pas besoin de le savoir. Le mécénat et la solidarité méritent respect. Et c’est tant mieux si effectivement certains, qu’ils soient dans l’hémicycle ou dans d’autres postes où ils ont été catapultés après le 11 novembre 2024, font preuve de conscience, d’engagement et de solidarité.
La manœuvre de Paul Bérenger est bien calculée, surtout dans le contexte des incidents au ministère de l’Égalité des genres et avec la quantité de rumeurs et de “fake news” qui circulent au quotidien. Voire, round the clock via les réseaux sociaux. Le fulgurant troisième 60-0 de l’histoire de notre pays ne mérite pas une scission de la plateforme actuelle. Ses membres de différents bords peuvent et doivent changer la donne. Now or never. Il est probable que quelques-uns, inévitablement, se laissent gagner par le pouvoir de diriger, donner des ordres, se prendre pour des intouchables. Il revient aux plus sages, dont les deux leaders qui sont aguerris à ces syndromes, de rectifier le tir, taper sur la table et ramener ceux des brebis qui empruntent des sentiers qui les dévient de leur mission première : servir le peuple, et non se servir.
Gaza est, encore et toujours sous les feux des projecteurs. L’exemple de certains élus du Parlement en Italie, nommément du Mouvement 5 étoiles, qui ont formé un drapeau palestinien au sein de leur hémicycle, pour soutenir leur projet de reconnaissance d’un État palestinien, mérite d’être salué. Que cela fasse des émules dans le reste du monde, dont Maurice, serait très rafraîchissant, n’est-ce pas ?

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Husna Ramjanally

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