En marge du Jubilé des Pauvres organisé par le diocèse de Port-Louis, qui coïncide avec le pèlerinage du Père Jacques Désiré Laval, Le-Mauricien rouvre le débat sur la pauvreté à Maurice à travers trois interlocuteurs, à savoir Gérard Mongelard, vicaire épiscopal pour la justice sociale, Sheila Bunwaree, ancienne chercheuse à l’Université de Maurice, et qui a publié plusieurs documents sur la pauvreté, ainsi que le père Filip Fanchette, qui a eu l’occasion de se pencher sur la question de pauvreté non seulement à Maurice mais également à l’étranger. Il ressort que la pauvreté se présente sous de multiples visages. Elle prend de plus en plus une dimension morale et spirituelle.
Gérard Mongerard annonce que des représentants d’ONG seront à Bangladesh, Tranquebar, samedi matin pour écouter les habitants qui vivent dans l’extrême pauvreté. Sheila Bunwaree estime qu’il faut cesser de se contenter de dire que la pauvreté à Maurice n’est pas absolue mais relative. « Relative ou absolue, la pauvreté est le résultat d’une volonté de continuer à accumuler des profits disproportionnés, à exploiter des gens, à créer des espaces hiérarchiques. La pauvreté reflète aussi une mauvaise gestion des ressources ». Filip Fanchette partage, pour sa part, l’analyse de deux Prix Nobel de la paix concernant la pauvreté.
Gérard Mongelard, vicaire épiscopal pour la justice sociale
« Pas uniquement la situation matérielle et alimentaire »- Publicité -
Le jubilé des pauvres est l’apothéose du travail qui a été effectué depuis plusieurs mois auprès des pauvres. Pouvez-vous nous en parler ?
Lorsque Mgr Jean Michael Durhône a pris ses fonctions comme évêque de Port-Louis, il a procédé à la nomination des vicaires épiscopaux. J’ai été nommé vicaire épiscopal pour la justice sociale. J’ai pris cette responsabilité très à cœur. Toutefois, lors de nos discussions en groupe, je me suis rendu compte que nous parlions très peu des pauvres et j’ai soulevé la question avec l’évêque. Il a pris ma remarque en considération. À la suite de notre conversation, nous avons décidé de nous mettre à l’écoute des pauvres, comme le fait ATD Quart Monde.
J’ai donc constitué une petite équipe composée, entre autres, de Marie Michelle Etienne, de Pouba Essoo, membre d’ATD Quart Monde, d’une personne affectée à la prison et d’une jeune Rodriguaise bien versée dans la question de pauvreté. Et à chaque fois qu’il y a eu un jubilé cette année, nous avons demandé à la paroisse responsable de consacrer une journée aux pauvres.
C’est ainsi que nous avons écouté les détenus, les parents dont les enfants sont tombés dans l’enfer de la drogue, les anciens toxicomanes ainsi que ceux qui sont encore prisonniers de la drogue. Avec le jubilé des pauvres ce samedi 13 septembre, nous serons au Bangladesh, à Tranquebar, où 100 à 125 familles vivent dans une pauvreté extrême. Nous écouterons leurs cris. Une journée de séminaire est également prévue sur la violence et une autre consacrée aux migrants. À la fin de l’année, une compilation de tous ces témoignages sera réalisée et nous interpellerons les autorités concernées sur la situation des pauvres.
Comment ces exercices d’écoute vous ont-ils éclairé sur la situation des pauvres dans le pays ?
Il est important de préciser que la pauvreté ne concerne pas uniquement la situation matérielle et alimentaire. Elle ne se limite pas à ceux qui n’ont pas à manger ni à boire. Un roi peut vivre avec ses aides dans son château tout en connaissant une grande pauvreté et une profonde solitude. Il se peut qu’il ne soit plus entouré de sa famille, disloquée.
Donc, il n’y a pas seulement la pauvreté matérielle. Par exemple, les parents dont les enfants sont tombés dans la drogue : quelle pauvreté ! Il y a aussi les parents de deux enfants en prison. Je rencontre pratiquement tous les samedis les prisonniers, et comme le dit si bien le diacre Cadress Rungen : « Toutes les formes de pauvreté existent en prison. »
La pauvreté a de multiples visages. Elle touche les malades isolés, les migrants venus d’ailleurs qui vivent dans des conditions déplorables ici, sans logement décent…
C’est toute cette pauvreté-là que nous essayons d’écouter afin de pouvoir ensuite faire un plaidoyer pour tenter de faire bouger les choses.
Y a-t-il à Maurice des gens qui ne mangent pas à leur faim ?
