L’eau n’est plus verdâtre, mais a retrouvé un bleu éclatant en temps ensoleillé. Les grenouilles ont eux, disparu. Sauf que, 10 mois après les promesses du ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum, la piscine de Mare d’Albert est toujours fermée pour des travaux ! Conséquences : les clubs du Sud ne sont pas en mesure de participer aux compétitions de la Fédération mauricienne de natation (FMN) ! Pire, New Grove Swimming Club, par la voix de son président, Sanjay Sarju, affirme avoir perdu plusieurs de ses nageurs élites, faute de pouvoir leur offrir une structure d’entraînement. C’est pour cette raison qu’il a adressé une correspondance, en fin de semaine, au Mauritius Sports Council, avec copie au ministre Nagalingum, face à l’urgence de la situation.
Le ministre s’était offusqué après que Maurice eut remporté que deux médailles d’or aux Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien, en août dernier aux Seychelles. « On ne peut être continuellement dominé de cette façon, alors que Maurice est entourée par la mer », disait-il ! Et pourtant, les jeunes du Sud sont privés, depuis plus d’une année, d’un outil indispensable qu’est la piscine de Mare d’Albert, alors qu’il avait pourtant promis une réouverture dans le plus bref délai.
Pour Sanjay Sarju, l’enthousiaste du 3 janvier dernier, a laissé place à la désolation. En effet, le ministre Nagalingum, alors accompagné des deux élus de la circonscription No. 12, nommément Tony Apollon et Kevin Lukeeram, avait effectué, comme promis, une visite des lieux, d’où la décision de fermer cette infrastructure pour de gros travaux. Deven Nagalingum avait même annoncé une réouverture dans le cadre d’une compétition, en marge des célébrations du 12 mars, marquant la fête de l’indépendance.
De l’espoir à la désolation
S’il est compréhensible que la crise d’eau et les restrictions ont retardé les travaux, en revanche, 10 mois après, la situation tourne toujours au ralenti. « Nous avions repris espoir après la visite du 3 janvier, d’autant que, sous l’ère du MSM, nos élus n’étaient pas intéressés à nos problèmes », fait-il ressortir. Alors que pourtant, la circonscription comptait un ministre des Sports (Stephan Toussaint), celui des Infrastructures Publiques ! (Bobby Hurreeram) et le Chief Whip (Kavi Doolub).
Au fil des mois toutefois, l’espoir a laissé place au découragement. « Ce qui nous désole, c’est que nous avions commencé à bâtir sur du concret, à avoir de bons nageurs », explique le président de New Grove SC. Malheureusement, une chaudière non-fonctionnelle pendant deux ans, a drastiquement réduit le nombre de pratiquants.
Vint ensuite la fermeture de juin 2024, les élections générales et l’arrivée de Deven Nagalingum à la tête des Sports. Une situation qui n’a pas amélioré la situation, puisque des nageurs ont immigré ailleurs, afin de rester compétitifs. « Ce sont des jeunes que nous avons vu grandir et que nous avons aidés à progresser. Nous n’avons cependant pas eu d’autres choix que de les laisser partir dans l’intérêt de la discipline », avance-t-il.
Cette situation a, qui plus est, fortement pénalisé le club, puisqu’il a été incapable d’aligner des nageurs en compétition, depuis pratiquement une année. Et forcément, affirme Sanjay Sarju, il va falloir tout reprendre à zéro. « Ne pas nager pendant tout ce temps, entraîne la perte des repères, de la technique et de la condition physique. »
Le pire, selon lui, « c’est que nous n’avons aucune visibilité. Nous sommes déjà à la mi-octobre et les enfants seront bientôt en vacances. Nous avons les mains liées en l’absence d’une piscine pleinement fonctionnelle. Cela nous fend le cœur en pensant à tous ces jeunes privés de natation, mais aussi à leurs parents qui font d’énormes sacrifices pour permettre à leurs enfants de pratiquer une activité saine ! », se désole Sanjay Sarju.
Une promotion d’écoliers pénalisée
Ce qui est encore plus dramatique, c’est que les élèves de la Grade 3 n’ont pu apprendre à nager cette année. « C’est une génération qui ne connaîtra pas les bases par le biais de la natation scolaire. Nous sommes entourés par la mer et il est très important que nos concitoyens sachent nager. Ce ne sera malheureusement pas le cas pour les écoliers du sud de la Grade 3 ! », dit-il tout en rappelant que cette piscine aide aussi les autrement capables, les dames et les personnes âgées.
Face à l’urgence de la situation Sanjay Sarju a écrit au MSC, avec copie au ministre Nagalingum, en espérant que les choses bougeront dans la bonne direction. « Il y a l’électricité à refaire, la plage et ses carrelages, les gradins qui sont toujours privés de sièges. Est-ce que ce sera fait d’ici la fin de l’année ? Je ne le sais pas, mais ce dont j’en suis sûr, c’est que la situation a pris une tournure dramatique. Il est donc très important que la piscine reprenne vie, afin que les fléaux ne prennent pas le pas sur le sport et la natation », conclut-il.