La Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP) a tenu hier un point de presse devant la Victoria House, siège du ministère du Travail à Port-Louis. Objectif : dénoncer la situation jugée alarmante dans laquelle opèrent quelque 600 ouvriers népalais employés par le Beijing Civil Engineering Group.
Le président de la CTSP, Reeaz Chuttoo, a dit que ces travailleurs se sont rendus, lundi, au siège de la confédération à Rose-Hill, à l’occasion de la Journée internationale pour le travail décent. « Plusieurs centaines d’entre eux se retrouvent aujourd’hui dans une situation illégale. Leurs permis de travail ont expiré depuis septembre, et pour certains, cela dure déjà plus d’un an et demi », a-t-il déclaré.
En dépit de cette situation illégale, l’employeur leur demande de continuer à travailler, en affirmant avoir déjà soumis les demandes de renouvellement au ministère du Travail. « Le problème, c’est que le ministère tarde à agir. En sus de cela, le ministère du leur demande de reprendre le travail », souligne Reeaz Chuttoo. Résultat : ces travailleurs ne peuvent plus effectuer de transferts d’argent à leurs proches et ont décidé de déclencher un mouvement de grève lundi dernier.
Le syndicaliste a également évoqué un cas dramatique. « Nous avons rencontré un ouvrier népalais victime d’un accident de travail. Un objet lui a perforé l’œil. Son permis de travail étant expiré, son cas n’a pas été rapporté au ministère, et il n’a droit à aucune compensation. En plus, s’il est intercepté par le Passport and Immigration Office, il risque d’être immédiatement rapatrié », dénonce-t-il.
Reeaz Chuttoo dit détenir un document préparé par le comité interministériel sur les travailleurs étrangers, facilitant l’embauche de main-d’œuvre étrangère, sans toutefois prévoir de dispositions pour leur protection sociale. « Ce rapport ne dit rien sur le sort d’un travailleur étranger blessé dans l’exercice de ses fonctions », déplore-t-il.
La CTSP compte porter à l’international cette affaire par le biais de ses affiliés syndicaux. Une correspondance sera également adressée au Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour demander au Passport and Immigration Office de ne pas rapatrier ce travailleur blessé au travail.
« Il y a des milliers de travailleurs étrangers à Maurice sans permis de travail valides. Nous réclamons que le ministère du Travail engage des poursuites contre cet employeur. Nous ne resterons pas les bras croisés. Les recommandations du comité interministériel ne protègent pas ces travailleurs. Ce n’est pas le changement que le peuple attendait », s’indigne le syndicaliste.
Il a ajouté qu’en laissant cette situation perdurer, la demande de main-d’œuvre étrangère continuera d’augmenter, au détriment des Mauriciens. « Avec le recul de l’âge de la retraite à 65 ans, beaucoup de jeunes préfèrent quitter le pays. Nous supprimons les quotas d’embauche pour les étrangers, mais nous ne les protégeons même pas. C’est une véritable boucherie, un Murder ! Zot pe asasine travayer etranger dan Moris ! » dénonce-t-il.
Enfin, Reeaz Chuttoo a profité de l’occasion pour évoquer la Journée internationale des aînés, célébrée mercredi. Il a fait ressortir que depuis 2024, la CTSP tente en vain d’obtenir une rencontre avec le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, concernant la situation au foyer Trochetia. « Les conditions de travail du personnel y sont déplorables, et cela a un impact direct sur la qualité des soins prodigués aux aînés », a-t-il conclu.