Un rapport publié récemment par la FAO estime que le nombre de personnes qui ne mangent pas à leur faim est en hausse à Maurice. Il ne faut pas se fier aux grands travaux d’infrastructures visibles : ce sont bien souvent des cartes postales qui cachent une grande misère et une profonde pauvreté.
Dans sa démarche, quel message l’Église veut-elle transmettre à la société ?
Le message est clair : Jésus est venu pour les pauvres. Il dit lui-même qu’il est venu pour les pauvres et pour les pécheurs. Dans l’Évangile, on peut voir l’importance qu’il accorde aux pauvres et à la pauvreté. Il accorde une grande place aux lépreux, rejetés de la société. À sa naissance, ce sont les exclus, comme les bergers, qui sont venus le saluer et qui ont été les premiers à lui rendre hommage. Il y a aussi sa rencontre avec Zachée.
Ce sont des messages très forts. Les pauvres sont l’Église. Si l’Église ne s’occupe pas des pauvres, elle n’a plus sa raison d’être. Je crois en cela. Je crois que le rôle de l’Église est d’être aux côtés des plus pauvres. Lorsque je dis l’Église, je ne parle pas uniquement du clergé mais de tous les baptisés.
D’ailleurs, notre message est le suivant :« Avec le Père Laval, soyons des disciples d’espérance. »
Comment associez-vous le père Laval à votre démarche ?
Lorsque le Père Laval est arrivé à Maurice cinq à six ans après l’abolition de l’esclavage, les anciens esclaves étaient livrés à eux-mêmes. Ce qui avait donné lieu à toutes sortes de fléaux sociaux et laissé des séquelles aujourd’hui. Il ne les a pas jugés par le comportement, etc. Il les a traités sur un pied d’égalité.
Or, le Père Laval leur a donné la dignité à travers sa mission. Il ne s’est pas assis dans des bureaux mais a reçu dans une petite cabane – qui a été reproduite ces jours-ci à Ste-Croix.
À qui s’adresse le message de l’Église concernant la pauvreté ?
Tout le monde est concerné. Bien entendu, ceux qui sont au pouvoir ont le pouvoir décisionnel. Nous avons besoin d’eux ; nous avons également besoin du secteur privé et des ONG. Nous avons rencontré récemment le ministre du Logement, Shakeel Mohamed. Je suis confiant que nous pouvons entreprendre beaucoup de choses ensemble – non seulement partager nos connaissances et nos expériences mais également faire reculer la pauvreté sous toutes ses formes.
Vous venez de rencontrer le pape en compagnie des Chagossiens. Pouvez-vous nous en parler ?
C’était un moment très fort et émouvant. On a reçu un accueil pour le moins royal. Cette rencontre avec le pape, qui a duré presque une heure, a démontré que l’Église s’intéresse aux pauvres ; et le Vatican s’est toujours intéressé à la lutte des Chagossiens. Il a souligné le rôle des femmes dans le combat des Chagossiens dans le passé et c’est le témoignage de Mme Elysé, qui a bouleversé les juges au niveau de la Cour internationale de Justice ainsi que la force de la foi. Le pape a béni trois statues de la Vierge Marie – qui seront placées dans les grottes qui seront aménagées dans trois îles chagossiennes lorsque la délégation mauricienne s’y rendra à la fin de l’année. Le pape a finalement lancé un appel très fort pour demander que cesse la domination des faibles par les forts.
En fin de compte, les Chagossiens symbolisent l’espérance pour démontrer que la misère n’est pas une fatalité. Nous pouvons combattre la pauvreté grâce à la persévérance, la solidarité et l’espérance.
Sheila Bunwaree « La pauvreté reflète une mauvaise gestion des ressources »

Comment définissez-vous la pauvreté ?
La pauvreté n’est pas toujours facile à définir, car elle est multidimensionnelle et reste un sujet très complexe. Mais j’ai personnellement tendance à privilégier la définition offerte par Wresinski d’ATD Quart Monde. Wresinski nous dit que la pauvreté représente la violation des droits humains, et il ajoute que ce n’est pas qu’une question de ressources mais qu’il s’agit surtout de dignité humaine.
Wresinski poursuit : « … Ce n’est pas la faim, l’analphabétisme ou même le chômage qui sont le pire malheur pour les êtres humains. Le pire de tous les malheurs est de savoir que vous êtes considéré comme sans valeur au point que même votre souffrance est ignorée… »
Lorsque la souffrance des gens est ignorée et qu’une indifférence s’installe, nous devons nous demander à quoi bon avoir des États et des gouvernements ? Ces derniers doivent s’assurer que la société en question traite sa population avec dignité. Et pour ce faire, il faut avoir un sens d’écoute, de solidarité et une volonté de partager.
