Business Mauritius – Arnaud Lagesse: « Pour un dialogue constant entre le GM et la communauté des affaires »

Arnaud Lagesse a été élu, hier, à la présidence de Business Mauritius.  Il succède à Anil Currimjee, qui a occupé ces fonctions durant les deux dernières années, aura Madhavi Ramdin-Clark à la vice-présidence et sera soutenu par une nouvelle équipe d’opérateurs. Cette assemblée générale – qui coïncidait avec la célébration du dixième anniversaire de Business Mauritius – a réuni les cinq présidents ainsi que le dirigeants passés et présents et l’ancien directeur, Raj Makoond. Par la même occasion, Business Mauritius a lancé sa nouvelle page web qui a été entièrement relookée et un clip retraçant ces dix ans a été présenté.

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Dans sa première déclaration à la presse, Arnaud Lagesse s’est appesanti sur l’importance du dialogue entre le monde des affaires et le gouvernement . « Les priorités sont nombreuses et incluent celle du dialogue constant entre le gouvernement et la communauté des affaires. Je dois continuer à le développer. Il faudra ensuite se pencher sur l’inclusivité de l’ensemble de la communauté des affaires pour que celle-ci puisse avoir un objectif commun : la réussite de la Mauritius Incorporated », a-t-il déclaré.

Au sujet de la relance du Public Private Joint Committee, Arnaud Lagesse a fait état de consultations préalables entre Stakeholders. Parmi les autres priorités figurent l’emploi, l’ouverture vers l’international, que ce soit au niveau de l’accueil des travailleurs et des cadres exécutifs, qui doivent pouvoir venir à Maurice librement, l’ouverture du ciel afin de continuer à soutenir le développement de l’économie et du tourisme et les énergies renouvelables.

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Sur ce dernier point, il a souligné l’importance d’une prise de conscience sur les besoins énergétiques de Maurice. « Autant de  sujets importants que nous comptons prendre avec les autorités sans oublier la nécessité d’un fonctionnement plus optimal des secteurs portuaire et aéroportuaire ainsi qu’un sujet central à savoir le secteur de l’éducation, qui doit être revu afin que nous ayons  la génération qu’il faut pour demain », a poursuivi le nouveau président de Business Mauritius.

Au chapitre des réformes, dont la pension et la Constitution de Maurice, Arnaud Lagesse fait comprendre que Business Mauritius aura son mot à dire. « Business Mauritius a toujours été consultée mais pas toujours écoutée. Nous avons nos agendas pour pouvoir aider le gouvernement à réformer les secteurs qui doivent l’être sachant qu’il y a urgence à avoir des réformes importantes à divers niveaux de notre économie », dit-il encore.

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S’agissant du financement des partis politiques, il estime que c’est un sujet important à reprendre aussi bien avec le pouvoir qu’avec l’opposition. « Le sujet reste entier et cette réforme est nécessaire », préconise-t-il.

Pour sa part, Madhavi Ramdin-Clark, élue à la vice-présidence de Business Mauritius, a estimé que c’est un jour symbolique. « Il était temps de changer la perception que nous avons de Business Mauritius en vue de refléter la diversité et la mixité et surtout donner un modèle à toutes les femmes qui peuvent aspirer à jouer un rôle important dans la transformation économique de notre pays », indique-t-elle.

Un des moments forts de la réunion d’hier a été la table ronde présidée par Arnaud Lagesse et qui réunissait les cinq présidents de Business Mauritius depuis sa création à savoir Arnaud Dalais, Cedric de Spéville, Vidia Mooneegan, Jean-Pierre Dalais et Anil Currimjee.

