Daniel Featherston, conseiller climat au Haut-commissariat d’Australie Nairobi : « Ce changement climatique est réel, il est temps d’agir, mais nous ne pouvons pas agir seuls »

Daniel Featherston, conseiller climat haut-commissariat d’Australie Nairobi, Daniel Featherston était à Maurice cette semaine afin de procéder au lancement de la campagne visant à promouvoir la candidature de l’Australie pour accueillir la COP 31 en 2026. L’Australie est, avec la Turquie, les deux pays intéressés à accueillir cette réunion désormais annuelle. Durant son séjour à Maurice il a eu l’occasion de rencontrer les autorités mauriciennes et a procédé au lancement officiel de la campagne lors d’une cérémonie organisée à l’hôtel Labourdonnais mardi en présence du ministre de l’Environnement Rajesh Bhagwan. Nous l’avons rencontré pour parler de la candidature australienne et des énergies renouvelables.

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Quel est le but de votre visite à Maurice ?
Je suis à Maurice dans le cadre d’une mission visant à promouvoir la candidature de l’Australie pour accueillir la COP 31 l’année prochaine. Ma mission consiste en partie à essayer de comprendre les perspectives de l’Afrique sur le changement climatique et ce qui est important pour Maurice afin que nous puissions les intégrer dans le cadre de l’ordre du jour de la COP 31. L’énergie renouvelable est pour moi une évidence pour l’île.

Votre mission couvre-t-elle uniquement Maurice ?
Non, je suis conseiller climat au Haut-Commissariat d’Australie à Nairobi, pour l’ensemble du continent africain. Cette visite inclut aussi les Seychelles, avant de repartir pour l’Afrique de l’Ouest et le Sommet africain sur le climat à Addis-Abeba.

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Pourquoi l’Australie veut-elle accueillir la COP 31 ?
L’Australie reconnaît que le changement climatique est réel, qu’il se produit maintenant et que nous devons en atténuer les pires effets. Nous refusons de rester les bras croisés, à attendre que quelqu’un d’autre prenne les devants. Il est temps d’agir, mais nous ne pouvons pas agir seuls.

Comme de nombreux pays africains, l’Australie est confrontée à de graves risques climatiques, à des vagues de chaleur, à des sécheresses et à un stress écosystémique. L’Australie reconnaît que l’Afrique n’a pas contribué à la crise climatique au même niveau que d’autres pays. Nous reconnaissons également que l’Afrique est touchée de manière disproportionnée par les impacts du changement climatique, en particulier par rapport à sa contribution aux émissions.

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Quelles sont les actions concrètes que l’Australie prend pour lutter contre le changement climatique ?
Pour l’Australie, nous savons que la décarbonisation de notre économie sera un défi, mais c’est un défi auquel nous sommes absolument engagés. L’Australie a déjà légiféré sur des objectifs ambitieux de réduction des émissions, de sorte que nous atteindrons 43 % en dessous de 2005 d’ici 2030 et atteindrons la neutralité carbone d’ici 2050. Nous exigeons de nos principaux émetteurs, qui couvrent environ 30 % de nos émissions totales, qu’ils atteignent également la carboneutralité d’ici 2050.

Vous savez, le changement climatique a un impact interne en Australie. Certaines régions atteignent régulièrement 45 à 50 °C, ce qui menace notamment les communautés qui y vivent. Nous travaillons à remplacer les industries fossiles par des secteurs d’énergies renouvelables dont le solaire.
Une maison sur trois a des panneaux solaires sur le toit. Même mes parents, âgés de plus de 80 ans, en ont installé et ne paient plus d’électricité. Ce succès vient d’une politique claire, d’objectifs précis et d’un environnement favorable à l’investissement privé.