La pauvreté est loin d’être une affaire de chiffres telle qu’elle est conçue par la Banque mondiale ou le FMI. La mesure des 3 dollars par jour, telle que conçue par ces institutions financières, n’a pas de sens, car souvent la pauvreté est subtile et reste cachée. Les récits de vie des pauvres ne peuvent jamais être capturés par des chiffres et c’est pour cela aussi que le croisement des savoirs, comme méthodologie de travail incluant la voix des pauvres, est essentiel pour trouver des solutions.
Quand les modèles économiques et sociétaux encouragent la marginalisation et l’exclusion de certains groupes, quand ils ne leur permettent pas de faire des choix qui garantissent une qualité de vie, ou quand les droits fondamentaux ne sont pas respectés – le droit à la nourriture, le droit à un travail, à une santé de qualité, à un environnement sain –, on aura toujours des gens vivant dans la pauvreté.
Il faut cesser de se contenter de dire que la pauvreté à Maurice n’est pas absolue mais relative. Relative ou absolue, la pauvreté est le résultat d’une volonté de continuer à accumuler des profits disproportionnés, à exploiter des gens, à créer des espaces hiérarchiques. La pauvreté reflète aussi une mauvaise gestion des ressources.
Quelles sont les causes de la pauvreté ?
La pauvreté est provoquée par plusieurs facteurs, mais il faut bien comprendre que chaque contexte est différent et que les politiques sociales et économiques mises en place ont aussi un grand impact.
Prenons le cas mauricien. Beaucoup de gens vous diront que la pauvreté n’existe pas à Maurice, que des gouvernements successifs ont pris de multiples mesures pour faire sortir les gens de la misère, mais qu’il y a toujours des personnes qui ne veulent pas faire d’effort, qu’elles seraient paresseuses et ne veulent pas travailler. Tout cela nous rappelle la théorie très controversée de la « culture of poverty » de l’anthropologue Oscar Lewis dans les années 60.
Nous sommes aujourd’hui en 2025, et c’est malheureux qu’il y ait encore des gens qui continuent à avoir cette approche de « blame the victim », au lieu d’appréhender le problème autrement. Les raisons structurelles expliquant la pauvreté sont souvent mises à l’écart, alors qu’elles deviennent de plus en plus importantes.
Nous faisons face aujourd’hui à des crises multiples : la guerre et des conflits un peu partout dans le monde, causant une disruption in supply chains, la crise climatique, la food crisis et de nouvelles trade wars qui impactent la géostratégie et l’ordre mondial. La mondialisation est en train d’être reconfigurée d’une manière vertigineuse, ce qui entraîne de nouvelles formes d’inégalités et de pauvreté à travers le monde.
Ce que nous témoignons en ce moment, avec la décision abrupte et unilatérale de changer l’âge d’éligibilité pour la pension, est un exemple d’un manque de compréhension de la pauvreté intergénérationnelle et de la féminisation de la pauvreté. Est-ce que nos dirigeants réalisent à quel point ce changement impacte la qualité de vie de certaines personnes ?
La pauvreté ne touche pas tous les groupes d’une façon uniforme. Une approche intersectionnelle est donc très importante pour comprendre la pauvreté et ses causes.
Comment pouvons-nous nous débarrasser de la pauvreté ?
Aussi longtemps que nous allons promouvoir le système capitaliste fondé sur l’exploitation des travailleurs, incluant les femmes qui font un travail non rémunéré, la destruction de l’environnement et la concentration des richesses entre les mains de quelques familles, nous ne pourrons pas combattre la pauvreté.
C’est pour cela que j’insiste sur un nouveau modèle de développement – un modèle qui n’est pas centré sur la croissance orientée vers d’énormes profits, mais plutôt un modèle centré sur l’humain dans le vrai sens du terme.
Ce n’est pas en construisant de nouvelles infrastructures, en érigeant des shopping malls un peu partout, en bétonnant l’île et en détruisant l’environnement, ou en démantelant l’État-Providence, que nous pourrons résoudre le problème de la pauvreté. Victor Hugo nous disait que la pauvreté ne devrait pas seulement être soulagée, mais « détruite complètement ». Mais pour la détruire, il faut avant tout avoir la volonté et le courage politique de le faire.
Adresser le problème de la pauvreté demande qu’il n’y ait plus d’illettrisme, qu’il n’y ait pas de fracture numérique, qu’on développe un capital humain capable de répondre aux besoins de l’économie et de la société. Mais en regardant ce qui se passe dans le monde éducatif et de la formation, nous devenons sceptiques.
