L’ancien régime MSM, bien connu pour ses tendances à caser les petits copains dans des postes clés, avait pris la porte de sortie en 2024, mais les squelettes continuent de sortir du placard. Dernier cas en date, celui de Eric Presley Michael Paul, ancien Managing Director de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHC). Ce dernier a en effet été reconnu coupable par la Cour intermédiaire ce 17 septembre d’avoir fait usage de diplômes falsifiés.
En septembre 2017, Michael Paul, chairman de la CHC, avait été recommandé auprès du board de cet organisme pour occuper le poste de Managing Director par nul autre que le Premier ministre d’alors, Pravind Jugnauth. Après que des questions aient été posées dans la presse et au Parlement sur son manque de qualifications, le bureau du Premier ministre avait alors demandé à Michael Paul de lui soumettre ses qualifications.
Vers juillet 2020, Michael Paul avait ainsi remis deux diplômes à l’Human Resource Manager de la CHC, notamment un Diploma in Logistics and International Business, en date du 14 mai 2009, et un Diploma in Management and Leadership, daté du 19 mai 2011, les deux documents provenant de l’institut Charles Telfair. Des copies de ces diplômes avaient par ailleurs été envoyées au bureau du Premier ministre, qui avait vérifié l’authenticité de ces documents auprès de l’institut Charles Telfair. Mais lorsque cet institut a expliqué qu’il s’agissait de faux diplômes et que Michael Paul n’y avait jamais été étudiant, le HR Manager de la CHC avait alors reçu des directives du PMO de consigner une plainte à la police.
Deux chefs d’accusation de “making use of a forged private writing”, en infraction avec diverses sections du Code pénal, avait été retenus contre Michael Paul. Ce dernier avait cependant choisi de plaider non coupable.
En cour, l’officier de police en charge de l’enquête avait admis qu’aucun matériel de falsification n’avait été retrouvé dans le bureau ou au domicile de Michael Paul. L’Academic Registrar de l’institut Charles Telfair avait quant à elle confirmé, après examen des photocopies des deux diplômes, qu’il s’agissait de faux. Elle avait aussi affirmé que Michael Paul ne s’était jamais inscrit comme étudiant à cet institut pour les cours menant à ces diplômes.
Le HR Manager de la CHC a pour sa part expliqué que quand l’accusé avait été nommé au poste de Managing Director, pour un salaire de Rs 200 000, ses qualifications n’avaient pas été soulevées, et le board de la CHC avait entériné cette nomination. Il a par ailleurs admis que vu les liens de proximité de l’accusé avec l’ancien Premier ministre, on pouvait effectivement qualifier sa nomination comme une nomination politique. Il a aussi maintenu que c’est bien l’accusé qui lui avait remis les faux diplômes.
Michael Paul, dans sa déposition en cour, a confirmé qu’il n’avait jamais effectué d’études tertiaires. Il a expliqué qu’il avait accepté d’être nommé au poste de Managing Director de la CHC à la demande de l’ex-Premier ministre, et ce, sur la base de son expérience passée. Le poste de Managing Director de la CHC ne faisait alors mention, selon lui, d’un quelconque critère d’éligibilité. Il a en outre nié qu’il avait remis les faux diplômes au HR Manager. Selon lui, il aurait licencié certaines personnes, et ces dernières l’auraient « framed ».
La magistrate Jade Ngan Chai King a eu à trancher entre la version du HR Manager de la CHC et celle de Michael Paul. Elle a ainsi expliqué dans son jugement que le HR Manager lui paraissait comme « consistent and reliable ». En revanche, la version de Michael Paul à l’effet qu’il s’agissait d’une machination était « vague ». Michael Paul n’a en effet jamais spécifié qui étaient les personnes qui étaient derrière le supposé complot, et n’a pas étayé cette version par quelconque preuve. La magistrate ajoute : « The Accused’s claims of a ‘set up’ remains speculative and unsupported by any credible evidence. The accused’s assertion that anyone could have framed him carries no weight, as it is entirely vague and lacks identification of any specific individual or evidence. »
Une fois qu’elle a retenu que l’accusé avait bien remis les deux faux diplômes au HR Manager de la CHC, la magistrate a conclu que tous les éléments constitutifs du délit de faux et usage de faux étaient bien présents dans la présente affaire. Elle a aussi fait état qu’il s’agissait d’un acte préjudiciable envers les intérêts de l’État. Michael Paul a de fait été reconnu coupable de deux chefs d’accusation de “making use of a forged private writing”, en infraction avec diverses sections du Code pénal. La sentence sera prononcée ultérieurement.

                                    