Hypocrites !

Le monde entier retenait son souffle dans le sillage des grandes manœuvres au sommet du monde avec les rencontres successives entre Donald Trump, Vladimir Poutine et, par la suite, la délégation européenne et Volodymyr Zelenskyy. Durant plusieurs jours, les regards sont restés braqués sur la tournure que prendraient les choses. Ce n’est évidemment pas tous les jours que les grandes puissances se déplacent et prennent le temps trouver des pistes de réponses. Le conflit qui s’enlise entre l’Ukraine et la Russie a occasionné cette démarche.

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Aux quatre coins du globe, chacun prie pour que les choses aillent dans le bon sens. Moins de guerres, de souffrances humaines, et les populations ne s’en porteront que mieux. Pendant que se tenaient ces grandes rencontres et que les discours des uns et des autres des leaders mondiaux étaient scrutés attentivement, le génocide se déroulait dans une fureur inimaginable à Gaza, en Palestine. Pourtant, via les médias classiques internationaux, pas un mot, pas une syllabe… Comme si cette horreur n’existait pas.

Comment interpréter ce « double standard » ? Les Russes autant que les Ukrainiens souffrent, mais pas les Palestiniens ? Évitons les débats creux et arides de comparaisons « senn-la pe soufer plis ki lotla ». Et tout autant que le sujet ne concerne que le monde musulman. La détresse d’un seul enfant au monde suffit à ne pas baisser les yeux, s’enfermer dans l’indifférence, le silence coupable. Au bout de 22 mois d’une rare rage d’en finir avec les Palestiniens, de les raser de la surface de la Terre, de les chasser, tels des animaux de leur territoire, jusqu’ici, aucune solution ! Des bribes, des annonces et des propositions. Mais concrètement ? Tout cela sonne tellement faux et hypocrite !

Est-ce juste que le Palestinien lambda ait à payer un prix aussi fort parce que des fanatiques et des extrémistes ont pris en otage son droit de vie ? N’y a-t-il donc aucune politique d’équilibre et de juste mesure que les leaders du monde puissent appliquer ? Avec une offensive encore plus meurtrière engagée ces derniers jours par l’armée sioniste de Benjamin Netanyahu, le Secrétaire général de l’Onu, António Guterres, a renouvelé ses appels en faveur d’un cessez-le-feu immédiat « afin d’éviter les morts et les destructions » qu’une attaque « causerait inévitablement ». Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré que de nouveaux déplacements et une intensification des hostilités « risquent d’aggraver une situation déjà catastrophique » pour les 2,1 millions d’habitants de Gaza.

Le gouvernement israélien a annoncé, lui, son intention de conquérir toute la bande de Gaza après l’échec, le mois dernier, des négociations indirectes avec le Hamas sur un accord de cessez-le-feu et de libération des otages. Sur les 61 000 morts recensés depuis le 7 octobre 2023, plus de 18 000 sont des enfants, selon les agences des Nations Unies. Tout ce qui se déroule sous nos yeux doit irrémédiablement être perçu comme une leçon. Notre monde n’est pas à une catastrophe près. Mais le choix d’y remédier dépend de chacun d’entre nous.

Sur le plan local, le bal des policiers qui font déshonneur à leur uniforme continue. De toute l’histoire de notre jeune démocratie, on aurait peu imaginé à quel point le scandale du Reward Money puisse atteindre de telles proportions. Et l’affaire ne fait que commencer, selon les autorités. Des hauts grades de notre force policière, des Mauriciens à qui la sécurité nationale a été confiée, n’ont pas hésité à trahir la population. Pour l’appât du gain. Pour des raisons aussi veules qu’ignobles !

Ne serait-il pas avisé, de pair avec les déroulements des affaires actuelles, que des cellules à caractère sociales, humaines et éducatives soient élaborées et activées ? Les dernières décennies ont vu une telle érosion de nos valeurs – républicaines, démocrates et humaines – au point où un “lifting”, ou des exercices de remises à niveau, sont les bienvenus. La conjoncture nationale actuelle s’y prête d’ailleurs.

Et parallèlement, avec l’éclatement des foyers, la lente mais sûre déchirure du tissu social, sur fond de dégradations des mœurs, de pauvreté exacerbée et extrême, de pièges mortels que sont les drogues, la prostitution et le crime, réagir devient une exigence. Autrement, la fracture risque d’être irréversible.

Husna Ramjanally

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