Communication des Stewards de la HRID/GRA : Un protocole imposé… pour mieux contrôler l’information

La Gambling Regulatory Authority (GRA), par le biais de la Horse Racing Integrity Division (HRID), a publié tard dans la soirée de jeudi (hier soir) un protocole de communication inédit pour encadrer les enquêtes menées par les Stipendiary Stewards. L’objectif déclaré : garantir l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité du processus disciplinaire et crédibiliser la HRID comme acteur clé et d’encadrer la communication pour éviter toute contestation sur sa neutralité.

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Le texte précise que l’objectif est de fixer des lignes directrices de communication avec la presse concernant les enquêtes menées par les Stewards. En apparence, il s’agit de transparence : fournir des informations ordonnées, régulières, et accessibles.Mais en pratique, on constate que la presse est reléguée à un rôle récepteur passif, avec interdiction de poser des questions en amont ou pendant les enquêtes.
Ce que prévoit le protocole

Selon le document, plusieurs dispositions nouvelles entreront en vigueur :
• Fin des échanges directs entre Stewards et journalistes : les Stewards n’auront plus le droit de commenter ou de répondre à la presse durant une enquête en cours.
• Canal unique de diffusion : toute communication passera désormais par le département de communication de la GRA/HRID.
• Communiqués standardisés : les informations transmises seront rédigées sous forme de bulletins officiels, avec un contenu limité aux faits jugés essentiels.
• Temps de communication différé : aucune déclaration ne sera publiée tant que l’enquête n’est pas achevée, sauf décision expresse de la GRA.
• Restriction des commentaires post-décision : même après la conclusion d’une affaire, les Stewards devront limiter leurs explications à ce qui est consigné dans les rapports officiels.
Cela aboutira à un dialogue inexistant puisqu’il n’ y a aucun mécanisme de consultation préalable avec la presse, qui se retrouve ainsi marginalisée. Par ailleurs l’information ne peut pas être adaptée au rythme des débats publics ou des suspicions immédiates. Ce qui est en contradiction avec la mission d’intégrité de la HRID: en cherchant à protéger l’impartialité, le protocole risque d’alimenter au contraire la méfiance et les soupçons. Enfin les Stewards peuvent exclure, sanctionner, limiter l’accès — sans garde-fou indépendant, ce qui constitue un pouvoir discrétionnaire en contradiction avec sa mission.
Les arguments de la GRA pour serrer la vis
Pour l’instance régulatrice, ces règles sont nécessaires afin d’éviter les fuites, les spéculations médiatiques et les pressions extérieures qui pourraient nuire au bon déroulement des enquêtes. Le protocole entend ainsi protéger les Stewards, mais aussi renforcer la crédibilité des décisions disciplinaires en réduisant tout soupçon d’influence. Dans son communiqué, la GRA insiste sur la nécessité de limiter les interactions publiques des Stewards, pour que leurs décisions ne soient influencées ni par les pressions externes ni par des spéculations médiatiques.
Deux types de rapports structurent le dispositif :
• Interim Stipes Report (I-SR) : remis à la presse à la fin de chaque journée de courses, il inclut :
• les décisions prises immédiatement,
• les enquêtes ouvertes,
• des éléments vétérinaires.
• Final Stipes Report (F-SR) : diffusé le mardi suivant à 16h30, une fois les enquêtes terminées.
Ces documents sont mis en ligne (GRA + organisateur des courses) et envoyés à la presse, ce qui constitue une rigidité aux pratiques actuelles, l’accès à l’information dépend entièrement du bon vouloir des Stewards et du calendrier fixé, sans interaction directe.
Le protocole impose une série de règles strictes :
• Admission limitée : seuls quelques journalistes « mainstream spécialisés » peuvent entrer en salle des Stewards.
• Comportement attendu : interdiction de commenter, d’interroger ou d’interférer.
• Exclusion possible : tout manquement entraîne l’expulsion immédiate.
• Technologies bannies : pas d’audio, vidéo ni photo.
• Questions différées : les journalistes ne peuvent poser des questions qu’après publication du rapport final, et uniquement via le service communication de la GRA.
• Obligation d’assister à l’intégralité d’une enquête pour pouvoir rapporter correctement.

