Après la gare Jan Palach Sud, à Curepipe… — Disparition soudaine des bancs publics à l’ex-Arab Town

  • MEL : « La présence persistante de toxicomanes et de petits voleurs dans ce secteur a nécessité leur suppression »
Comme à gare Jan Palach Sud, à Curepipe, la disparition soudaine des bancs publics situés à l’ex-emplacement des marchands d’Arab Town, à Rose-Hill,  officiellement pour lutter contre la présence persistante de toxicomanes dans ce secteur, a interpellé de nombreux citadins.  Cette décision radicale prise par Metro Express Ltd (MEL), gestionnaire du site, en concertation avec le conseil municipal des villes sœurs, ne laisse personne indifférent. Mais elle est vue d’un bon œil par les commerçants opérant en contrebas de la plateforme ferroviaire. Ils abondent dans le même sens : MEL a beau y avoir mis le paquet pour en faire un nouveau symbole de développement, c’est la désinvolture autour de ce périmètre depuis l’aménagement de bancs publics…servant trop souvent de repaire à des toxicomanes.

Les points de deal demeurent, hélas, une réalité incontournable de nos paysages urbains. L’emplacement abritant, jadis, la foire d’Arab Town n’échappe pas à ce triste constat. L’espace laissé vacant par les marchands, pour faire place à la ligne aérienne de métro Rose-Hill/Quatre-Bornes, avait pourtant repris vie, en 2022,  à travers un projet d’embellissement orchestré par MEL, se traduisant par l’aménagement, sous le viaduc, d’espaces verts, de bancs publics et des pavés de briques afin d’améliorer le paysage urbain de la zone. L’occasion de s’échapper pour faire y une pause ou se restaurer après des heures de shopping ou de dur labeur, assis sur les bancs publics, mi- cachés à l’ombre de la plateforme ferroviaire. Des conteneurs transformés en emplacements commerciaux avaient aussi été installés. Sauf que cet espace propice à la détente est devenu, au fil du temps, le repaire de  basses besognes.

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En vérité, le ras-le-bol couvait depuis longtemps. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les nombreux témoignages des commerçants opérant autour du site.  « Les gens n’osaient plus s’y aventurer, exaspérés par la présence récurrente d’individus plongés dans l’enfer de l’addiction. Les clients se réduisaient comme peau de chagrin. Parfois, ces gens usent de langages grossiers et des blagues graveleuses. On soupçonne des marchands ambulants de s’adonner au trafic  », confie un restaurateur. Les scènes révélées dépeignent une zone en proie au chaos. C’était  la grosse agitation du matin au soir, au nez et à la barbe de tous. Le ballet d’individus avachis, avec les pupilles dilatées et le regard hagard, s’affalant sur l’un des bancs publics installés par MEL.

Le difficile équilibre entre confort des citadins et lutte contre l’insécurité

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Face à  l’impunité dont les fauteurs de troubles continuaient à jouir sans entrave, ceux qui ont toléré ces écarts pendant un certain temps, par peur de représailles, ont décidé qu’il fallait absolument prendre les taureaux par les cornes avant que les choses ne dégénèrent. « Ce marasme a fait régner la colère parmi les commerçants qui pointent du doigt le silence assourdissant et l’inaction de la police. On a alors contacté la mairie pour servir d’intermédiaire avec MEL », souligne un propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter. Le service de communication de MEL avance que l’espace en question est bien sous sa responsabilité. « Nous avons bien été alertés par la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill quant à la colère exacerbée des commerçants face à la présence  de personnes louches et sous influence de la drogue sur le site.  Les bancs servaient trop souvent de repaire à des toxicomanes qui, en groupe, intimidaient les passants. Des plaintes répétées du public ont ainsi motivé cette démarche de les enlever.  Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on a pris cette décision.»  

Quand bien meme MEL souligne que «  les citadins pourront profiter des bancs qui se trouvent en face du bureau de poste, à côté du jet d’eau, sis à la place Cardinal Margéot, face au collège Lorette de Rose-Hill ou au Ebène Recreational Park »,  la suppression des bancs à la gare Jan Palach Sud, à Curepipe, et à l’ex-foire d’Arab Town jette une lumière crue sur le difficile équilibre entre confort des citadins et lutte contre l’insécurité. Il ouvre un débat plus large : celui du mode opératoire à adopter face à ces comportements, sans enfermer ces  » personnes malades » dans différentes formes d’exclusion.

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« Toxikoman to pouss li enn plass, li pou al  kass poz lot kote simin. Ale mem koumsa. Vous aurez beau supprimer des bancs et autres, tant que la police et les pouvoirs publics continueront a faire l’autruche et que les ONG ne soient pas soutenus, les choses vont s’empirer », confie un habitant de Rose-Hill. MEL devrait également se pencher sur le désordre qui règne sur le site face l’amoncellement de détritus en tout genre.

Qui des conteneurs, aménagés en 2022, qui étaient censés accueillir des commerçants à l’ex-Arab Town ? Outre la suppression des bancs publics, lesdits containeurs ne font aussi plus partie du décor. MEL souligne que « les conteneurs commerciaux de Rose-Hill ont été transférés à Ebène et seront loués dans un très proche avenir, au même titre que d’autres containeurs sis à La Butte, Coromandel et Barkly etc. »

 

 

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