Le Premier ministre par intérim, Paul Bérenger, a lancé hier les débats sur la réforme électorale à Maurice et à Rodrigues lors d’une conférence de presse donnée au Treasury Building. Il est revenu à cette occasion sur « la promesse d’une bonne réforme électorale qui est un des éléments clés du programme gouvernemental de l’Alliance du Changement. » « Nous ne voulons pas attendre la veille des prochaines élections pour venir de l’avant avec la mise en place d’une bonne réforme électorale », s’est appesanti Paul Bérenger.
Il a annoncé qu’un Cabinet Paper sera présenté en vue d’un débat approfondi avant de l’ouvrir avec des consultations approfondies tant à Maurice qu’à Rodrigues. Le Premer ministre suppléant a noté que des progrès significatifs avaient été réalisés en 2016 par le Mouvement Militant Mauricien (MMM) et le Parti Travailliste (Ptr), mais que les propositions de réforme s’étaient heurtées au Best Loser System. Il a indiqué que les débats autour de l’abolition du système de Best Loser remontent à la période d’avant 1982.
« Lorsque le gouvernement MMM-MSM avait été élu avec 60-0 cette question était venue en force dans les débats et avait même pris la forme d’une manifestation devant le Parlement. Le gouvernement d’alors avait refusé de l’abolir parce qu’il n’avait pas de mandat pour le faire. À cela s’ajoute le système de First Past the Post qui a permis qu’il y ait des victoires de 60-0 sans qu’aucun membre de l’opposition ne soit élu. C’est le cas actuellement. Aucun membre de l’opposition n’a été élu malgré le fait qu’elle avait obtenu 27% des suffrages lors des élections générales de novembre 2024. D’où l’importance d’une dose de représentation proportionnelle », a plaidé Paul Bérenger.
Le leader du MMM fait ressortir qu’il existe plusieurs systèmes dans le monde. « Cependant, en 2014, l’alliance MMM-PTr avait proposé un système électoral qui comprendrait 60 candidats élus dans les 20 circonscriptions ainsi que deux à Rodrigues auxquels s’ajouteraient 20 députés choisis sur la base d’un système proportionnel. Afin de ne pas éliminer totalement le système de Best Loser, il avait été proposé que les 20 élus sur une base proportionnelle soient divisés en deux parties, soit 14 élus à partir des listes présentées par les partis et les six autres seraient élus toujours sur une base proportionnelle, mais les leaders auraient eu la possibilité de veiller sur les six autres candidats permettant de corriger les sous-représentations communautaires. Cette question avait soulevé des protestations en dépit du fait que ce sont les leaders qui choisissent et proposent les candidats pour les élections générales », dit-il encore.
Une deuxième proposition consiste à élire 60 candidats dans les 20 circonscriptions, 3 candidats à Rodrigues, 20 députés choisis selon le système proportionnel et 4 députés afin de rétablir l’équilibre communautaire. Ce dernier choix devra, selon Paul Bérenger, être effectué sur la base du recensement de 1972. Les candidats aux élections pourront ne pas déclarer leurs communautés respectives même s’ils ne seront pas qualifiés pour le choix de quatre Best Losers.
Par ailleurs, Paul Bérenger a fait l’historique des élections depuis 1948 et la création du système de Best Loser en raison, entre autres, de la sous-représentation de la communauté musulmane lors des élections, notamment en 1948 lorsqu’aucun membre de cette communauté n’avait été élu et en 1953 quand seul Razack Mohamed avait été élu.
Il maintient que le système de best loser a fait ses preuves pour avoir permis de maintenir la stabilité sociale et d’éviter de nouvelles bagarres raciales.
Il a aussi souligné le rôle joué par le MMM pour empêcher qu’il y ait des tensions ethniques et des bagarres communales. Le Premer ministre par intérim a commenté le système électoral à Rodrigues et a proposé l’abolition de l’obligation pour un parti d’élire 7 candidats sur 12 afin de bénéficier d’un bonus de manière avoir une majorité d’au moins 3 élus. Dans un autre ordre d’idées, Paul Bérenger a abordé le vote majoritaire à la Chambre des Communes du Royaume-Uni, le 9 septembre, où les députés ont approuvé un projet de loi sur la question par 330 voix pour, 179 contre . Il a évoqué la visite qui sera organisée avant la fin de l’année dans l’archipel.
Il a aussi condamné fortement l’agression d’Israël contre le Qatar et a exprimé la solidarité de Maurice avec ce territoire. Alors que les pays européens s’apparentent à reconnaître la Palestine, Paul Bérenger a fait comprendre que Maurice reconnaît la Palestine et l’OLP depuis longtemps.
