Le Chief Commercial Officer Laurent Recoura en porte-à-faux face au tandem Beegoo/Thomas
Mais que se passe-t-il avec Andre Viljoen, censé prendre les commandes d’Air Mauritius à compter du 15 octobre ? Depuis plusieurs semaines, des conjectures circulent sur les réseaux sociaux, alimentées notamment par un certain Ben Kush, qui se présente comme un professionnel fort de 30 ans d’expérience dans l’aviation. Selon ses publications, le Chief Executive Officer de Fiji Airways aurait quitté précipitamment la compagnie le 7 août dernier, embarquant sur un vol Virgin Airlines à destination de Brisbane, plutôt que sur un appareil de la compagnie qu’il dirigeait encore. Un geste qui interroge… Ben Kush affirme en outre que « Viljoen is allegedly in Mauritius, but here is hoping he’d be back to give recorded testimony in the first week of next month regarding the arms on board aircraft .»
Dans son édition du 30 août, The Fiji Times confirme que la Magistrate’s Court de Nadi a rejeté une requête du bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) concernant Andre Viljoen. Le DPP souhaitait qu’il soit entendu par commission rogatoire, en raison de son départ imminent. Le magistrat Semi Babitu a jugé qu’un tel dispositif nécessitait l’accord de toutes les parties, ce qui n’était pas le cas. L’accusation a néanmoins souligné le rôle crucial du dirigeant de Fiji Airways dans l’affaire, indiquant que « Mr Viljoen was one of the most important witnesses and that he was about to finish off his contract with Fiji Airways by the end of September. » Cette procédure porte sur 66 chefs d’accusation liés au transport illégal d’une arme à feu. L’affaire a été ajournée au 26 septembre.
Entre-temps, tout comme Air Mauritius, Fiji Airways traverse une zone de fortes turbulences. La compagnie n’a toujours pas publié ses états financiers pour l’exercice clos au 31 décembre 2024. Sur Facebook, certains titres alarmistes circulent : « Fiji Airways boss flees, national airline left headless ». Les posts rappellent que Viljoen devait comparaître pour une audition filmée dans le cadre du dossier Arms on Board, mais qu’il aurait préféré s’éclipser, laissant Fiji Airways sans leadership, alors même que sa démission officielle ne devait prendre effet qu’à la fin septembre. Depuis, aucun CEO par intérim n’a été désigné.
Dans ce contexte incertain, Air Mauritius, qui attend Andre Viljoen à sa tête à la mi-octobre, reste elle-même en proie aux secousses. Lors d’une conférence de presse samedi dernier, le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, a reconnu l’ampleur des défis auxquels fait face la compagnie aérienne nationale.
Et les tensions ne s’arrêtent pas là : le retour de Laurent Recoura au poste de Chief Commercial Officer, salué par beaucoup comme une revanche après son départ forcé sous l’ère Charles Cartier, semble déjà compromis. Les premières frictions entre lui et la nouvelle direction – en particulier le tandem Kishore Beegoo/Dass Thomas – sont déjà apparues.
Le 15 août, lors d’un point de presse du président du conseil d’administration, Kishore Beegoo, l’absence remarquée du Chief Commercial Officer a fait jaser les observateurs. En coulisses, les langues se délient : certains évoquent un désaccord lié à des billets accordés à tarif préférentiel au groupe UB40, une initiative qui aurait été prise en marge des procédures habituelles. Laurent Recoura est accusé de n’avoir pas respecté les instructions et d’avoir pris des décisions sans consulter le Managing Committee. L’affaire UB40 ne serait pas sa première incartade : il aurait également décidé seul d’Upgrade un haut gradé d’Air India. Une initiative qui aurait fortement déplu à la direction, qui ne s’est pas fait prier pour accuser Laurent Recoura de faire cavalier seul.
Pour celui qui avait déjà connu suspensions et tensions par le passé, ce retour chez MK devait symboliser un nouveau départ dans la sérénité. Mais il doit désormais marcher sur des œufs pour éviter d’autres conflits avec les Top Guns du Paille-en-Queue Court. Ce professionnel étranger, dont la marge de manœuvre a été restreinte, n’est définitivement pas en odeur de sainteté et figure déjà sur la Grey List du Chairman. Il doit jouer profil bas, faire le moins de bruit possible et surtout protéger ses arrières. L’atmosphère est très pesante dans le cockpit managérial d’Air Mauritius et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à la veille de l’arrivée d’Andre Viljoen, les doutes grandissent sur la stabilité de l’état-major de la compagnie aérienne nationale.