Après le passage et 2e lecture : L’écart chiffré ne refroidit pas le lobby anti-Chagos Deal

En dépit d’un 330/179, Iain Duncan Smith, sir Grant Shapps et Nigel Farage conjuguent leurs efforts pour forcer le No 10 Downing Street à « going back to the drawing board » avec le traité de la rétrocession en faveur de Maurice
Une correspondance d’urgence transmise au président Donald Trump pour une intervention In-Extremis en vue de barrer la route au King’s Assent au Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill

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Le puissant lobby anti-Chagos Deal ne semble pas baisser les bras devant le score sans appel à la conclusion, mardi, de plus de cinq heures de débats à la Chambre des Communes consacrés au Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill en vue de la rétrocession des Chagos à Maurice. En dépit d’un 330/179 en faveur de la Second Reading du projet de loi ou encore le 333/116, rejetant la contre-motion de la Shadow Foreign Secretary, Dame Priti Patel (parti Conservateur), les chefs de file politiques de l’opposition à Londres, voulant à tout prix faire échec à l’ultime étape de la décolonisation, persistent et signent dans leurs démarches. À peine le Hansard de ces débats publiés, hier matin, que sir Iain Duncan Smith, ancien leader du parti Conservateur britannique et un des Front Liners aux débats de mardi, et sir Grant Shapps, ancien ministre de la Défense britannique, ont pris l’initiative d’une correspondance adressée au président des États-Unis, Donald Trump, sollicitant une intervention décisive pour bloquer le processus menant au King’s Assent en vue de la signature du traité anglo-mauricien. De son côté, le leader du Reform Party, Nigel Farage, dont le parti a brillé par son absence aux débats à la Chambre des Communes, a sorti de nouveau son carnet de contacts au Capitol Hill pour contrer le Chagos Deal.
En marge de l’intensification de la campagne politique et diplomatique des deux côtés de l’Atlantique contre le retour des Chagos sous la souveraineté de Maurice, même si le bail de Diego Garcia de 99 ans pour la base militaire est acquis, la prochaine étape du Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill se révèle décisive. Le texte de loi devra être validé au niveau de la House of Lords. À l’Hôtel du Gouvernement, même si l’on se félicite d’avoir pu franchir les Hurdles of the House of Commons, l’on affirme qu’avec les Law Lords, « une plus grosse bataille » s’annonce. Le rapport des forces entre le Labour et les conservateurs n’est pas le même qu’à la Chambre des Communes.
Par ailleurs, lors des précédents débats au sujet des Chagos à la House of Lords, le porte-parole du gouvernement, dirigé par sir Keir Starmer, a dû donner des garanties formelles au sujet d’une Ministerial Statement sur les droits des Chagossiens dans le nouveau contexte de la rétrocession et aussi de la gestion du Trust Fund. Résumant les débats mardi soir, le ministre d’État au Foreign, Commonwealth and Development Office, Stephen Doughty, a dû confirmer cet engagement. « I confirm to him that before ratification, there will be a ministerial statement. I will not give him the exact date, because I do not set the dates of business, but it will provide a factual update on resettlement eligibility and how the trust fund will work. I am engaged actively in those discussions, and that will enable further discussion in a proper manner », a-t-il fait comprendre, laissant entendre que les débats s’annoncent serrés à ce sujet que ce soit encore une fois à la Chambre des Communes et à la House of Lords. Il n’a pas été en mesure de se prononcer sur le calendrier des débats dans les deux Chambres sur la Chagos Ministerial Statement.
En attendant l’étape de la troisième lecture du Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill, la campagne contre le Chagos Deal à £ 34,7 milliards risque de s’intensifier. Le quotidien britannique, The Independent, annonce une initiative politique et diplomatique d’envergure pour bloquer la route vers le Royal Assent. De concert avec ses pairs du parti Conservateur, dont l’ancien ministre de la Défense, sir Grant Shapps, d’autres politiciens aguerris et des Senior Military Officers, Iain Duncan Smith a envoyé une correspondance au président Trump réclamant son intention devant des risques présumés à la sécurité de l’Ouest avec le retour des Chagos sous la souveraineté de Maurice.
Lors des débats de mardi, les intervenants des rangs du parti conservateur n’ont pas hésité à brandi0r l’ogre de Moscou, le dragon de Beijing et le danger de Téhéran pour mettre en garde contre la démarche de No 10 Downing Street avec les Chagos. Sans faire dans la dentelle, l’ancien leader du parti Conservateur soutient au sujet des « serious concerns remain over the impact on UK and US defence » que « the last thing I want to say is on China. I would say this, because I am sanctioned by China, as are some of my Honourable Friends. I suspect that others will be sanctioned as well in due course. If they carry on working with me in the Inter-Parliamentary Alliance on China, they are bound to be sanctioned, and I look forward to their joining us at that table. There is no way on earth that China does not benefit from this Bill. China has its eyes on the very important flow of commercial. »
Poursuivant sa rhétorique, Iain Duncan Smith trouve que « for a long time, they (China) have been looking at how, under their arrangements with Mauritius, they will eventually be able to intervene. They are two or three steps further forward as a result of this bill. » Il devait lancer un appel au gouvernement britannique de « go back to the drawing board, and say, we got it wrong ». Faute de n’avoir pas pu convaincre le No 10 Downing Street, il se tourne désormais vers La Maison-Blanche en dernier recours, pensant pouvoir renverser la vapeur.
Ce gang des anti-Chagos Deal au sein du parti Conservateur compte s’appuyer sur les déclarations du leader du Reform Party, Nigel Farage, dans leur tentative de sabotage. Même si Reform Party n’était pas représenté lors des débats à la Chambre des Communes, Nigel Farage a critiqué le vote. GB News, rapportant les propos de Nigel Farage, note que « the Reform leader also revealed he has spoken to people “at reasonably high levels” in America about the deal, but he fears it has become bogged down as the Trump administration deals with a vast array of issues. Mr Farage said he still holds out some hope that the House of Lords can stand in its way, but he feels Chagossians have been treated abominably. »
Après le vote de la Chambre des Communes
Henry V. Jardine : « Ravi qu’une résolution diplomatique ait été trouvée »

