Demain, les Honourable Members reprendront le chemin de l’hémicycle et redonneront vie au Temple of Democracy, une expression qui a résonné comme un écho dans le Drom Vid du LoudSpeaker pendant les cinq années de la précédente législature. Ces frasques, les unes plus parlantes que les autres, sont déjà consignées dans le Hansard. Mais il serait inutile, et une perte de ressources démocratiques, d’y revenir.
Puisqu’il est question de démocratie, les voix, aussi légitimes que celles de l’opposition à l’Assemblée nationale — soit un Leader of the Opposition, un Whip de l’opposition et un député indépendant — peuvent difficilement prétendre être suffisamment audibles pour assurer le contrepoids à la majorité sans appel issue des urnes du 10 novembre 2024. Tout démocrate que l’on soit, il ne faut pas se leurrer en croyant que cette opposition, si numériquement représentative soit-elle, peut assurer la visibilité digne d’un espace démocratique qui se découvre et s’approfondit de jour en jour.
Pendant les récentes vacances, les décibels du Temple of Democracy étaient devenus atones, le temps pour les stakeholders de se ressourcer. Ce n’est pas pour autant que la démocratie n’a pas tourné à plein régime. La preuve : face aux récriminations ou demandes de transparence, les injonctions politiques Kot mo’nn fote ? ou encore Atann nou gete ! prononcées avec une arrogance autocratique, se sont irrémédiablement estompées de la place.
La séparation des pouvoirs, concept embedded dans la Constitution, fait que la suprématie quantitative au Temple of Democracy ne peut porter préjudice au Res Publica. Des institutions ont fait la preuve qu’elles étaient des garde-fous. Mais à une condition suprême : que les prérogatives de chacune des composantes, qu’il s’agisse du judiciaire ou de l’exécutif, ne soient nullement usurpées, voire hijacked. Les institutions, sous la Constitution, ont cette mission sacrée de faire épanouir la démocratie sous toutes ses formes, ses couleurs et ses manifestations.
Et le tout dans la consolidation de la mission intrinsèque du contre-pouvoir qu’est la presse, pour consigner les travers abusifs susceptibles de miner le terrain de la démocratie.
En marge du chapelet de dénonciations en tous genres qui défraient la chronique, avec les institutions constitutionnelles veillant à ne pas froisser les droits des individus, deux instances relevant du quasi-judiciaire ont redonné confiance au concept de redevabilité dans les pratiques de gouvernance. Le rapport de la Court of Investigation, présidée par l’ancien Puisne Judge de la Cour suprême, Abdurrafeek Hamuth, a longtemps dormi dans un tiroir.
Le gouvernement d’alors avait ses raisons pour adopter une telle attitude, un peu à la manière de cette citation de Blaise Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.» Aujourd’hui, les contre-vérités et les faux et usages de faux en matière de sécurité nationale sont étalés sur la place publique. Cyniquement, le gouvernement du jour avait toutes les raisons de ce striptease de son prédécesseur.
Mais il y a encore le rapport accablant du Fact-Finding Committee de la National Human Rights Commission sur les disturbances survenues à la Melrose Eastern High Security Prison le 17 juillet. Sur la base d’informations préliminaires émanant des vested quarters, le Leader of the House avait été amené à employer le terme de mutiny.
Le rapport a démoli sans pitié les versions contrefaites de l’establishment pénitentiaire, croyant pouvoir jeter de la poudre aux yeux pour justifier l’excessive and unjustified use of force against unarmed detainees, littéralement sans défense intra-muros. Même scénario pour l’exécutif que dans le cas du MV Wakashio. La décision du Conseil des ministres, vendredi, de rendre publics les détails de ces findings a levé un coin de voile sur un univers kadnase, comme pas deux.
Pourtant, dans la conjoncture, le dividende politique se résume au seul plan de la transparence dans la démarche, car les occurrences sont intervenues sous le stewardship du présent gouvernement.
Que ce soit pour le Wakashio ou pour l’ersatz de mutiny de Melrose, la balle est désormais dans le camp des pouvoirs constitutionnels, qu’il s’agisse du judiciaire, avec le DPP en tant qu’auxiliaire de la justice, ou de la police, qui souffre d’un sérieux déficit de crédibilité.
Le Temple of Democracy ne resplendira qu’à la lumière jaillissant des pouvoirs placés sous la Constitution.

