Pension universelle à 65 ans – Jane Ragoo : « On ne lâchera rien ! »

La Plateforme Komun Syndikal ne baisse pas les bras. La contestation contre le relèvement progressif de l’âge de la pension universelle de 60 à 65 ans se poursuit. Cette plateforme, qui regroupe syndicats et confédérations du pays, a organisé une marche pacifique, hier, à Rose-Hill, à partir de 13h30. Les participants, une centaine environ, s’étaient rassemblés devant la poste avant de converger vers le Plaza. Le rouge a prédominé au sein du cortège, couleur de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP).

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Si les organisateurs s’attendaient à une plus grosse foule, la détermination était palpable hier dans les rues de Rose-Hill, à nouveau théâtre d’une manifestation « pa tous nou pansion ». D’autres manifestants, éparpillés dans la foule, crient leur exaspération face à la cherté de la vie. .
L’ambiance monte d’un cran au moment où Jane Ragoo s’époumone pour dire tout le mal qu’elle pense de la décision du gouvernement de reformer la pension. Ça a le mérite de transcender la foule : « Ziska ler pann ena okenn rankont ant sindika ek gouvernma. C’est ca la rupture ou le changement ? On ne lâchera rien. On veut nous faire croire que nous n’avons pas le droit de réagir, que tout est déjà acté dans la Finance Act. Mais nous allons maintenir la pression. La pension doit rester à 60 ans. » Elle souligne l’injustice faite aux femmes au foyer, qui ont toujours compté sur cette pension pour assurer leur dignité à partir de 60 ans. « Aujourd’hui, on leur dit d’attendre cinq ans de plus. C’est révoltant ».
L’autre fer de lance de la CTSP, Reeaz Chuttoo, devant les applaudissements nourris de ses fidèles lieutenants, munis de pavillons, a évoqué un sujet qui devrait figurer en tête de liste des revendications syndicales au cours des prochaines semaines. À savoir, certaines réformes touchant les travailleurs étrangers à Maurice. En effet, de nouvelles dispositions permettent désormais aux entreprises de recruter exclusivement des étrangers, au détriment des travailleurs mauriciens. Une mesure vivement critiquée par Reeaz Chuttoo : « Dan lasemenn, misie Ashok Subron, ki mo apel Bibron, inn prezid enn komite kot no’unn trouv ankor so vre vizaz. Ce comité a recommandé qu’il ne devrait pas y avoir de quota de travailleurs étrangers dans aucun secteur. Ces travailleurs resteront à Maurice pendant dix ans. Zot pe pous la zennes kit sa pei-la ale. Li grav. »
Son camarade de lutte, Ashvin Gudday, négociateur à la General Workers Federation (GWF), a quant à lui soutenu que « les travailleurs étrangers restent un atout et sont complémentaires au marché du travail mauricien et contribuent directement à l’économie à travers la taxation et le Consolidated Fund. Sauf que la population mauricienne sera le grand perdant de cette absence de quota. » Concernant la pension de vieillesse, il a contesté l’argument du GM selon lequel elle ne serait pas contributive : « Elle est financée par le Consolidated Fund. Avec la hausse du nombre de travailleurs, mauriciens comme étrangers, les ressources continueront à croître »
Le président de la Fédération des Travailleurs unis (FTU), Atma Shanto, s’est appesanti sur le fait que la pension universelle est un droit acquis par les travailleurs, après un long combat : « Nous ne pouvons venir rayer cela d’un trait de plume. C’est un manque de respect envers les travailleurs qui ont contribué pour le développement de ce pays. C’est pour cela que la plateforme s’oppose à toute forme de ciblage. » Il souligne que la plateforme « means business » et qu’elle ne faiblira pas tant qu’elle n’aura pas satisfaction, tout en invitant es dirigeants du PTr et du MMM à ne pas oublier d’où ils viennent et comment ils ont été portés par les travailleurs de ce pays.Obeegadoo pris à parti !
L’ancien Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, était présent lors de cette marche pacifique dans la cour du Plaza, notamment où il se pavanait à sa guise… Bien mal lui en a pris ! Sa présence était vue d’une très mauvais œil par une poignée de manifestants qui, tout en lui lançant des invectives, marchaient dans ses pas en lui rappelant son « bilan peu flatteur en termes de démocratie. » Les choses auraient pu tourner au vinaigre, mais grâce à l’intervention des organisateurs, les choses sont rentrées dans l’ordre.Recours constitutionnel déposé par Sanjeev Teeluckdharry

Rendez-vous pris le 29 septembre 2025
Le recours constitutionnel déposé par l’avocat Sanjeev Teeluckdharry contre la réforme de la pension de vieillesse (Basic Retirement Pension – BRP) a été appelé lundi devant la cheffe juge Bibi Rehana Mungly-Gulbul. La plainte, introduite sous les articles 17 et 83 de la Constitution, conteste la Finance Act 2025 qui repousse l’âge d’éligibilité à la BRP de 60 à 65 ans. Lors de l’audience du jour, le plaignant, Me Sanjeev Teeluckdharry, était représenté par l’avoué Rajen Appa Jala. L’affaire sera rappelée le 29 septembre 2025.
Les défendeurs, à savoir l’État, représenté par Me Verna Nirsimloo, Acting Director of Attorney Services, ainsi que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, et le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, représentés par Doorgesh Kumar Manikaran, Deputy Chief State Attorney par intérim, ont sollicité un renvoi afin de déposer une demande de précisions (demand of particulars). La cheffe juge a accédé à cette requête.Dave Kissoondoyal devant le Comité des droits

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économiques, sociaux et culturels
des Nations Unies
La controverse entourant la décision de repousser l’âge de la pension de vieillesse à 65 ans s’invite à l’Organisation des Nations unies (ONU). Le mouvement STOP (Sans Tous ou Pension), sous la houlette de Dave Kissoondoyal, se trouve actuellement à Genève, pour plaider cette cause devant le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. La revendication du mouvement a pour toile de fond « l’impact social de cette réforme et l’absence de consultations préalables. » Le gouvernement mauricien devra y apporter une réponse officielle.
Il n’en démord pas. Après avoir entamé une grève de la faim début juillet, à laquelle il a mis fin après dix jours, sur avis médical, pour protester contre le report progressif de l’âge d’éligibilité à la pension de 60 à 65 ans, qu’il juge « injuste », Dave Kissoondoyal a saisi six instances internationales pour contester la réforme : l’ONU, l’Organisation internationale du travail (OIT), le Comité onusien des droits économiques, sociaux et culturels, HelpAge International, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.
« In Geneva, we carry that promise before the United Nations Committee on Economic, Social and Cultural Rights (CESCR). We stand against the unilateral and regressive decision of the Government of Mauritius to raise the BRP age from 60 to 65. The BRP is not just a pension. It is a covenant between generations, a symbol of solidarity, fairness, and dignity. To weaken it is to betray the very foundation of our independence », confie Dave Kissoondoyal, qui a connu une longue carrière politique au sein du MMM. Sauf qu’après avoir été encarté durant presque un quart de siècle chez les mauves, Dave Kissoondoyal avait soumis sa lettre de démission au leader du parti, Paul Bérenger, le 30 août 2024.

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