Comment l’Australie envisage-t-elle de collaborer avec Maurice pour la COP 31 ?
Nous considérons que l’accueil potentiel de la COP 31 par l’Australie est une occasion pour les puissances moyennes, comme l’Australie et Maurice, de s’associer et de faire pression en faveur d’une action climatique inclusive et axée sur les résultats. Nous sommes impatients d’élaborer un plan pragmatique et ciblé pour la COP 31 en partenariat avec des pays comme Maurice de manière à ce que la COP 31 puisse mettre en évidence les défis uniques auxquels sont confrontés ces pays. L’énergie solaire est utile, mais elle prend beaucoup de place. Et sur une petite île comme l’île Maurice, vous n’avez peut-être pas ces opportunités. Les parcs éoliens offshore pourraient donc être une option viable pour vous. … Les parcs éoliens peuvent être très controversés dans certaines communautés. Ils sont placés au large de la côte, loin des yeux, loin du cœur, mais ils produisent toujours de l’énergie. Je veux dire, c’est une opportunité que Maurice pourrait aussi saisir.

Votre pays est également très développé dans le domaine de l’éolienne offshore comment pourrait-il aider Maurice dans ce domaine ?
Pourquoi pas. Il faut généralement environ deux ans avant que les parcs éoliens ne soient considérés comme des investissements. Et nous disposons d’outils qui peuvent soutenir les prévisions et l’observation des parcs éoliens.

De quels outils parlez-vous ?
L’Australie dispose d’outils extraordinaires en termes d’imagerie satellitaire qui peuvent réellement aider les gouvernements à voir où les impacts du changement climatique se produisent. Un exemple est Digital Earth Africa, un outil extraordinaire en termes d’imagerie satellitaire fourni par le gouvernement australien. Il rassemble plusieurs images satellites et permet de cartographier les impacts locaux du changement climatique. Cet outil est disponible. Il est capable même d’évaluer la quantité de carbone stockée dans le sol. Il est mis à jour régulièrement, avec une imagerie au moins hebdomadaire. Les planificateurs politiques peuvent donc l’utiliser facilement.

Concernant l’énergie à Maurice, quel constat faites-vous ?
La sécurité énergétique est une priorité, surtout pour un pays comme Maurice qui dépend beaucoup du charbon. Nous ne pourrons pas nous en passer tant que les énergies renouvelables n’auront pas pris le relais. En Australie nous savons qu’un approvisionnement énergétique fiable est essentiel à la croissance économique et à la transition vers une économie verte. L’Australie a investi de longue date dans ses ressources énergétiques fiables

Comment conjuguer efficacité énergétique et nouvelles capacités de production ?
On peut d’abord améliorer l’efficacité énergétique, mais cela a ses limites. Ensuite, il faut augmenter la capacité via le solaire, l’éolien et le stockage par batteries. C’est coûteux, mais les prix, notamment des panneaux solaires, baissent fortement.

Qu’attendez-vous de la COP30 au Brésil ?
Nous voulons que ce soit un succès, car les résultats influenceront la COP31. Malgré quelques défis logistiques, nous faisons confiance au Brésil. Par ailleurs, nous suivons aussi les négociations sur le traité mondial sur les plastiques.

L’Australie a-t-elle déjà fixé ses objectifs climatiques ?
Oui, ils sont inscrits dans la loi : carboneutralité d’ici 2050. Nous voulons aussi être la voix des “puissances moyennes” pour obtenir de bons résultats.
Comment se présente la situation dans le Pacifique ?
Les défis y sont plus importants que dans l’océan Indien : économies petites, catastrophes climatiques fréquentes et coûteuses. L’Australie a conclu un accord avec Tuvalu pour offrir un “refuge climatique” et des opportunités économiques.

Pensez-vous que le changement climatique doit être la priorité numéro un des gouvernements ?
Pas la seule, mais il aggrave tous les autres problèmes : pauvreté, agriculture, sécurité alimentaire, inégalités de genre. C’est donc un facteur transversal majeur.

Que souhaitez-vous pour Maurice ?
J’aimerais voir se développer ici aussi ces opportunités, avec un mix éolien, solaire, et pourquoi pas l’énergie houlomotrice. Maurice dispose de ressources naturelles abondantes.

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