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Cette section révèle une vision très restrictive du rôle de la presse, réduite à l’observation muette. Elle érige la neutralité des Stewards en principe absolu, mais au prix d’une perte de transparence et d’interactivité. Le paradoxe dans cette nouvelle politique c’est que la transparence est institutionnalisée, mais filtrée et verrouillée.

Les limites d’une décision unilatérale qui fera du bruit

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Si l’objectif affiché est surréaliste — préserver l’intégrité et la crédibilité des instances hippiques —, la démarche soulève néanmoins des interrogations. Le protocole a été élaboré et imposé sans concertation préalable avec la presse spécialisée. Or, celle-ci joue un rôle fondamental dans la transparence du système : informer le public, garantir une circulation équilibrée des faits, et prévenir les suspicions d’arbitraire.
En procédant de manière unilatérale, la GRA prend le risque de créer l’effet inverse de celui recherché : une perte de confiance. L’opacité nourrit les doutes et alimente les critiques sur une justice hippique jugée parfois à « géométrie variable ».

Une réunion qui aurait pu éviter la discorde
Une consultation préalable avec les journalistes spécialisés aurait permis de trouver un compromis : concilier la nécessaire réserve des Stewards avec le droit légitime du public à une information rapide, précise et indépendante. Des propositions pratiques auraient pu émerger :
• définir des points de communication réguliers et officiels,
• encadrer les délais de diffusion des décisions,
• prévoir un mécanisme clair de questions-réponses post-enquête.
En choisissant la voie de l’imposition plutôt que du dialogue, la GRA s’expose à un climat de défiance durable. Une collaboration avec la presse aurait au contraire renforcé la légitimité de ses décisions. Quoiqu’il en soit le mode de discussion à travers la cellule de communication va créer plus de problèmes , surtout de compréhension des subtilités hippiques, que les contacts directs avec les stipes. Ceci sans préjudice à la personne qui occupe le poste de communicant pour la GRA/HRID….

Un silence qui est un gage de non-transparence
En imposant son protocole de communication, la GRA prétend protéger l’intégrité des Stewards. Mais à trop vouloir verrouiller la parole, elle prend le risque d’étouffer le débat et d’alimenter la suspicion. Car dans les courses, plus que dans tout autre domaine, la confiance du public se gagne par la transparence et l’explication, pas par le silence imposé.
Ce protocole se présente comme une tentative d’objectiver et professionnaliser la communication autour des enquêtes des Stewards. Il apporte une structure et un calendrier clairs, ce qui peut aider à mieux encadrer la diffusion de l’information.

Mais il révèle surtout une conception hiérarchique et fermée des rapports entre autorités hippiques et presse. La presse est tolérée mais sous conditions strictes : spectatrice et non actrice.La transparence est formelle, pas dialogique : tout passe par des rapports officiels, sans interaction ni possibilité de contre-questionner. En somme, c’est un protocole de contrôle de l’information davantage qu’un protocole de transparence.
La presse spécialisée n’est pas un adversaire, mais un relais essentiel entre les instances et les turfistes. L’écarter de l’équation, c’est fragiliser le lien de confiance avec le public turfiste déjà mis à rude épreuve par des décisions contestées et une justice jugée parfois incohérente. Un protocole préalablement concerté, discuté et adapté aurait pu renforcer la crédibilité du système.

À défaut, la GRA s’enferme dans une logique unilatérale qui ressemble davantage à une manœuvre de contrôle qu’à un véritable effort d’intégrité. Cette décision de la GRA/HRID/ Racing Stewards va faire couler beaucoup d’encre…

 

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