Octobre Rose revient comme un rappel fort : le cancer du sein et celui du col de l’utérus continuent de toucher de nombreuses femmes à Maurice. Derrière les statistiques se cachent des vies, des histoires de courage, de douleur et d’espoir. La prévention demeure, plus que jamais, la meilleure arme pour sauver des vies.
Apprendre qu’on a un cancer bouleverse une vie c’est ce qu’a vécu Héléna Reich, son histoire commence en décembre 2015, à la veille de son anniversaire. En jouant avec sa petite-fille, un geste maladroit, un léger coup à la poitrine, puis une douleur. En touchant la zone, elle sent une petite boule. Sur le moment, elle ne s’inquiète pas. Les fêtes approchent, les rendez-vous médicaux peuvent bien attendre, pense-t-elle. Mais sa meilleure amie, alertée par son récit, refuse d’attendre. Sans perdre de temps, elle prend rendez-vous pour Héléna à la clinique Wellkin.
En janvier 2016, la nouvelle tombe : cancer du sein. Ce jour-là, la nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre, un ciel qui s’effondre. Elle se souvient de ce moment avec émotion, la voix serrée ; ce fut le début d’une tempête intérieure. Les jours se sont ensuite enchaînés entre consultations, traitements et séjours à la clinique. Ce n’est qu’au moment de rentrer chez elle qu’Héléna a pris pleinement conscience de ce qu’elle venait de traverser. « J’avais encore un peu d’espoir. Je me disais qu’ils n’allaient peut-être pas faire d’ablation. Puis, le silence… la voix crispée, il y a eu des moments où je craquais. Je criais seule devant mon miroir, surtout la première fois que j’ai vu la cicatrice », confie-t-elle, émue.
Avec le temps, Héléna a appris à s’accepter, à se reconstruire. L’aide d’une psychologue et de sa famille l’a soutenue dans cette montée difficile. « J’ai accepté de vivre sans avoir un sein. Le plus important, c’était d’être en vie. Aujourd’hui, j’apprécie chaque instant, tout ce que le Tout-Puissant m’a laissé », dit-elle avec sérénité.
Le suivi médical fait désormais partie de sa vie. « Je ne manque jamais mes rendez-vous. C’est vital. Le fait de savoir que je suis suivie, que les médecins veillent sur moi, me rassure et me donne la force d’avancer. »
“La vie continue, et elle est belle”
« La vie continue, et la vie est belle et c’est à nous de la rendre belle », confie Héléna Reich. Après les épreuves, elle a choisi de cultiver la paix intérieure. La méditation, la pratique du chakra et l’ecriture l’aident à surmonter ses moments de fragilité émotionnelle.
Aujourd’hui, Héléna projette une image positive d’elle-même. « Ce que je renvoie, les gens le ressentent. Si je choisis la joie, c’est la joie qu’ils verront. »
Elle aime sortir, chanter, danser, profiter de la vie. Les soirées karaoké sont pour elle une bouffée d’air. « J’aime être coquette, prendre soin de moi. Personne ne peut deviner que j’ai eu le cancer, et c’est très bien ainsi. Je ne suis pas une ”Wonder Woman”, mais j’ai appris à apaiser mes sautes d’humeur, à me recentrer », dit-elle
« La féminité ne se résume pas à un sein. Ce n’est pas la Bible de la féminité », affirme avec conviction Héléna Reich. Pour elle, subir une ablation ne signifie pas perdre sa féminité. Au contraire, elle a appris que la vraie féminité réside dans la manière de prendre soin de soi, de s’aimer et de se respecter. « Se sentir belle, être complimentée, se coiffer, se maquiller, s’habiller, tout cela fait partie d’un processus de La féminité, c’est ce que l’on dégage, pas ce que l’on a perdu », ajoute-t-elle.
Derrière chaque diagnostic, il y a aussi des histoires de guérison et de renaissance. Malgré les épreuves, la vie reste précieuse et belle. Héléna Reich insiste sur l’importance d’être attentive au moindre changement, au moindre signe que le corps envoie. « Il faut se palper. Ce n’est pas une honte, c’est un geste pour soi-même, il ne faut jamais hésiter à consulter un médecin, à demander un avis ». La prévention sauve des vies. C’est, pour moi, le vrai mot d’ordre de la vie.
