La colère populaire a plongé le Népal dans un chaos sanglant, inédit depuis près de vingt ans. Dix-neuf morts, des centaines de blessés et un parlement incendié ont précipité la démission du Premier ministre, tandis que l’armée quadrille désormais Katmandou.
Au Népal, la rue a fini par faire vaciller le pouvoir. Mardi 9 septembre, le Premier ministre Khadga Prasad « KP » Sharma Oli a remis sa démission au lendemain de manifestations d’une rare violence contre la corruption et le blocage des réseaux sociaux.
En deux jours, le Népal a basculé dans un chaos sans précédent depuis près de vingt ans. Les mobilisations, sous la bannière « génération Z » ont été sévèrement réprimées par la police qui ont fait 19 morts et des centaines de blessés dans le pays.
« J’ai démissionné ce jour de mes fonctions de Premier ministre […] afin que des mesures puissent être prises en vue d’une solution politique et d’une résolution de problèmes », a écrit le Premier ministre âgé 73 ans, dans une lettre transmise au président. Mais cette annonce n’a pas suffi à apaiser une colère populaire désormais hors de contrôle.
Des scènes de chaos
Dans la nuit de mardi à mercredi, des manifestants ont envahi l’enceinte du parlement à Katmandou avant de mettre le feu au bâtiment principal. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent une foule massive forçant les grilles, pénétrant dans l’édifice, certains armés, d’autres incendiant les lieux.
Certains manifestants se sont également filmés en train de pénétrer dans une résidence privée, où un homme présenté comme l’ancien Premier ministre est passé à tabac. Dans les rues, le ministre des Finances a notamment été pris à partie, roué de coups par une foule déchaînée, avant d’être jeté dans une rivière.
Le couvre-feu, décrété dans la capitale, n’a également pas permis de calmer la situation. Des groupes de jeunes ont continué d’attaquer des symboles du pouvoir : bâtiments publics, résidences officielles, forces de sécurité. Devant le complexe gouvernemental de Singha Durbar, certains manifestants sont parvenus à désarmer des policiers, selon des témoins.
Des véhicules de l’armée déployés dans la capitale
Face à cette escalade, le président Ram Chandra Poudel a lancé un appel au dialogue mardi soir. Dans un communiqué, il a exhorté « tout le monde, y compris les manifestants, à coopérer pour une résolution pacifique de la situation difficile du pays » et invité « toutes les parties pour qu’elles fassent preuve de retenue […] et qu’elles entament des négociations ».
Mercredi matin, Katmandou s’est réveillée sous occupation militaire. Des blindés et véhicules de l’armée ont été déployés dans les quartiers sensibles, où plus aucun civil n’était autorisé à circuler, hormis les services d’urgence. L’armée a promis de réprimer sans hésitation tout acte de vandalisme, de pillage ou d’agression. Les rues, encore jonchées de véhicules calcinés et de barricades improvisées, étaient balayées par les soldats, tandis que s’élevaient encore des fumées noires des bâtiments incendiés la veille.
Source . ladepeche