Air Mauritius : Un nouveau “tail-strike” à Plaine-Corail relance les inquiétudes

Le communiqué publié par Air Mauritius, hier, visait à calmer les esprits. La compagnie nationale y apporte des précisions sur le vol MK 209 du 2 octobre, un ATR 72-500 ayant dû effectuer un “go-around” — une remise de gaz — lors de l’approche finale à Rodrigues.

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Air Mauritius confirme qu’un “tail-strike mineur” (contact léger de la queue de l’appareil avec la piste) s’est produit durant la manœuvre. Les ingénieurs auraient constaté de simples égratignures sur le “tail skid”, la protection installée à cet effet, sans dommage structurel.
Après inspection et validation, l’appareil a été remis en service dès le lendemain, précise la compagnie, assurant qu’elle ne fait aucun compromis en matière de sécurité.

Précédent inquiétant du 31 juillet

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Cette clarification intervient un peu plus de deux mois après un atterrissage brutal le 31 juillet à Plaine-Corail, impliquant également un ATR 72-500 immatriculé 3B-NBN.
Ce jour-là, l’appareil avait violemment touché la piste, rebondi, puis repris appui dans ce que les spécialistes ont depuis qualifié de “severe hard landing”. Le constructeur ATR avait alors interdit le rapatriement de l’avion vers Maurice, exigeant une inspection complète sur place.
L’avion était resté  cloué au sol à Rodrigues, dans des conditions techniques précaires, faute de hangar et d’équipements adaptés. L’équipe d’experts envoyée de Toulouse avait effectué un démontage partiel de l’appareil, signe que les dommages étaient conséquents.

Série noire

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Deux incidents distincts, mais sur le même type d’appareil, à deux mois d’intervalle, sur la même ligne Maurice–Rodrigues. Même si le communiqué du 7 octobre cherche à relativiser, le parallèle est inévitable. D’autant que l’ATR reste le pilier de la desserte inter-îles, avec plusieurs rotations quotidiennes, souvent dans des conditions météorologiques exigeantes.

Certains pilotes, sous couvert d’anonymat, évoquent des contraintes opérationnelles extrêmes:

•pressions pour maintenir la ponctualité malgré les vents de travers fréquents à Plaine-Corail ;

•marges de sécurité parfois réduites par des plans de vol serrés ;

•et un manque chronique de personnel expérimenté depuis la réorganisation post-administration.

L’affaire du 31 juillet avait déjà suscité de vives critiques sur la gestion de la communication de crise. Air Mauritius s’était contentée d’évoquer un « incident technique » sans préciser l’ampleur des dégâts ni rassurer les passagers concernés.
Cette fois, la compagnie adopte une posture plus transparente, mais reste prudente. Elle évite notamment de confirmer si le pilote concerné est le même ou si des mesures de formation complémentaires sont envisagées pour les équipages ATR.  Par ailleurs les questions suivantes attendent des réponses d’Air Mauritius :

•lien entre les deux incidents : s’agit-il d’un hasard ou d’un symptôme d’une fragilité structurelle (formation, maintenance, fatigue des pilotes) ?

•audits et enquêtes : une enquête indépendante de la Civil Aviation Authority a-t-elle été ouverte ?

•culture de sécurité : les retours d’expérience (Incident Reports) sont-ils réellement pris en compte ?

•plan de maintenance : quelle est la fréquence et la qualité du suivi technique des ATR basés à Rodrigues ?

•communication : la politique actuelle d’Air Mauritius tend-elle à minimiser les incidents pour protéger son image ?

Un enjeu d’image et de confiance

À un moment où Air Mauritius tente de rétablir sa crédibilité après des années de turbulences financières et de réorganisations, la succession d’incidents techniques sur ses ATR soulève un enjeu de fond : la sécurité perçue. Même si les faits restent isolés et sans blessés, la psychologie des passagers et la transparence de la compagnie pèseront lourd dans la reconstruction de la confiance envers la compagnie aérienne nationale.

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