Fête de l’Assomption : Émouvant pèlerinage de l’achagar Soondarajen Maistry à Lourdes

Il est un incontournable du monde interculturel et interreligieux à Maurice. En juin dernier, l’achagar (Aya) Soondarajen Maistry, a poussé son engagement plus loin, en entreprenant un pèlerinage, qu’il qualifie de « puissant et émouvant », à Lourdes. Un rêve devenu réalité pour celui qui, comme par hasard, vit à quelques pas des églises de Sainte Anne et de Notre-Dame de Lourdes. Une expérience spirituelle, qui le fortifie dans sa mission de construire des ponts entre les différentes religions à Maurice et dans le social.

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En juin dernier, l’achagar Soondarajen Maistry, accompagné de son épouse Poumani, a effectué un voyage à Paris. Ce n’était pas la première fois qu’il visitait la capitale française, mais cette fois-ci, il avait un projet précieux dans ses valises. « J’avais toujours voulu effectuer un pèlerinage à Lourdes, mais je n’en avais jamais eu l’occasion. Pourtant, je suis parti en France à cinq reprises. Mais cette fois-ci, je me suis dit que je devais me faire un devoir d’y aller, avec la grâce de Dieu », confie-t-il.

Il ne faut pas aller chercher loin, pour comprendre ce grand respect à la Vierge Marie. « Tout le monde prie la Vierge. Elle est importante pour l’humanité. Et puis, moi, j’habite à Stanley. L’église de Sainte Anne, la mère de Marie, est à quelques pas de chez moi. Un peu plus loin, il y a l’église de Notre-Dame de Lourdes, c’était comme une évidence. » L’achagar Maistry est également une figure incontournable de l’interculturel et l’interreligieux, à Maurice. Il y a de nombreuses années déjà, il était aux côtés de feu père Henri Souchon pour les premiers mariages interreligieux célébrés à Maurice.

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Revenant sur son voyage à Lourdes, il affirme avoir vécu un grand moment d’émotions. « C’est une terre bénie, dès que je suis arrivé au sanctuaire de Lourdes, j’ai ressenti une grande vibration. C’est un haut lieu spirituel. Je suis très content d’avoir pu y aller. C’était un moment puissant et émouvant. » Les deux jours passés à Lourdes, a-t-il ajouté, lui ont permis de déconnecter, pour profiter pleinement de cette expérience.

Étant un « homme-pont », il n’a pas manqué l’occasion d’échanger avec les prêtres sur place. Il faut dire qu’il n’est pas passé inaperçu avec sa tenue traditionnelle. « Je leur ai dit que j’étais un prêtre tamoul. Ils étaient très impressionnés de voir un prêtre tamoul sur place. Nous avons beaucoup partagé. Je leur ai expliqué également comment nous vivons l’interreligieux à Maurice. Nous avons partagé sur la religion, mais aussi sur Nelson Mandela, Mahatma Gandhi, Mère Teresa… »

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Outre les religieux, l’achagar Soondarajen Maistry affirme avoir également rencontré d’autres personnes de culture tamoule de l’Inde, en pèlerinage. « Lourdes rassemble des pèlerins du monde entier. Comme je l’ai dit, c’était très émouvant. J’ai assisté à des messes, des processions, j’ai vu des personnes malades ou handicapées, qui viennent là avec foi. Cela a été un moment fort », dit-elle.

De retour à Maurice, il se sent d’autant plus fort pour continuer sa mission. « Tout se fait avec la grâce de Dieu. Je suis très content d’avoir une bonne relation avec les autres, à travers la spiritualité. J’ai une bonne collaboration avec le Diocèse de Port-Louis. Je suis invité à participer aux grands événements de l’Église à Maurice. Comme lors de la visite du Pape François, à Maurice, en 2019. J’étais également présent à la cathédrale St-Louis, pour la messe de requiem, lors de ses funérailles. »

Il se dit très heureux d’avoir côtoyé le cardinal Maurice E. Piat, et aujourd’hui, Monseigneur Jean-Michaël Durhône. « Il faut valoriser ce que nous avons. Tout le monde n’a pas la chance de vivre dans un pays comme Maurice. L’interculturalité et l’interreligieux, c’est notre beauté. Cela permet d’éviter les dérapages et apporte la paix intérieure. »

La spiritualité au service de la société

En dehors de la religion, l’achagar Soondarajen Maistry est très engagé sur le plan social. Cela fait 27 ans qu’il visite les prisons, pour la réhabilitation des détenus. « Au fil des années, j’ai pu créer un lien avec les détenus. Ils me respectent tous. Je les accompagne dans leur réhabilitation à travers la spiritualité. » À ce sujet, il est d’avis que l’État devrait mettre sur pied une institution pour la réhabilitation des ex-détenus. « Sur dix qui sortent, il y en a souvent six ou sept qui reviennent en prison. Il faut leur donner une chance de se réintégrer dans la société à travers un accompagnement approprié. »

Une telle institution, ajoute-t-il, accueillerait ceux qui sortent de prison et les aiderait à trouver un emploi et un toit en vue de leur réintégration. « La spiritualité, c’est aussi une voie vers la réhabilitation. » Parlant du problème de drogue, il estime que Maurice est à un tournant, avec la situation actuelle. Il plaide pour une consolidation de la cellule familiale, notamment à travers la préparation au mariage et l’éducation conjugale. « Lors des cérémonies de renouvellement du mariage, chez les Tamouls, j’en parle souvent. La première éducation se fait à la maison. Il faut privilégier les valeurs humaines et donner les bonnes bases aux enfants. »

Il invite ainsi à faire attention et ne pas donner toutes les facilités aux enfants. « Aujourd’hui, on voit des enfants avec des portables hyper sophistiqués. Quelle en est l’utilité ? Cette tendance au numérique pousse les enfants vers l’isolement. Ils ne fréquentent personne. Les parents doivent savoir canaliser leurs enfants vers des choses saines. Quand j’étais jeune, j’étais scout. Cela m’a permis de faire le tour de l’île. J’ai campé avec le père David. La jeunesse c’est notre richesse, il ne faut pas les perdre. »

Fait citoyen d’honneur de la ville de Beau-Bassin/Rose-Hill, il se dit heureux d’être au service de son pays. Il estime toutefois, qu’il ne faut pas mêler la politique et la religion. « Ce n’est pas normal qu’un politicien soit appelé à prendre la parole dans un lieu de culte. La politique c’est une chose et la religion c’est autre chose. » Ceux qui viennent dans le temple où il sert, précise-t-il, viennent pour prier, comme tout le monde. « Ils sont traités comme n’importe quel dévot qui participe aux prières. »

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