Nécrologie – Malenn Oodiah : une voix citoyenne s’est tue

Collaborateur assidu de Week-End pendant de longues années, Malenn Oodiah s’est éteint ce vendredi 19 septembre à l’âge de 68 ans, à son domicile de Rose-Hill. Sociologue, observateur politique et citoyen engagé, il laisse derrière lui une œuvre intellectuelle et sociale marquée par une exigence constante : faire vivre le débat d’idées et bâtir une société plus juste.
Une plume critique au service du débat
Au fil des années, les lecteurs de Week-End avaient appris à reconnaître sa plume incisive, toujours argumentée, mais jamais complaisante. Dans ses chroniques, Malenn Oodiah interrogeait la marche du pays, décryptait les tendances sociales et politiques, et invitait chacun à poser un regard lucide sur les défis à venir. Sa fidélité à ce rendez-vous dominical faisait de lui une voix attendue, parfois dérangeante, mais toujours respectée.
Plus récemment, il s’était aussi fait entendre à travers la page Forum de Le Mauricien, confirmant cette volonté de nourrir le débat public en dehors des carcans partisans.
Initiatives citoyennes et culturelles
Au-delà du journalisme d’opinion, Malenn Oodiah s’était investi dans plusieurs projets citoyens. On lui doit notamment Lakaz Flanbwayan à Bambous, un espace dédié à l’art, à la photographie et à la mémoire collective, où se mêlaient expositions, échanges culturels et réflexion sociale. Lieu d’ouverture, ce centre accueillait artistes et citoyens dans une atmosphère de partage et de cohésion.
Son dernier grand rendez-vous, en mai 2025, fut la commémoration de Mai 75, où il réunit témoins et acteurs d’une page décisive de notre histoire, fidèle à son souci de relier mémoire et présent.
Un parcours d’engagement
Ancien responsable de communication du groupe Beachcomber pendant près de trois décennies, il avait aussi présidé la Fondation Espoir Développement Beachcomber avant de se tourner vers des engagements plus personnels. Auteur de plusieurs ouvrages marquants, dont Mouvement Militant Mauricien : 20 ans d’histoire, 1969-1989, Up Close (2017) et Pour une Révolution Tranquille, il publiait encore en 2024 le Manifeste de l’Avenir, où il proposait des réformes structurelles et un pacte social renouvelé.
À travers son initiative Projet de Société, il appelait les Mauriciens à réfléchir collectivement à l’avenir du pays, convaincu que la politique ne devait pas se limiter aux institutions, mais se vivre dans la société civile.
Une voix qui rassemblait
Ses proches retiennent l’image d’un homme simple, passionné de jardinage et de photographie, qui partageait régulièrement ses clichés de fleurs sur les réseaux sociaux. « Son souhait était de voir les Mauriciens unis et vivre ensemble », a confié sa belle-sœur, Nalini Burn à un confrère8
Marié à l’écologiste Adi Teelock, Malenn Oodiah laisse derrière lui son épouse et leur fils à qui Week-End adresse ses sincères condoléances.
Avec sa disparition, c’est une voix respectée du monde académique, culturel et citoyen qui s’éteint. Ses textes publiés dans Week-End, lemauricien et ailleurs, mais aussi ses projets et ses engagements, continueront de résonner comme autant d’appels à penser, à débattre et à agir ensemble.

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