Le conseil des ministres a validé, vendredi dernier, la nomination de Caroline Arekion comme nouvelle directrice de la Special Education Needs Authority (SENA). Cette nouvelle a surpris plus d’un car cette dernière était la directrice de l’Early Childhood Care and Education (ECCEA), jusqu’à tout récemment. Elle avait quitté son poste après la débâcle du gouvernement Jugnauth aux élections du 10 novembre 2024.
Par quelle porte est-elle passée ? C’est la grande question que se posent les éducateurs du secteur Special Education Needs (SEN) actuellement. Caroline Arekion, ancienne directrice de l’ECCEA, vient en effet d’être nommée à la SENA. Elle succède ainsi à Arvind Authelsing, qui avait été prié de « lev pake ale », avec l’arrivée du nouveau ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad.
Pourtant, quelques semaines plus tôt, Caroline Arekion avait, elle-même, « lev pake » de l’ECCEA. Son cas est dorénavant commenté comme un épisode inédit de « lev pake retourne ». Ce qui révolte le plus les éducateurs de ce secteur, c’est que la nouvelle directrice ne semble pas avoir d’expérience dans le domaine du Special Education Needs (SEN). Son profil LinkedIn indique qu’elle est plutôt une spécialiste de la petite enfance. D’où son affectation à l’ECCEA, sous l’ancien régime.
Caroline Arekion détient en effet un MS in Early Childhood Education, de la Walden University, qui offre des cours en ligne. Elle a également été Lecturer en Early Childhood au Mauritius Institute of Education (MIE). Son profil indique qu’elle a également travaillé comme éducatrice.
Au-delà du milieu professionnel, elle fait également partie de la Charis Charitable Foundation. Cette entité procède à des levées de fonds pour des œuvres charitables. Les co-fondateurs de la Charis Charitable Foundation sont le Dr James Arekion et la magistrate Shefali Ganoo-Arekion. Le premier nommé est associé à la Christian Family Church International. Ses sermons sont diffusés en ligne sur You Tube.
Caroline Arekion est l’une des responsables du projet Kairos, au sein de la fondation. Ce projet est axé sur l’éducation et l’autonomisation des adultes et des jeunes enfants. Charis Charitable Foundation œuvre également contre la pauvreté et la violence domestique. Dans ce contexte, une maison d’accueil pour les victimes de violence domestique, la maison Tamar, a été inaugurée le 7 mai 2022. On peut apercevoir sur les photos de l’inauguration, les anciens ministres Alan Ganoo, Kalpana Koonjoo-Shah et Avinash Teeluck.
C’est en 2019 que Caroline Arekion a été nommée directrice de l’ECCEA, après un appel à candidatures. Sa sélection avait donné lieu à des mécontentements, notamment de la part de la directrice sortante de l’ECCEA, Amrita Kistamah, proche du Parti travailliste et qui avait aussi participé à cet exercice. Elle déplorait le fait de n’avoir pas été appelée pour les entretiens, en dépit du fait qu’elle possédait plus de qualifications.
L’une des plus grandes responsabilités que Caroline Arekion a eues à assumer à l’ECCEA, est la mise en œuvre du projet de préscolaire gratuit. À la SENA, elle aura du pain sur la planche, notamment avec les incohérences du NRB qui a laissé les managers des écoles sur la touche et le manque de spécialistes dans certains domaines comme l’orthophonie. Il y a eu, également, tout récemment, le scandale des salaires impayés de certains éducateurs.
Même si, techniquement, c’est le board de la SENA, présidé par le Dr Veemen Kalisetty Appadu, qui recrute son personnel, l’on retient tout de même que la nomination de Caroline Arekion comme directrice a été validée par le conseil des ministres. Ce qui provoque la grogne dans le secteur, particulièrement chez ceux qui sont proches des partis au pouvoir.
Entre-temps, à l’ECCEA, après le départ de Caroline Arekion, c’est Devika Gunness, qui n’est autre que l’épouse du ministre Ajay Gunness, qui a été nommée Officer-in-Charge. Elle avait démarré sa carrière dans le préscolaire privé avant d’être recrutée à l’ECCEA. Si beaucoup s’attendent à sa titularisation, vu le poste occupé par son époux, le retour d’Amrita Kistamah est aussi évoqué avec insistance dans le milieu.
