La bande audio des Misie Moustass Leaks écartée des débats
La Cour de district de Pamplemousses a posé un jalon décisif dans l’enquête judiciaire sur la mort de Steeve Jacquelin Juliette, survenue en janvier 2023 à Goodlands après une interpellation musclée de l’ADSU. Dans une décision attendue, la magistrate Neela Ramdewor-Naugah a jugé irrecevable la bande audio des Misie Moustass Leaks — une conversation attribuée à l’ex-commissaire de police Anil Kumar Dip et au Dr Sudesh Kumar Gungadin, Chief Police Medical Officer.
La magistrate a rappelé que l’objet d’une enquête judiciaire, en vertu de l’article 111 de la District and Intermediate Courts Act (DICA), est d’établir les causes d’un décès. Or, cette bande, dont l’authenticité et la provenance restent incertaines, « n’est pas pertinente et n’apportera aucun éclairage supplémentaire sur la cause du décès ». La Cour a, donc, écarté un élément au cœur du débat médiatique, privilégiant une approche strictement factuelle.
Bras de fer judiciaire
Cette décision consacre les arguments de Me Sailesh Seebaruth (pour le Dr Gungadin) et de Me Ivan Collendavelloo, SC (pour Anil Kumar Dip), qui estimaient que l’enregistrement n’avait aucune valeur probante. Face à eux, Me Nataraj Muneesamy, représentant du DPP, et Me Rama Valayden, SC, avocat de la famille Juliette, soutenaient que la conversation pouvait éclairer les contradictions entre les conclusions des médecins légistes Gungadin et Pierre Perrich. La Cour a tranché : l’audio ne fera pas partie du dossier.
Alors que devait se poursuivre le contre-interrogatoire du Dr Gungadin, un certificat médical présenté par Me Waakid Allybocus a annoncé trois mois de repos pour son client. L’audience a été renvoyée au 26 janvier 2026, date à laquelle le médecin légiste sera de nouveau convoqué, avant l’audition de l’ancien commissaire de police.
Une mort qui interroge… Et après ?
Steeve Juliette, 36 ans, habitant de Cité Sainte-Claire, est décédé le 6 janvier 2023 d’un Acute Coronary Occlusion – un blocage coronarien ayant entraîné un arrêt cardiaque, selon les conclusions officielles. Sa famille conteste cette version et accuse les brutalités policières. Le DPP avait, donc, ordonné cette enquête judiciaire pour établir les faits et répondre aux zones d’ombre entourant ce drame.
À la sortie de l’audience, Me Muneesamy a déclaré que le bureau du DPP « décidera de la marche à suivre » à la lumière du jugement. La justice a écarté un enregistrement explosif mais contesté, recentrant les débats sur les expertises médicales. Reste la question essentielle : cette enquête permettra-t-elle de livrer une vérité convaincante à une famille encore meurtrie ?
Enquête judiciaire sur le décès de Steeve Jacquelin Juliette : Quand la justice trace une ligne rouge
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