Longtemps laissée à l’abandon, la Résidence Bois-Savon, ce complexe construit il y a 27 ans pour reloger des veuves vulnérables, suscite aujourd’hui un regain d’intérêt ministériel. Tombant sous la responsabilité du ministère de la Sécurité sociale, la Résidence Bois-Savon accueillait, jusqu’à l’an dernier, quatre veuves octogénaires vivant de manière sédentaire, tandis que vingt maisons, en mauvais état, étaient inhabitables. Après une visite des lieux, mardi dernier, les ministres Soubron et Navarre-Marie envisagent d’ouvrir Résidence Bois-Savon aux femmes victimes de violence conjugale.
Les ministères de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, et de l’Égalité des genres, respectivement, ont des projets pour la Résidence Bois-Savon, un complexe de 24 maisons situé à Abercrombie. Une visite des lieux, mardi dernier, par les ministres Ashok Soubron et Arianne Navarre-Marie leur a donné un aperçu des maisons et de l’ensemble du complexe, qui avait été quasiment abandonné par le ministère de la Sécurité sociale. Comme Week-End l’écrivait dans une de ses éditions en 2024, depuis la construction du complexe dédié aux veuves il y a 27 ans, les maisons ont été « habitées puis vidées au fil des années après le décès des occupantes » et sont tombées dans l’abandon. Seules quelques octogénaires (ndlr : elles étaient 4 il y a un an) vivaient encore à Résidence Bois-Savon.
Pratiquement oubliées des autorités, les résidentes que nous avions rencontrées en 2024 n’avaient plus accès à de l’eau chaude. Nous écrivions : « Comme personne n’est plus en état de sortir, les résidentes de Bois-Savon vivent repliées sur elles-mêmes. La visite de leurs proches, c’est-à-dire leurs enfants, déjà âgés, ou un frère est un des seuls moments où elles peuvent interagir avec le monde extérieur (…) Bien avant l’arrivée de la nuit, chacune est cloîtrée chez elle, à regarder la télévision, écouter la radio, avant de s’endormir. Et si par malheur le soir il leur arrive un souci de santé, si elles n’ont pas la possibilité d’utiliser leur téléphone, personne ne saura qu’elles ont besoin d’aide. Le bouton d’alarme qui est installé à côté de leur lit ne fonctionne plus. »
Solitude
Après leur visite à la Résidence Bois-Savon, les deux ministres ont décidé de conjuguer leurs efforts pour redonner un nouveau souffle à ce complexe. C’est par le biais d’un communiqué que le ministère de l’Intégration sociale a dévoilé l’objectif d’un projet à venir. Le document précise que « cette visite a permis d’envisager un partenariat entre les deux ministères, notamment pour le relogement temporaire de femmes victimes de violence conjugale. » Mais quid des veuves âgées vivant en situation de vulnérabilité, à qui ce complexe était initialement destiné ?
Si l’initiative de relogement temporaire pour les femmes victimes de violence conjugale est salutaire, il est essentiel de ne pas perdre de vue la mission première de la Résidence Bois-Savon : offrir un cadre de vie digne et sécurisé à des femmes âgées isolées. La cohabitation de ces deux objectifs est-elle envisageable ? Après tout, pourquoi pas ? Car lors de notre reportage à Résidence Bois-Savon en juin 2024, les dames âgées que nous avions recontrées nous ont confié leur détresse face à la solitude. Ou assiste-t-on à un changement de cap plus profond dans la vocation du complexe ? Ce centre avait été construit il y a 27 ans, grâce à un financement du Luxembourg, afin de reloger des veuves menacées d’expulsion de terres de l’État et harcelées par des délinquants peu avant 1990. Aujourd’hui, 20 de ces maisons sont inhabitables en raison de leur mauvais état. La rénovation des maisons de Résidence Bois-Savon était dans les projets du ministère de la Sécurité sociale. Un appel d’offres (MUT Ref No : 97546327) avait été lancé dans cette optique.
Week-End s’était intéressé à Résidence Bois-Savon dans un contexte où de vieilles dames, vivant seules, avaient été régulièrement victimes d’agression, dont mortelle. D’ailleurs, en juin dernier, Koomunty Mathurasingh, 79 ans, et sa sœur Gyantee Humawtee Ramnarain, 83 ans, ont été violemment agressées dans leur maison à Triolet. Koomunty Mathurasingh allait malheureusement succomber à ses blessures.
Lors de sa visite, mardi dernier, Ashok Subron a également visité le Day Care Centre situé dans l’enceinte de la Résidence Bois-Savon, utilisé par des groupes de personnes âgées de la région. Cependant, si la communauté peut profiter de cette infrastructure, les résidentes du complexe, elles, vivent dans la sédentarité, sans accès à des activités de loisirs.
Résidence Bois-Savon : Des veuves âgées remplacées par des victimes de violence conjugale ?
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