Le rapport Food Security and Malnutrition in the World, publié par la Food and Agricultural Organisation (FAO), des Nations unies, indique que plus de 100 000 personnes à Maurice ne sont pas bien nourries. Le taux de malnutrition s’élève à 8,7%, tandis que pour pouvoir s’offrir un repas sain, il faut avoir au moins Rs 220 en poche. Ce qui est inaccessible à beaucoup de familles. Le constat est qu’il y a des enfants qui s’absentent même de l’école, faute d’un repas pour tenir la journée.
En 20 ans, la prévalence de la malnutrition à Maurice a augmenté par 3,3%, soit de 5,4% en 2004-06, à 8,7% de 2022 à 2024. C’est ce qu’indique le rapport de la FAO, Food Security and Malnutrition in the World (Addressing High Food Price Inflation for Food Security and Nutrition). Celui-ci a été conjointement réalisé avec l’Unicef, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’International Fund for Agricultural Development et le World Food Programme.
Outre cette hausse de 3,3%, le rapport relève également que la prévalence de l’insécurité alimentaire sévère est passée de 5,2% en 2014-2016 à 12,2% en 2022-2024. Celle de l’insécurité alimentaire modérée a augmenté par 18,1%, soit passant de 13%.
Par ailleurs, le coût d’un repas sain en 2024 est évalué à 4,72 USD (Rs 217,6). En 2017, le montant était de Rs 155,8. La proportion de la population étant dans l’incapacité de s’offrir un repas sain est passée de 14,7% en 2017 à 15,2% en 2024.
Selon les données de la FAO, l’inflation des prix alimentaires a augmenté depuis la fin de 2020, atteignant un pic en janvier 2023. Il a été observé que dans les Lower Middle Income Countries, il y a eu une hausse du nombre de personnes incapables de se permettre une alimentation saine.
Les raisons principales de la hausse des prix des produits alimentaires dans le monde sont la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. La flambée des prix des produits pétroliers en 2022 a aussi impacté le marché. Dans une moindre mesure, le gaspillage alimentaire a également contribué à cette situation.
Au niveau de la santé, la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans a baissé légèrement de 2012 à 2024 : de 8,3% à 7,9%. La prévalence du surpoids chez les enfants de moins de cinq ans est passée de 5,1% en 2012 à 4,8% en 2022. En revanche, le taux de prévalence de l’obésité chez les adultes est passé de 16,5% en 2012 à 19,2% en 2022.
La prévalence de l’anémie chez les femmes dans la tranche des 15 ans à 49 ans a aussi augmenté. Elle est passée de 20,8% à 32,8% de 2012 à 2023. Celle du faible poids de naissance a connu une légère baisse, passant de 19,1% en 2012 à 18,7% en 2020.
Sollicitée pour une réaction sur ce rapport de la FAO, Brigitte François, coordinatrice nationale des équipes paroissiales de Caritas, indique que les chiffres traduisent la réalité du terrain : « Beaucoup de personnes à Maurice ne peuvent pas manger à leur faim. Selon ce même rapport, il faut compter Rs 220 pour un repas sain aujourd’hui. Pour certaines familles, c’est inaccessible. »
Des enquêtes de terrain ont aussi révélé que des personnes ne prennent qu’un seul repas par jour, ajoute-t-elle. « Heureusement qu’il y a des associations comme Foodwise et Manzepartaze, qui collectent et redistribuent les repas. Ce qui aide certaines familles dans le besoin. Même au niveau de Caritas, il y a de plus en plus de demandes pour l’aide alimentaire », indique-t-elle.
Ces demandes concernent souvent les aliments de base comme les pâtes, le riz ou le lait pour enfant. « Ce qu’on sait moins, c’est qu’il y a aussi des enfants qui ne peuvent aller à l’école faute d’un repas. C’est une réalité. Récemment, il y a un maître d’école qui a dû avoir recours au ministère de l’Éducation pour que ses élèves aient droit à un repas convenable, car beaucoup ne venaient plus à l’école », ajoute-t-elle.
Ce rapport de la FAO indique que la malnutrition dans le monde a baissé de 12% (788,8 millions de personnes) à 8,2% (673,2 millions de personnes) de 2005 à 2024. Toutefois, en Afrique, la tendance est à l’inverse, soit de 18,9% (178 millions de personnes) en 2005 à 20,2% (306,5 millions de personnes) en 2024.