Gouvernance et méritocratie

Pour Arnaud Dalais, cette institution est le résultat de la fusion de deux associations multisectorielles, à savoir le Joint Economic Council (JEC) et la Mauritius Employers Federation (MEF).
« Un gros travail avait été abattu par Raj Makoond, alors directeur du JEC. Ce travail a été possible grâce à la collaboration des présidents de l’époque des trois associations principales : le JEC, présidé par Ahmed Parkar ; la Chambre de Commerce et d’Industrie, présidée par Hélène Echevin ; et la MEF, présidée par Vincent D’Arifat. Lorsqu’on m’a demandé de venir présider cette nouvelle association, nous avons pensé qu’il fallait avoir une approche différente de celle que nous avions toujours eue. J’avais l’impression que, dans la communauté des affaires, les associations existantes étaient souvent des forces de réaction. J’ai estimé qu’il fallait en faire une force de proposition. Cela a été pour moi un élément extrêmement important dans les fondations de Business Mauritius », partage-t-il, en faisant état de la mise sur pied de trois commissions : l’économie, sous la direction de Gilbert Gnany ; le capital social, présidé par Patrice Legris ; et intégration et durabilité, sous la direction de Philippe Espitalier-Noël, qui est toujours en fonction.

Cédric de Spéville, qui a succédé à Arnaud Dalais, déclare que « l’existence de ces trois commissions et du National Business Forum m’a permis d’avoir des propositions cohérentes, crédibles, structurées, avec un cadre, une vision claire et une trajectoire définie, surtout lorsqu’on parle de consultations budgétaires et de propositions. »

« J’accorde une grande importance à la méritocratie, à la manière de faire les choses et à la bonne gouvernance pour envisager l’avenir. La question du financement des partis politiques s’inscrivait dans ce cadre. Un comité avait été institué. Ce n’était pas un moment perdu : beaucoup de discussions, de propositions concrètes, de réflexions. Malheureusement, le sujet, très important mais aussi très sensible, n’a pas abouti. Cette question mérite d’être remise sur la table », estime-t-il.

Le double choc

Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius entre 2019 et 2021, a été appelé à gérer deux chocs majeurs : Covid-19 et Wakashio. « Cela nous a beaucoup appris et a mis en évidence la fragilité de notre écosystème. Il en a tiré plusieurs leçons à savoir :  la résilience se construit dans la collaboration et l’unité. COVID-19 et la marée noire du Wakashio ont révélé la puissance de l’action coordonnée entre la communauté des affaires, le gouvernement et la population ;  l’adaptabilité est une nécessité stratégique. Il fallait s’adapter à l’impact sur le tourisme, les chaînes d’approvisionnement, le marché du travail, etc. L’agilité était indispensable, la durabilité doit être au cœur de la stratégie d’entreprise. Une croissance durable est impossible sans une gestion responsable et proactive des risques,  la gouvernance et la transparence sont essentielles, le rôle des entreprises dans la société évolue. Elles ne doivent plus seulement créer des emplois et générer du profit, mais aussi contribuer à la protection sociale, à la santé environnementale et à un leadership éthique et les alliances régionales sont stratégiques », s’est-il étendu.

Sortir de la liste rouge écarlate

Jean-Pierre Dalais (2021-2023)  considère que  sans dialogue, rien n’est possible.  « Mon message est qu’il faut rester solidaire. C’est la base pour faire évoluer les choses. Mais nous avons aussi évolué dans des environnements compliqués, notamment en fiscalité, ce qui rend les choses plus difficiles pour nos entreprises dépendantes des actionnaires », fait-il ressortir.

Pour Anil Currimjee, qui a passé le flambeau à Arnaud Lagesse, « la stabilité politique est essentielle » . Il révèle cependant que  le budget a constitué un choc à trois niveaux :la fiscalité, avec la Fair Share Contribution, les conséquences inattendues sur l’attractivité pour les étrangers et l’ouverture et  l’incertitude concernant les régimes et les politiques.

« Ce cocktail explosif a affecté à la fois l’investissement direct étranger, l’attraction des talents, le coût des affaires et la confiance à long terme. Cela s’est produit dans un contexte de réforme du système de pension, un problème que les politiciens ont dû assumer, mais qui a compliqué l’environnement. Le budget a apporté quelques avancées, notamment sur certaines politiques de certitude et d’attractivité, mais pas suffisamment. Il faut continuellement dialoguer avec le gouvernement, rester prêts aux surprises et renforcer la communication », a-t-il mis en exergue.

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