« Les premiers rêves ne doivent jamais être hors de portée »

À Maurice, la jeunesse est entravée dès la petite enfance. La pauvreté s’attaque aux chances de réussite de l’enfant avant même l’entrée à l’école primaire, des ONG comme le Mouvement Forces Vives Quartier E.D.C de Rose-Belle refusent la fatalité et investissent dans l’éducation dès la petite enfance, à travers des campagnes portées par Small Step Matters.org.

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Dans les « cités » de Maurice, la pauvreté fragilise durablement l’égalité des chances des jeunes dès leur plus tendre enfance. Le Mouvement Forces Vives, Quartier E.D.C., Rose-Belle, également connu comme Atelier Sa Nou Vize, tire la sonnette d’alarme. Notre projet de pré‑primaire L’Atelier des Premiers Rêves propose ainsi une réponse structurante, face aux challenges posés par la précarité sociale.

Rose-Belle, Résidence-Bethléem (ou cité E.D.C). Il est 7 h 30 du matin lorsque les premiers enfants franchissent les portes de L’Atelier des Tout‑Petits, la crèche solidaire de l’association. Certains sont endormis, d’autres encore arrivent pieds nus. Ici, dès les premières heures du matin, la journée commence par un combat contre des peines invisibles : la faim, le bruit, l’instabilité familiale dont ils sont issus. Au cœur de ces ruelles de maisons en tôles aux murs érodés, L’Atelier Sa Nou Vize, fondé il y a 15 ans, travaille à rebâtir les fondations sociales fragilisées par la pauvreté, en concentrant ses efforts sur les premières années de vie, où les inégalités se creusent déjà.

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Le cercle vicieux des cités oubliées

À Maurice, les « cités » sont souvent stigmatisées comme des zones de relégation sociale marquées par le chômage, la délinquance et l’échec scolaire. Elles abritent pourtant des milliers d’enfants invisibles dans les statistiques officielles, qui ne prennent pas en compte leurs difficultés spécifiques (illettrisme des parents, manque d’ouverture sur l’anglais et le français…). Le manque de revenus s’accompagne de l’absence de perspectives éducatives, d’écoute et de soutien psychologique pour conquérir la confiance en eux, l’aisance pour s’exprimer…. À la maison, on ne lit pas. On survit. Les familles monoparentales sont nombreuses ou les pères souvent absents. Selon des rapports internes de notre ONG, et un constat dressé par notre assistante sociale, nos Carers et nos enseignants, beaucoup d’enfants arrivent à la crèche avec des retards de langage, des troubles de motricité et des difficultés de socialisation.

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Une violence sociale silencieuse

Le problème est systémique. Un enfant, né dans la précarité, commence sa vie avec un handicap invisible. Ce handicap réduit les chances d’accès à la santé au sens holistique du terme, à l’éducation, à la stabilité sociale. Ayant grandi dans la cité, j’ai vu moi-même se briser des talents parmi des enfants grandissant au sein de familles fragilisées. Mon engagement repose sur une connaissance intime du terrain et ma conviction profonde en la capacité de transformation de chaque être humain, y compris des plus jeunes citoyens de notre pays, dès la petite enfance.

Héritage sociohistorique des anciens « estates » CHA

Derrière les cités que nous connaissons aujourd’hui se trouvent de nombreux anciens estates gérés par la Central Housing Authority (CHA). Les familles logées dans ces quartiers planifiés dans les années 1960 et 1970 ont « subi » des logements construits sans vision durable ni urbanisme inclusif. Entre 2001 et 2012 *(https://lexpress.mu/s/article/399167/housing-crisis-states-poor-delivery-social-accommodation), les gouvernements successifs n’ont livré que 5 684 unités contre près de 20 000 demandes, aggravant un déficit structurel majeur. Ces logements, souvent mal situés, peu desservis par les transports en commun,  ont favorisé l’enfermement social. Une étude d’ATD Fourth World démontre que ces « bénéficiaires » du logement social subissent des échecs scolaires plus fréquents malgré la gratuité de l’école primaire, en lien direct avec la qualité de leur logement, du suivi scolaire et des discriminations quotidiennes.* https://www.atd-fourthworld.org/housing-and-education-in-mauritius/

Selon une recension académique sur la politique de logement à Maurice, l’héritage post‑colonial marque encore aujourd’hui un accès inégal au foncier, où les anciennes communautés esclavagisées (majoritairement créoles) se retrouvent en périphérie des projets urbains, éloignées des services essentiels, enfermées dans des ghettos urbains sans perspective d’élévation. Les logements CHA n’ont pas résolu l’exclusion, ils l’ont parfois institutionnalisée. *https://doi.org/10.1016/j.habitatint.2015.12.018

L’Atelier des Premiers Rêves, un préprimaire innovant

Dans la continuité de notre crèche de L’Atelier des Tout‑Petits, L’Atelier des Premiers Rêves vise à offrir un enseignement préscolaire aux enfants de trois à cinq ans. Ce préprimaire proposera un programme pédagogique structuré, un accompagnement familial ainsi qu’un suivi psychologique. Le projet répond aux standards nationaux et internationaux de la petite enfance, tout en étant ancré dans le tissu local, bâti au cœur de la « cité ».

