La décision du Premier ministre Navin Ramgoolam de ne pas quitter le pays pour se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies à New York n’aura pas été vaine. Comme il l’avait annoncé samedi lors de sa conférence de presse consacrée à sa mission de huit jours en Inde mais qui, en fin de compte, a été dominée par la situation à la Banque de Maurice et la révocation de Rama Sithanen, il voulait rester au pays pour régler les affaires urgentes. C’est donc mission accomplie. En moins d’une semaine, un nouveau gouverneur et un second gouverneur adjoint ont été nommés. À quelque chose malheur est bon. En nommant Priscilla Muthoora Thakoor comme gouverneure de la Banque centrale, le Premier ministre a marqué plusieurs points d’un seul coup.
Pour la première fois, une femme prendra les rênes de la Banque centrale. Une compétence qui a fait ses preuves à l’international est enfin reconnue à Maurice et elle ne sort pas de lakwizinn des principaux partis politiques du pays. Avec la nomination de Ramsamy Chinniah, c’est une compétence interne à la banque centrale qui est reconnue. Ce qui peut constituer une motivation pour les employés de la banque. D’ailleurs, le syndicat des employés de la banque s’est empressé d’exprimer sa satisfaction au sujet des nominations effectuées. Il s’agit maintenant de poursuivre le travail commencé concernant la politique financière, le maintien de la stabilité de la roupie et le contrôle du taux d’inflation. Espérons également que la nouvelle équipe aura le champ libre sans aucune pression de part et d’autre. Il s’agira aussi de maintenir la confiance de la Banque de Maurice en Afrique dans la mesure où c’est le gouverneur de la Banque de Maurice qui assure actuellement la présidence de l’Association des gouverneurs des pays africains. Souhaitons que la sérénité règne à la Banque centrale.
Les regards sont maintenant tournés vers Air Mauritius, un autre dossier brûlant qui continue à défrayer la chronique et animer les débats à Maurice. On sait que le Premier ministre a mal digéré le fait que le président d’Air Mauritius n’a pas su créer les conditions nécessaires afin qu’il puisse se rendre en Inde à bord d’un appareil de la compagnie aérienne nationale, comme c’est le cas pour tous les chefs d’État du monde. Il n’avait pas manqué d’apostropher le dirigeant d’Air Mauritius lors du lancement du livre publié par La Sentinelle à l’occasion du 125e anniversaire de la naissance de SSR. Il avait dit sa déception à M. Beegoo en présence des personnes présentes. Un premier pas a été franchi avec la nomination de Megh Pillay comme directeur général d’Air Mauritius Holding Ltd qui prendra ses fonctions à partir du 1er octobre alors que le nouveau CEO devrait prendre ses fonctions à partir du 15 octobre prochain pour reprendre les commandes du Paille-en-queue. On attend avec impatience la nouvelle stratégie de développement qui permettra de redonner à Air Mauritius son image.
Entre-temps, c’est la FCC qui retient l’attention de la population. Pour la première fois dans les annales, un ancien commissaire de police se retrouve actuellement en cellule de police sous l’accusation provisoire d’avoir autorisé des paiements illicites dans le cadre de l’affaire de Reward Money. Par la même occasion, six victimes de la Special Striking Team d’Ashik Jagai ont vu leur affaire rayée par le DPP. Elles respirent enfin. Comme quoi la roue continue de tourner. La population attend avec impatience les résultats des enquêtes en cours. Elle a les yeux fixés sur la France où pour la première fois de l’histoire en Hexagone; un ex-président se retrouvera derrière les barreaux. Le tribunal de Paris l’a condamné à cinq ans d’emprisonnement. Une leçon pour tous ceux qui se croyaient ou qui se croient intouchables.
Sur le plan économique, c’est l’avenir de l’AGOA qui retient l’attention. La loi devrait expirer le 30 septembre 2025. La question actuellement est de savoir si les autorités américaines accepteront une prolongation de l’AGOA de 16 ans supplémentaires, jusqu’en 2041. Jusqu’à maintenant, c’est le suspense. Les derniers producteurs de textile à Maurice ainsi que d’autres exportateurs qui dépendent des exportations vers les USA croisent les doigts. La directrice de MEXA, Lilowtee Rajmun, a déclaré cette semaine que les négociations dureront jusqu’à la dernière minute. Hope for the best!
Jean Marc Poché
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