Nous avons eu les Assises de l’éducation et nous attendons toujours le fameux blueprint. Est-ce que ce dernier trouvera des solutions pour combattre l’illettrisme, pour préparer la jeunesse mauricienne aux exigences des nouveaux marchés du travail, pour retenir nos talents, pour encourager plus de jeunes à opter pour des filières STEM ? Va savoir ! Comment adresser l’inégalité de genre par rapport aux filières technologiques reste flou.
Combattre la pauvreté demande que nous préservons les emplois et que nous en encourageons bien d’autres. Mais autour de nous, chaque jour, nous voyons plus de licenciements que de créations d’emplois. Ce n’est certainement pas par le chômage croissant que nous résoudrons le problème de la pauvreté.
Beaucoup de dirigeants pensent qu’il faut créer davantage de richesses, faire grossir le gâteau national pour mieux partager. Mais en attendant, d’autres formes de pauvreté surgissent, rendant la situation plus complexe. À Maurice, nous avancerons que si nous taxons les riches, cela va tuer tout Incentive et décourager les investisseurs. Et pourtant, des études démontrent qu’il n’y a pas de corrélation directe.
Combattre la pauvreté demande à ce que la politique fiscale soit plus juste et équitable et qu’il y ait une politique monétaire capable de contrôler réellement les prix et la valeur de notre roupie. Des institutions qui ne fonctionnent pas dans l’intérêt du petit peuple ne font qu’empirer le problème.
Se cacher derrière l’argument qu’ils ne connaissaient pas l’ampleur du problème et que les mesures impopulaires qu’ils adoptent sont pour sauver les générations à venir ne tient pas la route. Il y a toujours des alternatives, mais il faut avoir non seulement la volonté d’accepter ces alternatives, mais aussi l’humilité d’écouter et d’interagir avec d’autres partenaires du développement.
Nous ne pouvons accepter que, dans un petit pays comme Maurice, une famille sur dix ne mange pas à sa faim. Nous devons absolument nous orienter vers l’autosuffisance alimentaire et revoir la question de la distribution des terres et de la réforme agraire. Il faut aussi développer rapidement les autres piliers de l’économie. Depuis des années, on entend parler de l’économie bleue, mais que voyons-nous ? Sans une vision économique claire qui s’articule autour de l’environnement et du social, la pauvreté restera entière.
Il y a deux éléments dans le programme électoral – l’inscription des droits de la nature et des droits socio-économiques dans la Constitution – qui peuvent contribuer énormément à la lutte contre la pauvreté. Mais est-ce que ce régime va vraiment le faire ? Ils ne cessent de nous dire qu’ils ont cinq ans pour mettre en œuvre leur programme. Or, nous sommes déjà presque au bout d’une année, et les quatre années restantes vont passer très vite aussi. Est-ce que de nouveaux défis ne vont pas amener le régime actuel à trouver des excuses pour ne pas le faire ? Le temps nous le dira.
Entre-temps, la pauvreté grandit. Et comme vous le savez, la pauvreté est une menace directe à la paix et à notre cohésion sociale. Ce serait bien que ceux qui gouvernent arrivent à comprendre cela et fassent en sorte que nous ayons vraiment un développement plus juste, équitable et inclusif. Cela passe avant tout par une approche holistique, et non pas par de petites mesures ici et là, en croyant que cela va alléger la souffrance des gens à long terme.
La pauvreté vue par Abhijit V. Banerjee and Esther Duflo
Le père Philippe Fanchette, passionné de la lutte contre la pauvreté, propose une analyse du livre intitulé: « Poor Economics: A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty » de Abhijit V. Banerjee and Esther Duflo. Nous le publions ci-dessous.
“The central argument of Poor Economics is that to effectively fight global poverty, we must move away from sweeping ideological grand theories (e.g., « more foreign aid » vs. « just let free markets work ») and instead focus on understanding the specific, real-life constraints and decisions that poor individuals face. Banerjee and Duflo advocate for an approach based on evidence from randomized controlled trials (RCTs). They break down the monumental problem of poverty into smaller, more manageable questions that can be tested scientifically in the field. Their goal is not to provide a single magic bullet but to build a body of reliable evidence about what actually works and what doesn’t.
The book is structured around the daily lives and decisions of the poor, exploring five key areas:
• The Hunger Paradox
· The Puzzle: Why aren’t the extremely poor spending all their extra income on more calories? When their income rises, they don’t necessarily eat more or better food.
· The Findings:
· It’s not just about calories: The poor, like everyone else, care about taste and variety. They may choose to spend money on more expensive, tastier calories (e.g., sugar, fried snacks) rather than simply maximizing nutritional intake.
