Rixes entre étudiants : Des scènes de violence inouïes

La violence au sein ou en dehors des établissements secondaires, après les heures de classe, a pris une ampleur disproportionnée à Maurice. Des actes de brutalité qui se traduisent souvent par des agressions physiques et des brimades. Les scènes de violence inouïes chez les jeunes filles font l’objet d’inquiétudes grandissantes. Pour s’en convaincre, il suffit de contempler les images, les unes plus choquantes que les autres, qui ont, cette semaine, déferlé sur le net. Des actes d’intimidation et de répression, qui peuvent  se prolonger sur les réseaux sociaux, chacun se préparant au match retour !

L’institution scolaire est régulièrement confrontée à la question de la violence. La violence entre élèves, familles et enseignants, ainsi que celle de l’institution à l’égard des élèves comme des professionnels. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que les empoignades entre jeunes étudiants existent depuis des lustres ; toutefois, elles semblent s’être intensifiées depuis l’avènement de la Génération Z (nés entre 1995 et 2005) qui donna le rythme des réseaux sociaux à la fin des années 2000. Les formes d’affrontement les plus courantes sont des combats, généralement à main nue, encore heureux ! Sans crier gare, les jeunes bagarreurs se jettent l’un sur l’autre, se frappent durement au visage et au corps, s’empoignent et roulent éventuellement par terre dans une grande confusion jusqu’à ce que l’un des deux prenne le dessus, ou bien jusqu’à ce qu’ils soient séparés par des tiers.

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« Wi, lontan ti ena bann laguer ant garson. Me li ti loyal. Enn pou enn. »

« Wi, lontan ti ena bann laguer ant garson. Me li ti loyal. Enn pou enn. Aujourd’hui les choses ont bien changé. Les jeunes ne respectent plus ces règles. Ils frappent quelqu’un à terre jusqu’à le mettre KO. Des gens extérieurs se joignent parfois à la bagarre ou filment la scène avec leurs téléphones et publient les images sur les réseaux sociaux, afin de s’en gargariser, le comble ! », confie un contrôleur d’autobus de la gare de l’Immigration à Port-Louis, témoin, comme nos journalistes, des rixes s’y déroulant de manière fréquente entre élèves de différents établissements. Le police a mis fin aux empoignades en marquant sa présence sur le site… Jusqu’à quand ?

Loin d’être anodines, les bagarres, qui sont souvent des moyens de régler des différends entre pairs, demeurent une malheureuse réalité de la vie de nombreux adolescents. Les élèves plus faibles et effacés sont évidemment des proies plus faciles, tout comme ceux qui ont une caractéristique physique qui les différencie.

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Au rayon des pires, se basant sur des témoignages, vidéos et dépositions faites à la police, on pourrait gloser sur ce triste épisode survenu à Saint-Paul, en février dernier, symptomatique du manque de limites et d’une ignorance totale de la loi et des conséquences de leurs actes chez les jeunes. La victime a eu le malheur de heurter involontairement ses bourreaux qui erraient, comme lui, sur les trottoirs, à en croire des témoins qui affirment que « cette bande de collégiens a l’habitude de jouer au billard dans un club situé près d’une pharmacie, en se livrant à des jeux de mains, pour ne pas dire à des combats. » Comme si ça ne suffisait pas, l’un de ces fieffés filous s’en est pris à la victime en éteignant une cigarette sur son front, après l’avoir copieusement insulté ! Apeurée, la victime a pu s’échapper à temps avec l’aide de quelques passants qui en avaient assez vu.

Les filles de plus en plus impliqués

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Une autre video fait le buzz actuellement. Elle s’est déroulée à Plaine-Magnien où un collégien a été agressé par un groupe de jeunes après les heures de classe. Informé de cet épisode, son père l’a conduit à l’hôpital pour des soins, avant de se rendre au poste de police de la localité, afin de porter plainte. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire, sauf que, à en croire le papa, ce n’est pas la première fois que son fils subit les foudres de cette horde d’écervelés.

Les protagonistes impliqués dans des bagarres sont de plus en plus les filles. Sur l’une des vidéos relayées cette semaine, on y voit une jeune étudiante rouer de coups une autre fille, en tirant violemment sur ses cheveux, la projetant sur l’asphalte, encouragée par les autres élèves. Des scènes faisant froid dans le dos. Celle qu’on pourrait décrire comme la victime, ne s’avouant pas pour autant vaincue, voulait revenir à la charge, mais ses amis ont eu la présence d’esprit de calmer ses ardeurs. Les choses ont tourné au vinaigre à Rose-Hill durant cette même semaine. On se serait cru dans un champ de bataille où des individus auraient, selon nos informations, été transportés à l’hôpital après avoir été sérieusement blessés.

Un tour de vis radical visant à mettre hors d’état de nuire certains bagarreurs patentés, errant autour de la gare de Rose-Hill après les heures de classe, est plus qu’urgent, car derrière ces comportements éhontés se cache une réalité qui ne doit pas être prise à la légère par les autorités.

Un modèle parental valorisant l’agressivité

La violence touche aussi, à degré moindre, les écoliers. Un cas, signalé à la police et au ministère de l’Éducation, évoqué par la presse, a retenu notre attention. Il s’est produit dans une école primaire du Nord, le 21 août dernier, et concerne… un garçon de 7 ans qui se rendait près d’une poubelle de l’école. Voyant que deux élèves étaient en train d’agresser un enfant, le concerné a pris son courage à deux mains pour tenter de voler au secours de son ami. C’est alors qu’il a été agressé à coups de poing et de pied à son tour par un autre élève. Blessé aux lèvres et au pied, il a dû être conduit d’urgence à l’hôpital SSRN, Pamplemousses, pour y recevoir des soins.

Familles instables, violentes, autoritaires, milieux sociaux défavorisés… Les psychologues mettent souvent en évidence, chez ces enfants violents, un manque d’affection et un modèle parental valorisant l’agressivité comme un mode de fonctionnement. Le rôle des adultes sur le terrain et leur capacité de mobilisation rapide et concertée (Éducation nationale, parents d’élèves, associations locales et éducateurs) sont plus indispensables que jamais pour prévenir la transformation d’embrouilles verbales en affrontements physiques qui pourraient avoir de plus graves conséquences à l’avenir.

Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad a récemment insisté sur la nécessité de maintenir une présence policière dans les gares, surtout le matin et après les heures de classe. On est encore loin du compte. À l’instar des contrôles réguliers valant leur pesant d’or à la gare de l’Immigration, des patrouilles doivent être déployées de manière pérenne.

 

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