700 jours

Cela fera 700 jours, cette semaine, qu’Israël a commencé son opération militaire dont l’objectif est de raser la bande de Gaza de la surface de la Terre. Ce qui avait été présenté comme une riposte, après l’attaque terroriste sur des citoyens israéliens dont certains avaient été pris en otage, s’est rapidement transformé en une opération de vengeance et de destruction totale d’une bande de terre, où avaient été parqués deux millions de Palestiniens. Mais en dépit de la puissance des armes ultrasophistiquées de l’armée israélienne – fabriquées et fournies par les usines américaines et celles de pays qui se gargarisent du terme démocratie dans les forums internationaux — en 700 jours, elle n’a réussi à contrôler que 40 pour cent du territoire qu’elle a pour mission d’anéantir. Depuis 700 jours, l’une des armées les plus puissantes du monde s’acharne à exterminer toute trace des combattants du Hamas, qu’elle confond volontairement avec les habitants de la bande de Gaza. Qu’ils soient des nourrissons, des enfants, des femmes des vieillards, des handicapés ou des blessés.

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Ces deux dernières catégories étant souvent des victimes des tirs israéliens. Depuis 700 jours, l’armée israélienne fait pleuvoir un déluge d’obus et de bombes pour faire s’écrouler les immeubles de ce qui fut autrefois une ville, qu’ils abritent des lieux de culte, des écoles, des habitations ou des hôpitaux. Elle semble avoir fait des hôpitaux l’une de ses cibles privilégiées, tout comme les journalistes qui informent le monde de l’avancée du génocide et de la famine.
Pendant ces 700 jours, les grandes puissances, qui se présentent comme les défenseurs, les gardiens et les garants de la démocratie, ont laissé Israël détruire Gaza et massacrer ses habitants. À part quelques exceptions notables, ces gouvernements ont ouvertement soutenu Israël, son gouvernement et son Premier ministre à qui ils ont rendu des visites de solidarité et qu’ils ont accueilli chez eux. Il a fallu que des pays moins complaisants commencent à faire entendre un discours différent des leurs, à utiliser le mot génocide puis, plus tard, le terme de famine organisée, pour que les grandes puissances changent, timidement, en apparence, de position.

Alors que le génocide continuait et que la famine devenait partie du quotidien, ils ont menacé Israël de reconnaitre la Palestine. Pas immédiatement. Ils ont promis de le faire lors de l’assemblée générale des Nations-Unies en septembre. Une réunion annuelle qui risque d’être privée d’une bonne partie de ses participants, Donald Trump, l’allié inconditionnel d’Israël, menaçant de ne pas laisser entrer sur le territoire américain — où se trouve le siège des Nations-Unies — ceux qu’il considère comme étant ses ennemis, et par conséquent ceux d’Israël. On peut se demander, objectivement, si le délai pour la reconnaissance de la Palestine et de la solution à deux États, n’est pas une manière de laisser l’armée israélienne terminer son œuvre de destruction. Afin que, lorsque le moment de tenir la promesse de reconnaissance sera venu, il ne reste plus rien de Gaza. Les plus cyniques n’hésitent pas à se demander si cette reconnaissance programmée pour septembre ne serait pas, en fait, une collaboration, à peine déguisée, des défenseurs de la démocratie avec la stratégie de destruction de la bande de Gaza d’Israël.

Cela fait 700 jours que Gaza croule sous les bombes, que ses habitants sont chassés d’un bout à l’autre de cette prison à ciel ouvert transformée en champ de ruines. Mais malgré le manque d’eau, de vivres, de médicaments, malgré les conditions de génocide et de famine mises en pratique et entretenues, la majeure partie des Gazaouis est encore là, survivant dans les décombres, avec ce qui leur reste de famille et résistent sans armes, juste avec leur volonté de vivre sur leur terre, à l’une des meilleures armées du monde. Pendant des années, grâce à une propagande très bien faite, on a chanté la capacité de résistance des juifs européens enfermés dans les ghettos construits par l’armée allemande, dans le cadre de la solution finale des nazis. Pendant des années, grâce à des livres, des films et des émissions télévisées, on a célébré les résistants juifs qui se sont battus à main nues contre les chars et les armes de l’armée nazie. Aujourd’hui, quatre-vingts ans après, ce sont les descendants des héros et des rescapés de l’Holocauste qui se sont transformés en nazis pour faire aux Palestiniens ce que leurs parents ont subi de l’armée d’Hitler. En effet, quelle différence y a-t-il entre les nazis de la Seconde Guerre mondiale et les soldats israéliens qui, aujourd’hui, détruisent Gaza et affament ses habitants ?
Les descendants des victimes sont devenus des bourreaux.

Jean-Claude Antoine

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