Face à la presse, aux côtés du ministre des Sports, ce vendredi 10 octobre, les athlètes mauriciennes de para-athlétisme Noemi Alphonse et Anaïs Angeline, revenues des Championnats du monde 2025, n’ont pas mâché leurs mots. Elles dénoncent les lacunes persistantes de l’encadrement sportif, qu’elles jugent loin du niveau mondial exigé par leurs performances. Les deux championnes alertent sur le fait que la santé et la carrière de l’élite mauricienne sont compromises par un manque de soutien structurel et financier.
Championne du monde du 100 m T54, Noemi Alphonse a exprimé sans détour son désarroi, « ena dimoun ki la me ki pa sipoze la. Nous aurions souhaité que tous ceux qui étaient aux championnats du monde soient présents aujourd’hui. Fode pa guet de lizie. Cette année a été très difficile pour nous. Nous avons des titres à défendre, ne nous oubliez pas », a-t-elle lancé.
“Pourquoi pousser les athlètes à aller chercher leurs qualifications pour les Championnats du monde, pour ensuite leur dire qu’il n’y a pas de sous pour les y envoyer une fois qualifié?”, interroge Noemi Alphonse, précisant que “la plupart des athlètes s’entraînent à plein temps, avec le sport comme gagne pain, et lorsqu’on ne participe pas à des compétitions, au delà de six mois, notre high level (le soutien financier aux athlètes) est réduit ou supprimé. Étonnamment lorsque le ministère est interrogé à ce sujet, la réponse est qu’ils n’ont pas participé à des compétitions, compétitions que le ministère aura lui-même refusé d’y envoyer les athlètes “faute de financement”. “Il faut y avoir une logique”, lance-t-elle.
Elle déplore notamment le manque de fonds avant leur départ, les dépenses personnelles engagées et les manquements répétés au sein du ministère. Un point partagé par Anaïs Angeline, vice-championne du monde en saut en longueur qui confie avoir ressenti beaucoup de doutes et de craintes avant de s’envoler pour les championnats. « Nous avons persévéré, merci à nos coachs », a-t-elle ajouté.
En réponse, le ministre des Sports Deven Nagalingum reconnaît les difficultés et promet des mesures concrètes : « Le gouvernement a hérité d’une situation catastrophique, me nou’nn lager pou gagn plis ek nou pe kontyn fer demann. »
Il soutient l’importance de la création d’un fonds spécial pour soutenir les athlètes et admet qu’« il aurait été injuste de ne pas envoyer ces athlètes qualifiés ». « Zot inn fer nou fierte », a-t-il déclaré, saluant leurs exploits.
La junior minister Karen Foo Kune abonde dans le même sens et évoque une réforme en profondeur du secteur : « le changement que nous souhaitons apporter passera par le Sports Act, qui prendra aussi en compte l’après-carrière des athlètes. Ils doivent savoir qu’un plan existe pour eux ».
« Nou pa kapav bizin lager tou letan », soutiennent également les membres de la Mauritius Paralympic Committee (MPC), appelant le ministère à mettre en place une structure solide et durable pour l’encadrement de l’élite sportive mauricienne.