FCC : Steven Moothoocurpen accule Wendip Appaya avec ses bolides

Steven Moothoocurpen a confirmé sa relation avec l’homme d’affaires Wendip Appaya lors d’un interrogatoire à la Financial Crimes Commission (FCC) durant la semaine dans le cadre de la double opération DeepCode avec Rs 250 millions de Reward Money et Tir Laliann Kanbar avec un Money Laundering présumé de Rs 100 millions au moins. Même si les deux hommes ne partagent aucune entreprise en commun, les enquêteurs de la Financial Crimes Commission ont cherché à savoir pourquoi le gros bras avait gardé chez lui des véhicules du directeur de la Dynapro Cleaning Services Ltd. Steven Moothoocurpen dit avoir agi sur les instructions de ce dernier, car ils entretiennent « une bonne relation ». Il maintient qu’il ne sait rien en ce qui concerne l’acquisition d’une trentaine de véhicules de la série W par Wendip Appaya car ce n’est pas lui qui a entrepris ces démarches. Il rejette dès lors les allégations de prête-nom, dont il était affublé.
Durant la semaine écoulée, Steven Moothoocurpen a aussi été entendu au sujet des activités de l’entreprise Ziya Property and Development Ltd, où il est associé à Ameersaheb Ashik Jagai, le fils d’Ashik Jagai Dan Kaso à Alcatraz Detention Centre. Il a confirmé l’identité d’un individu qui travaille comme comptable au sein de la compagnie et affirmé que ce dernier a bien fait les comptes de l’entreprise pour l’année financière 2023/2024. C’est ce même employé qui a dénoncé le surintendant Ashik Jagai, l’accusant d’avoir fait pression sur lui en faveur de son fils, Ameersaheb Ashik Jagai.
Entre-temps, les sociétés affichant peu de bénéfices se sont cependant révélées capables de financer des voitures de luxe, des terrains et autres transactions immobilières de plusieurs millions. C’est le puzzle que tente de reconstituer la FCC depuis plusieurs semaines. Les enquêteurs passent au crible une série de compagnies (EA Smartchoice Business Co. Ltd, Sigma Cobra Motors Co. Ltd, Ziya Property and Development Ltd, entre autres) qui, sur papier, déclarent des revenus modestes, mais qui ont permis l’acquisition d’un Ford Raptor, d’une BMW et même de terrains à Balaclava et Mare-Longue, payés comptant. Comment des entreprises sans actifs ni entrepôts, censées vendre des produits alimentaires, peuvent-elles dégager plus de Rs 1 million de profits en un exercice ? Telle est la question que la FCC se pose depuis le début de l’affaire.
Ameersaheb Jagai n’est pas seul dans ce schéma; l’homme d’affaires Wendip Appaya, 43 ans, intrigue lui aussi les autorités. À travers ses sociétés Dynapro Cleaning Services Ltd et Rent a Cradle Co Ltd, il a en effet acquis pas moins de 34 véhicules en leasing, et ce, pour le montant vertigineux de Rs 75,2 millions. BMW, Range Rover, McLaren… Autant de modèles qui n’ont rien à voir avec des activités de nettoyage de bâtiments. Wendip Appaya assure pourtant qu’il s’agit de voitures mises en location. Mais la Financial Crimes Commission suspecte plutôt un mécanisme bien rodé de blanchiment d’argent masqué derrière des transactions apparemment légales.
Alors que l’enquête financière se resserre, l’affaire a pris une tournure spectaculaire durant la semaine écoulée avec l’arrestation du surintendant de police Ashik Jagai, 57 ans. Déjà interpellé, puis libéré sous caution, début septembre dans l’affaire Reward Money, l’ancien patron de la Special Striking Team est de nouveau tombé dans les filets de la FCC. Cette fois, il est soupçonné d’avoir franchi une ligne rouge et interféré avec un témoin clé.
L’employé, responsable de la comptabilité d’une des sociétés de son fils, a en effet affirmé avoir reçu un appel direct du haut gradé. Au téléphone, ce dernier lui aurait lancé : « To al dir sa laverite dan FCC ! » Des paroles vécues comme une menace à peine voilée destinée à orienter son témoignage en faveur d’Ameersaheb Jagai.
La réaction de la FCC aura été immédiate car, dans la nuit de mardi à mercredi, des enquêteurs se sont rendus à son domicile de Vallée-des-Prêtres. Ils ont frappé à plusieurs reprises à la porte, sans obtenir de réponse. Le téléphone du policier restait par ailleurs lui aussi désespérément muet. Introuvable, Ashik Jagai a été officiellement déclaré recherché. Dans un communiqué rare, la commission a confirmé ses recherches, donnant l’image d’un policier de haut rang en fuite, traqué par l’institution anticorruption.
C’est finalement vers 10h mercredi matin qu’il s’est présenté de lui-même au Réduit Triangle, accompagné de son avocat, Me Axel Bucktowar. Mais l’accueil a été glacial, car confronté aux relevés d’appels et aux accusations, il a nié toute tentative d’intimidation. La FCC n’a pas hésité longtemps : arrestation immédiate en vertu de l’article 141 (2) de la FCC Act, qui sanctionne toute interférence avec un témoin par une amende de Rs 100 000 à Rs 500 000 et une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Cette arrestation marque la deuxième en moins d’un mois pour le SP Jagai. Libéré sous caution le 2 septembre, il n’aura profité que de quelques jours de liberté avant d’être de nouveau menotté, cette fois pour non-respect des conditions de sa libération et pour tentative d’ingérence dans une enquête en cours. Présenté hier devant le tribunal de Port-Louis, il a été placé en détention provisoire au centre de détention d’Alcatraz.
Pour la Financial Crimes Commission, le message est clair : ni les liens familiaux, ni les galons ne feront obstacle à l’enquête.

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