Les audiences dans le procès intenté contre Louis Dominique Seedeeal, aussi connu comme Darren L’Activiste, ont pris fin, hier. L’accusé a ainsi été appelé à la barre des témoins, et la Cour a mis son jugement en délibéré. Le délit reproché est « using a telecommunications device to post a message which is offensive », en violation de l’Information and Communication Technologies Act, et pour Breach of Bail Conditions, en infraction avec la Bail Act. Ce procès fait suite à la diffusion d’un enregistrement vidéo live sur la page Facebook de l’accusé le 20 août 2022, où il disait: « Jagai finn met ladrog kot Akil Bissessur ».
Dominique Seedeeal a été appelé à la barre des témoins, où il a répondu aux questions de Me Sanjeev Teeluckdharry, son avocat. Il a expliqué qu’il détenait une carte de presse de l’International Union of Press Workers. Il a confirmé ses propos dans la vidéo en question. Selon lui, il n’avait aucune intention d’appeler les gens à manifester devant les Casernes centrales, et qu’effectivement, il n’y a eu aucune manifestation en ce sens.
Il a ensuite été contre-interrogé par Me Ida Dookhy-Rambarrun, la représentante du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). Celle-ci a donné lecture du Statement de l’accusé, où il avait présenté des excuses à l’ASP Jagai. L’accusé n’a pas été d’accord qu’il avait donné ce Statement de son plein gré, mais que la police l’avait « torturé mentalement ». Il a indiqué qu’il n’avait pas soulevé cet aspect avec l’Independent Police Complaints Commission, vu que selon lui, c’était une perte de temps.
La poursuite s’est ensuite appuyée sur les paroles de Seedeeal dans sa vidéo, où il disait que : « Mo stand by lor baz. Prepare zot. ». Elle maintient que l’accusé incitait les gens à descendre dans la rue, ce qui ne faisait pas partie de son métier de journaliste, et qu’il y avait ainsi Breach of Bail Conditions. Cela parce qu’il était provisoirement accusé de sédition, et que la Cour avait stipulé comme condition qu’il ne devait poster de vidéo sur sa page Facebook.
Dominique Seedeal a réfuté cette explication. Selon lui, la Cour lui avait donné l’autorisation de poster des vidéos en sa qualité de journaliste, et qu’il fallait agir contre le planting of drugs, utilisé comme moyen de répression par le gouvernement de Pravind Jugnauth. Il a réitéré le point que Jagai avait bien planté de la drogue chez Akil Bissessur.
Akil Bissessur a ensuite été appelé à la barre des témoins. Ce dernier a maintenu qu’il y a eu effectivement planting of drugs chez sa compagne à Palma et que Dominique Seedeeal n’avait fait que dire « the absolute truth ». Il est revenu en moult détails sur le jour de son arrestation à Palma pour essayer de démontrer qu’il y avait bien eu Planting of Drugs chez lui. Il n’a pas été d’accord avec la procureure que la fouille avait été effectuée en sa présence.
Akil Bissessur a aussi indiqué que le Forensic Science Laboratory (FSL) n’avait pas relevé ses empreintes digitales ou son ADN sur les sachets de drogue saisis chez lui, et que la Cour de district de Bambous avait rayé les charges provisoires de Drug Dealing contre lui.
Faisant référence aux paroles du Premier ministre d’alors, Pravind Jugnauth, à l’effet qu’Akil Bissessur était sur son radar, au fait qu’il défendait un internaute qui avait diffusé un message potentiellement offensant contre Kobita Jugnauth, et qu’une Hit List était en circulation en 2022 où son nom figurait en bonne place, il a expliqué qu’il était ciblé par l’ancien régime et que le Planting of Drugs avait été fait pour le piéger et le mettre hors d’état de nuire.
Il y a eu de vifs échanges entre Akil Bissessur et la représentante du DPP. L’avocat a expliqué qu’il avait été filmé à un moment donné par la police alors qu’il était nu dans une pièce lors de la descente à Palma, ce à quoi la poursuite l’a accusé de mentir en Cour, mais l’avocat a maintenu sa version des faits.
Jugement en délibéré
Dans son réquisitoire, la poursuite a expliqué que Seedeeal s’était rendu aux Casernes centrales, en sachant pertinemment bien qu’il allait être arrêté. L’accusé ne s’était pas servi de sa liberté d’expression comme journaliste mais avait essayé d’inciter le public à descendre dans la rue par le biais des réseaux sociaux.
Dans sa plaidoirie, Me Teeluckdharry affirme que Seedeeal ne faisait son travail comme reporter. La condition imposée par la Cour alors qu’il était accusé de sédition, charge qui a été rayée depuis, était qu’il ne devait pas se servir des réseaux sociaux pour inciter les gens à manifester, ce qu’il n’avait clairement pas fait. La phrase « prepar zot » à ses suiveurs était qu’il voulait simplement diffuser un programme Live.
« Nous sommes dans un état démocratique et l’accusé a un droit constitutionnel à la liberté d’expression. Son avocat, Akil Bissessur, avait été arrêté, et c’était une information majeure pour lui. », dit l’homme de loi.
Selon lui, alors que les témoins de la poursuite doivent être des « witness of truth », il a maintenu que Jagai et Gungadin sont deux « dishonest corrupt political officers », au vu des accusations provisoires qui pèsent contre eux dans le sillage du scandale de Reward Money. « La Cour peut-elle se fier à leurs témoignages ? », s’est demandé l’avocat. « When you tell a liar he is a liar, do you make an offensive statement ? », a-t-il renchéri.
La magistrate Keshri Soochit, qui préside ce procès, a indiqué qu’elle allait rendre son jugement le 17 décembre.