L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis limogé, emporté par l’affaire Epstein

L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été limogé jeudi en raison de ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein, un revers de plus pour le Premier ministre Keir Starmer avant la visite d’Etat de Donald Trump au Royaume-Uni.

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La pression montait depuis plusieurs jours sur Keir Starmer, qui avait nommé il y a moins d’un an cet architecte du « New Labour » de Tony Blair dans les années 1990, pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et la nouvelle administration Trump.

Des mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain, mort en prison en 2019, révélés cette semaine « montrent que la profondeur et l’étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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« Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat », a ajouté le Foreign Office.

Dans une lettre écrite par Peter Mandelson pour les 50 ans de Jeffrey Epstein en 2003, et publiée en début de semaine par des parlementaires à Washington, le Britannique affirme que le financier américain est son « meilleur ami ».

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Interrogé après la publication de cette lettre, le Premier ministre Keir Starmer lui avait apporté mercredi son soutien, assurant que Peter Mandelson avait « exprimé à plusieurs reprises son profond regret d’avoir été associé » à Jeffrey Epstein.

Mais cette position est rapidement devenue intenable.

En fin de journée mercredi, des médias britanniques, dont le tabloïd The Sun, ont rapporté que M. Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures.

Juste avant que M. Epstein ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit: « Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé », l’incitant à « (se) battre pour une libération anticipée ».

« Je regrette vraiment très profondément d’avoir entretenu cette relation avec lui bien plus longtemps que je n’aurais dû », avait tenté de se défendre l’ambassadeur dans un entretien diffusé mercredi sur la chaîne YouTube du Sun.

Il y a affirmé n’avoir « jamais été témoin d’actes répréhensibles » ou « de preuves d’activités criminelles ».

– « Sérieuses questions » –
« L’affirmation de Peter Mandelson selon laquelle la première condamnation de Jeffrey Epstein était injustifiée et devait être contestée constitue une nouvelle information », a fait valoir le Foreign Office pour expliquer la décision de le limoger.

Pour Keir Starmer, ce départ, à moins d’une semaine de la visite d’Etat du président Donald Trump au Royaume-Uni les 17 et 18 septembre, est un nouveau coup dur.

Le dirigeant travailliste a déjà dû se séparer il y a quelques jours de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, ce qui a déclenché un remaniement de taille du gouvernement.

Au plus bas dans les sondages, Starmer est aussi en difficulté pour convaincre les Britanniques de l’efficacité de sa politique, à la fois sur le plan économique et sur la lutte contre l’immigration.

Trois fois ministre et commissaire européen, Peter Mandelson était le premier responsable politique nommé ambassadeur à Washington, un poste traditionnellement réservé à des diplomates chevronnés.

Cet homme de réseaux et d’influence, ce qui lui a valu le surnom de « Prince des ténèbres », était déjà tombé à deux reprises par le passé en raison d’accusations de comportements répréhensibles ou compromettants.

La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a fustigé le « manque de courage » de Keir Starmer, qui « a encore échoué à un test de son leadership ».

mhc/alm/lpt

© Agence France-Presse

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