À l’occasion du mois d’Octobre Rose, nous donnons la parole au Dr Vanisha Chummun, oncologue médicale. Elle revient sur la réalité du cancer du sein à Maurice, l’importance du dépistage et les moyens de prévention.
Quels sont les types de cancers du sein les plus courants observés à Maurice ?
Selon le Registre National du Cancer (2023), 2 841 nouveaux cas de cancer ont été recensés, dont 1 636 chez les femmes. Le cancer du sein est le plus fréquent, avec 591 cas.
On distingue plusieurs formes : les cancers non invasifs, comme le carcinome canalaire in situ, qui reste localisé ; les cancers invasifs, tels que le carcinome canalaire ou lobulaire infiltrant, capables de se propager aux tissus voisins ; plus rarement, le cancer inflammatoire, qui se manifeste par une peau rouge et gonflée. Enfin, lorsqu’il se dissémine à d’autres organes (foie, poumons, os, cerveau), on parle de cancer du sein métastatique.
À quel âge conseillez-vous aux femmes de commencer les dépistages réguliers ?
L’OMS recommande aux femmes de 50 à 69 ans de réaliser une mammographie et une échographie tous les deux ans. Ce dépistage a déjà permis de réduire de plus de 30 % la mortalité liée au cancer du sein.
Quels sont les signes précoces à ne surtout pas ignorer ?
Une masse dans le sein ou sous l’aisselle, un changement de taille ou de forme, des plis ou creux cutanés, un écoulement anormal du mamelon (surtout s’il est sanglant), ou encore une peau rouge, gonflée ou d’aspect granuleux (« peau d’orange »). Tout changement inhabituel doit conduire à une consultation médicale sans délai.
Le cancer du sein touche-t-il aussi les hommes à Maurice ? Peut-on avoir un chiffre ?
Oui, mais les cas restent très rares : moins de 1 % dans le monde. Il survient généralement après 70 ans, bien qu’il puisse toucher plus tôt.
En quoi consiste un suivi après un diagnostic du cancer du sein ?
Le suivi est indispensable pour surveiller d’éventuels effets secondaires, prévenir une rechute et assurer un soutien global au patient. En général, il inclut une consultation tous les six mois pendant les cinq premières années, puis une fois par an, avec examens cliniques et imagerie médicale.
Quel rôle jouent l’alimentation et le mode de vie dans la prévention ?
Plusieurs facteurs augmentent le risque : la sédentarité, le surpoids, le tabagisme et la consommation d’alcool. À l’inverse, une activité physique régulière, une alimentation équilibrée et un mode de vie sain contribuent à réduire les risques.
L’accès aux traitements (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) est-il suffisant à Maurice ?
Tous les traitements standards sont disponibles à Maurice : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, thérapies ciblées et immunothérapie. Chaque patiente bénéficie d’un protocole adapté à son état de santé et au stade de la maladie.
Quels progrès ont été faits en oncologie ces dernières années ?
Les avancées concernent surtout les thérapies ciblées et l’immunothérapie, qui permettent de mieux adapter les traitements au profil biologique de chaque tumeur.
Quels sont les conseils que vous donnez à une femme qui vient d’être diagnostiquée ?
Qu’elle garde espoir. Un plan de soins complet et personnalisé est toujours proposé, avec un accompagnement médical, psychologique et social. Des ONG comme Link to Life apportent aussi un soutien précieux.
Quels sont les signes précoces les plus souvent négligés ?
Les mêmes que ceux cités plus haut. Trop souvent, des femmes espèrent qu’un symptôme disparaîtra de lui-même. Or, un cancer détecté tôt se soigne mieux et les traitements sont plus efficaces.
Quelles sont les tranches d’âge les plus touchées par le cancer du sein à Maurice ?
La majorité des cas concerne les femmes âgées de 50 à 70 ans (380 cas). Viennent ensuite les 30–49 ans (128 cas), les 70–85 ans et plus (80 cas), et enfin les 25–29 ans (3 cas).
Dr Vanisha Chummun, oncologue médicale
Titulaire d’un doctorat en oncologie obtenu à l’Université des Sciences et Technologies de Huazhong, en Chine, le Dr Vanisha Chummun exerce comme oncologue médicale depuis 2018, après plus de dix ans d’expérience dans le domaine de la santé.
Elle élabore des plans de traitement personnalisés, associant thérapies médicales et suivi global, incluant notamment l’accompagnement nutritionnel et psychologique des patients. Elle travaille en étroite collaboration avec des équipes pluridisciplinaires afin d’assurer une prise en charge complète du cancer.
Le Dr Chummun est également engagée dans des actions de sensibilisation autour de la détection précoce et de la prévention. Elle participe régulièrement à des campagnes de santé publique visant à informer et éduquer les communautés sur les réalités du cancer.