L’ambassadeur des États-Unis, Henry V. Jardine a accueilli avec satisfaction l’odoption du texte de loi concernant les Chagos par une majorité à la Chambre des Communes, Londres, mardi.
« C’est très positif de voir que le Parlement a approuvé le texte de l’accord, et il y est donc très favorable. Et ce fut un vote important, je pense. Du côté du gouvernement américain, nous sommes ravis qu’une résolution diplomatique ait été trouvée, qu’il y ait un accord des deux côtés et que le gouvernement mauricien continue de soutenir la présence des États-Unis et du Royaume-Uni à Diego-Garcia. Nous sommes donc très positifs et très satisfaits de l’évolution de la situation », a-t-il déclaré, hier soir.

Concernant l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA), le diplomate américain a dit qu’il espère que la loi  pourra être prolongée. « J’ai discuté avec de nombreux interlocuteurs à Washington. Ils espèrent que le Congrès pourra prendre des mesures en septembre. Le défi, bien sûr, est de voir comment évolue le calendrier législatif. La très importante délégation de la commission Ways and Means de la Chambre des représentants, venue à Maurice en mars 2024, avait adopté une attitude très positive envers l’AGOA. L’AGOA bénéficie donc d’un large soutien à Washington. Je pense que le défi a toujours été de trouver le moyen pour le Congrès de s’attaquer à ce problème. Il est certain que de nombreux pays soutiennent fortement que Maurice continue de bénéficier de l’AGOA », a-t-il ajouté.

Le diplomate américain s’adressait à la presse en marge d’une réception donnée en la résidence pour accueillir quatre nouveaux officiers à l’ambassade. Il s’agit notamment du consul John Ries, chargé de l’octroi des visas, de Christopher Crawford, responsable de l’administration, du Deputy Chief of Mission, Austin Lewis, et de la responsable des relations publiques Elena Creason.

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