Nous voulons un lieu où l’enfant se sent reconnu et encouragé. L’approche intégrée associe éducateurs qualifiés, assistantes sociales et psychologues avec une attention particulière aux parents et à la communauté. Objectif : rompre très tôt avec les dynamiques sous-jacentes de reproduction sociale.

Des chiffres préoccupants mais une approche pertinente

Près de 40 % des enfants de moins de cinq ans issus des zones pauvres n’ont jamais fréquenté un centre préscolaire de qualité. La première phase de notre projet est prévue pour 30 enfants pris en charge par une équipe professionnelle. Le budget estimé d’environ 1,5 million de roupies couvre locaux, formation, matériel pédagogique et nutrition. Le projet est prêt sur le plan technique, ce sont les financements qui manquent. Aujourd’hui,  un appel urgent est lancé en direction de partenaires institutionnels, de la société civile et des citoyens. Notre souhait : inaugurer l’Atelier des premiers rêves lors de la Journée mondiale du Refus de la Misère le 17 octobre prochain ! Un cadeau envers les enfants et leur famille. Un engagement fort, concret du refus de la misère.

• Atelier Sa Nou Vize tel : 627-9490 / 627-9553 ou atelier@sanouvize.org

• Suivez nous sur notre page Facebook : Atelier Sa Nou Vize

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Connect’ONG : appel à la solidarité à travers Small Step Matters

L’appel des membres de l’Atelier Sa Nou Vize visant la rénovation ou l’achat du bâtiment de l’Atelier des premiers rêves : « Chers compatriotes, à ce stade, la campagne de crowdfunding sur la plateforme Small Step Matters.org a permis un soutien généreux, nous vous en sommes profondément reconnaissants. Aujourd’hui, notre priorité est différente : il s’agit de financer la rénovation du bâtiment que nous louons, ou d’envisager l’acquisition définitive de ce lieu, qui accueillera l’Atelier des Premiers Rêves.

Nous faisons appel à vous pour soutenir cette étape cruciale. L’achat ou la rénovation garantira une stabilité à long terme pour les enfants de la cité E.D.C., permettra d’aménager des salles adaptées, renforcera l’isolation, sécurisera l’accès et pérennisera les services. Il en va de l’avenir de centaines de familles.

Votre soutien, même modeste, contribuera à garantir que la petite enfance ne soit plus dépendante de donations pour répondre aux besoins urgents, mais qu’elle soit soutenue comme un véritable pilier d’égalité des chances. Nous faisons appel à la conscience collective des citoyens, aux Mauriciens de la diaspora, aux entreprises, aux mécènes institutionnels, au club service (Rotary, Lions Club…), afin que ce préprimaire devienne un lieu de renouveau, un lieu de dignité pour chaque enfant.

Dans un pays où la réussite est célébrée comme individuelle, la pauvreté demeure comme honteuse. Mobilisons-nous à travers la fonctionnalité Connect’ONG de Small Step Matters.org pour restaurer le rêve collectif d’égalité des chances et d’ascension sociale liée au mérite. Il est urgent de renverser la perspective actuelle. On rencontre des mères courage, des enfants débrouillards, des familles solidaires dans notre quartier et dans chaque quartier de Maurice. La misère n’est pas une faute individuelle, elle traduit plutôt une défaillance collective. L’Atelier des Premiers Rêves s’inscrit dans une vision de justice sociale, réparant ce qui a été délaissé et permettant à chaque enfant de grandir dans la dignité. 

La plateforme solidaire Small Step Matters.org représente un levier pour l’action collective à l’échelle nationale, voire internationale, avec la possibilité de transfert depuis l’étranger sur un compte IBAN et de paiement visa (mis en œuvre de manière sécurisée grâce à MIPS). À travers sa nouvelle fonctionnalité Connect’ONG, Small Step Matters constitue le moteur opérationnel des projets communautaires, comme celui de la pré-primaire à Rose-Belle. La plateforme, reconnue comme institution charitable par la MRA, invite chaque citoyen, chaque entreprise à contribuer. Les contributions donnant lieu à des reçus CSR.  Chaque don permettra d’acquérir des matériaux pour la rénovation, de financer les repas, de soutenir les salaires ou d’assurer le suivi parental. Cette campagne est également un appel conscient de société à reconnaître que l’éducation préscolaire est le fondement de l’égalité des chances.

L’objectif est l’ouverture du préprimaire dès l’année prochaine dans la cité E.D.C. à Rose-Belle puis la duplication du modèle ailleurs. Chaque petit pas compte. Ensemble, nous pouvons agir dès aujourd’hui sur la vie d’un enfant pour transformer l’avenir d’une communauté. Les premiers rêves ne doivent jamais être hors de portée »

• Small Step Matters tel : 57148485 ou manager@smallstepmatters.org

HYPERLINK « http://www.smallstepmatters.org » www.smallstepmatters.org

ALAIN AURIANT 

Directeur de L’Atelier

Sa Nou Vize (Mouvement

Forces Vives, Quartier E.D.C.,

Rose-Belle)

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