· The « Good Life »: People derive pleasure from small luxuries. In a life of hardship, spending a little on tea, sugar, or a television is a way to make life more bearable and is a rational choice, not a foolish one.
· Conclusion: The authors argue that the world today largely has enough food; the problem is one of distribution and choice, not absolute scarcity. This challenges the simplistic idea that simply giving people more money will solve hunger.
2. Health: Why Prevention is Underused
· The Puzzle: Why do the poor often spend large sums on curative care (e.g., visiting a doctor when sick) but neglect much cheaper preventive measures (e.g., bed nets, vaccinations, chlorinating water)?
· The Findings:
· « The Three I’s »: Health decisions are driven by Ignorance (lack of information), Ideology (cultural beliefs), and Inertia (procrastination).
· Low Quality & Trust: Government health providers are often absent or provide low-quality care, undermining trust in the system.
· The Power of Small Incentives: The authors found that small, tangible incentives (like a bag of lentils) could dramatically increase vaccination rates. This isn’t a « bribe » but a tool to overcome inertia and the immediate opportunity cost of a day’s wages lost to get a shot.
· Conclusion: Making preventive technologies free or highly subsidized and finding smart ways to encourage their adoption is more effective than just providing information.
3. Education: The Focus on Learning, Not Just Enrollment
· The Puzzle: Why has a massive increase in school enrollment in the developing world not led to a corresponding increase in learning outcomes?
· The Findings:
· The System is Designed for the Elite: School curricula are often oriented toward the brightest students, leaving the majority behind. Teachers are frequently absent and unmotivated.
· The « Hidden » Demand for Education: Parents do care about education but often judge quality by English-speaking ability or other superficial metrics, not actual learning.
· Effective Interventions: Targeted, simple solutions work best. Their research showed that Teaching at the Right Level (TaRL)—grouping children by current learning level rather than age or grade—dramatically improved test scores. Low-cost remedial tutoring was also highly effective.
· Conclusion: The focus must shift from getting children into classrooms to ensuring they learn while they are there.
4. Family: Why Do the Poor Have Large Families?
· The Puzzle: From an economic perspective, having many children seems expensive. Why do the poor often have so many?
· The Findings:
· Old-Age Security: In the absence of pensions or social security, children are a form of investment and insurance for parents in their old age.
· High Child Mortality: When the chance of a child surviving to adulthood is uncertain, having more children is a rational hedge against that risk.
· Conclusion: Fertility choices are a rational economic decision based on the constraints the poor face. Reducing desired family size is linked to providing better financial security and reducing child mortality.
5. Risk and Financial Services
· The Puzzle: The lives of the poor are incredibly risky (bad weather, illness, job loss). Why do they not have better ways to manage this risk?
· The Findings:
· Lack of Formal Insurance: The poor lack access to formal insurance, credit, and savings mechanisms.
· Inefficient Coping Strategies: They are forced to use inefficient strategies like spreading bets across multiple crops, borrowing from loan sharks at exorbitant rates, or saving in physical assets like jewelry or livestock.
· The Promise of Microfinance: The authors found that microcredit, while useful for stabilizing small businesses, is not the revolutionary entrepreneurial tool it was often touted to be. It provides discipline and structure but doesn’t typically lead to explosive business growth.
· Conclusion: There is a massive unmet demand for reliable, flexible, and accessible financial tools to help the poor manage their complex financial lives.
The Five Key Lessons (The « Radical Rethinking »)
1. The Poor Lack Information: They often don’t know the benefits of vaccinations, the importance of chlorinating water, or what their children are actually learning in school.
2. The Poor Bear Responsibility for Too Many Aspects of Their Lives: Middle-class people rely on governments for clean water, public safety, and pensions. The poor must often solve these problems themselves.
3. There Are Good Reasons Why Markets for the Poor Don’t Exist: It’s not profitable for companies to sell products like crop insurance in small, remote villages, or for banks to manage tiny savings accounts.
4. Expect Failure: Poor economics is a science of trial and error. Even well-designed programs can fail for unexpected reasons. The key is to test, learn, and adapt.
5. It’s Complicated, But Not Hopeless: There are no silver bullets, but there are proven, piecemeal solutions. By understanding the specific constraints and behaviors of the poor, we can design policies that make a real difference.
Conclusion
Poor Economics is a call for humility and rigor in the fight against poverty. Banerjee and Duflo conclude that defeating poverty requires patience, careful thinking, and a willingness to learn from evidence. It requires seeing the poor not as caricatures but as complex human beings making rational decisions within a deeply broken system. The goal is to fix that system, one small, proven solution at a time.